Le Grand Cahier

Analyse litteraire : Le grand cahier

KATHERINE POULIN

1. Démontrez que la langue des jumeaux est un outil à double tranchant.

Les jumeaux du livre Le grand cahier ont un vocabulaire beaucoup plus évolué que celui des autres jeunes de leur âge. Cet aspect unique, qui les rend maginaux, est, en fait, un outil à double tranchant. Alors que leur façon de s’exprimer leur permettre d’être pris plus au sérieux par les adultes de leur entourage, celle-ci provoque également chez certains la peur.

Par exemple, le libraire (à la page 31) démontre clairement que la langue des jumeaux suscite chez lui l’effroi :

« — (…) Et d’abord, pourquoi vous ne pouvez pas parler normalement?

— Nous parlons correctement.

— Trop correctement, oui. Je n’aime pas du tout votre façon de parler! Votre façon de me regarder non plus! Sortez d’ici! »

Leur vocabulaire leur assure aussi une certaine crédibilité.

Par exemple, lorsqu’ils font du chantage au curé à la page 70 afin que celui-ci donne de l’argent à Bec-de-Lièvre, le vocabulaire qu’ils emploient leur est favorable. En effet, je ne crois pas que le curé aurait pris au sérieux les menaces des jeunes s’ils ne savaient pas aussi bien s’exprimer, et démontrer leurs intentions aussi clairement.

2. Montre que la sexualité est le reflet du caractère des personnages.

▪Le caractère de Bec-de-Lièvre est reflété à travers ses pratiques sexuels. En effet, B-d-L semble être une personne qui ne pense qu’à s’amuser, et cela sans se poser des questions éthiques et sans se soucier des conséquences de ses actes. Cet aspect de sa personnalité est bien représenté par le fait qu’à la fin du roman, elle « baise» avec une quinzaine de militaires. Sa mère témoigne : « Et pendant qu’ils lui passaient dessus, elle n’arrêtait pas de crier : ‘‘Comme je suis contente, comme je suis contente! Venez tous, venez, encore un, encore un autre!’’» Au cours de cet acte, elle s’amusait, mais ne se souciait pas de ce que cela allait engendrer, c’est-à-dire la mort.

De plus, cette jeune fille semble être en grand manque d’amour venant de la part d’humains, et semble affectée par le rejet des autres. C’est pourquoi elle fait l’amour avec un chien, une bête. « Il n’y a que les bêtes qui m’aiment. » ( citation de B-d-L, p.40) Elle n’est pas belle, elle «dégoûte» les autres humains; elle est certaine de ne pas se faire rejeter pour cette raison par un chien.

▪ Des aspects de la personnalité de la servante du curé sont aussi reflétés par ses pratiques sexuelles. En effet, la servante a des rapports sexuels avec les jumeaux, il s’agit de pédophilie. La servante souffre en fait de l’absence d’enfants ( elle a toujours voulu en avoir, mais il est impensable d’avoir des enfants en temps de guerre) et d’un homme dans sa vie. Elle compense donc ce manque d’amour du sexe opposé et de la part d’enfants et satisfait ses désirs sexuels par ses pratiques avec les jeunes jumeaux. Sa vie sexuelle met donc en relief cet aspect du caractère du personnage.

3. Les consequences de la guerre démontrées :

▪ «Il y a bien des gens qui meurent de faim.» (p.72)

▪ « Avant la guerre, elles ( B-d-L et sa mère) vivaient de charité. Les gens leur donnaient de vieux habits, de vieux souliers. Ils leur apportaient à manger. Maintenant, personne ne donne plus rien. Les gens sont tous pauvres ou ils ont peur de le devenir. La guerre les a rendus avares et égoïstes. » (p.72)

▪ Les jeunes n’allaient plus à l’école.

▪ La guerre a fait des blessés. Nous en avons la preuve, à la page 95, lors du premier spectacle des jumeaux dans une cave aménagée en buvette. En effet, il y a un homme à qui il manque un bras et un autre paralysé du bras, des jambes et de tout le reste.

▪La guerre a bien evidemment causée la mort d’un grand nombre de personnes donc des innocents. Nous en avons la preuve, entre autres, à la page 134 ( le camp de concentration brûlé).

▪ « Tout le monde manque de tout. » (p.147)

▪ Le monde devait abandonner leurs habitations pour fuir ( Chapitre « La fuite » p.132) et des familles été séparées (par exemple, les jumeaux ont dus être séparés de leur mère pour fuir en campagne chez leur grand-mère).

4. Montrez que les jumeaux agissent selon leur propre moral.

Les jumeaux ont démontré, au cours du roman, qu’ils agissent selon leurs propres principes :

▪ Ils n’hésiteront jamais à donner à ceux qui en ont ABSOLUMENT besoin, pas nécessairement par charité et gentillesse, mais par principe.

Par exemple, alors qu’ils fournissent de la nourriture et une couverture à un déserteur (p.44), ils disent : « Nous ne voulions pas être gentils. Nous vous avons seulement apporté ces objets, car vous en aviez absolument besoin. C’est tout. » Un autre exemple de l’application de ce principe est à la page 36, alors que les jumeaux rencontrent Bec-de-Lievre pour le premiere fois. Ils la surprennent en train de prendre du lait de leur vache et ils savent qu’elle a très faim. Sachant qu’elle nécessite absolument de la nourriture, ils lui disent : « Et s’il te faut quelque chose pour ta mère ou pour toi, tu n’as qu’à nous le demander. Nous te donnerons des fruits, des légumes, des poissons, du lait. »

▪ Ils sont prêts à tout pour parvenir à leurs fins, que cela implique le mensonge, la menace, le chantage ou même le meurtre.

Par exemple, les jumeaux n’hésitent pas faire recourt au chantage pour forcer le curé à donner de l’argent à Bec-de-Lièvre et sa mère ( p. 70) :

« Le curé s’assied sur une chaise, s’éponge le visage avec un mouchoir.

—C’est monstrueux. Savez-vous seulement ce que vous êtes en train de faire?

— Oui, monsieur. Du chantage.

— À votre âge… C’est déplorable.

— Oui, il est déplorable que nous soyons obligés d’en arriver là. Mais Bec-de-Lièvre et sa mère ont absolument besoin d’argent. »

Un autre extrait

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