Le grand cahier d’Agota Kristof

Dans le roman Le grand cahier d’Agota Kristof, les jumeaux exposent leur réserve à pencher vers la fiction comme présenté dans cet extrait :

-Quel genre de livres aimeriez-vous lire?

-Des livres d’histoire et de géographie. Des livres qui racontent des choses vraies, pas des choses inventées.

En évitant de lire des histoires ou des romans, ils peuvent fabriquer leurs propres idées du monde où ils vivent. Les jumeaux ne veulent pas s’identifier à ni l’un ni l’autre des groupes qui les entourent. Dans L’espèce fabulatrice, l’Arché-texte est, au contraire de l’attitude des jumeaux, d’adhérer sans réserve aux fictions afin d’accroître son identité. C’est se coller exclusivement à la réalité de sa communauté donc, voir les choses à la manière de celle-ci et voir la réalité des autres comme si elle n’était pas bonne, qu’elle était mal. L’Arché-texte c’est de s’associer à une communauté ou de la créer, mais cela implique aussi de se placer en concurrence avec les autres. S’ils veulent survivent, les jumeaux, quant à eux, ne peuvent pas se permettre de catégoriser les gens simplement de bonne ou de mauvaise personne.

Les jumeaux doivent leur survie qu’à eux-mêmes. Ils ne font partie d’aucun cercle concentrique qui leur permettrait d’être en sécurité. Ils ont écrit dans le cahier :

Les grands enfants attaquent souvent les plus petits. Ils leur prennent tout ce qu’ils ont dans les poches et parfois même leurs vêtements. Ils les battent aussi, surtout ceux qui viennent d’ailleurs. Les petits d’ici sont protégés par leur mères et ne sortent jamais seuls.

Nous ne sommes protégés par personnes.

Dans cet extrait, on remarque que les jumeaux ne font partie d’aucun groupe, clan, armée ou famille. Le grand cahier est un anti-Arché-texte car l’objectif de l’Arché-texte, c’est d’être dans une communauté, de se fonder sur les fictions de celle-ci (des récits, romans, histoires, religions, politiques, etc.) pour bâtir son Moi. Par conséquent, les deux frères s’en excluent. Leur Moi (Même) est construit sur des vérités et il ne se laisse pas dominer par le Nous. Dans ce sens, les garçons sont libres et capables de résister à l’Arché-texte effrayant qu’est la guerre et cela, grâce à leur Moi (Même) qu’ils respectent et suivent strictement.

Le roman La servante écarlate représente exactement ce que Nancy Huston définit de roman moderne.

Contrairement à nos fictions religieuses, familiales et politiques, la fiction littéraire ne nous dit pas où est le bien, où est le mal. Sa mission éthique est autre : nous montrer la vérité des humains, une vérité toujours mixte et impure, tissée de paradoxes, de questionnements et d’abîmes. (Dès qu’un auteur nous assène sa vision du bien, il trahit sa vocation romanesque et son livre devient mauvais.)

Margaret Atwood a bien réussi à pousser notre réflexion sur la condition des femmes et leur infériorité face aux hommes. Elle montre la réalité que plusieurs femmes vivant dans des communautés chrétiennes ont vécus il y a peu de temps. Cette réalité peut également se constater actuellement en observant quelques branches de l’islamisme et d’autres religions. L’auteure évoque de belle façon l’opinion

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