Le Voyageur Sans Bagage (Jean Anouilh) : analyse du tableau II

D'un point de vue théâtral, cette scène est intéressante car les cinq domestiques discutent derrière un trou de serrure de porte en s’obstinant à tenter de le reconnaître et à parler de ses actions passées dans la famille.Le regard n’est pas porté sur l’action principale de Gaston entouré des Renaud dans le salon mais il met en lumière des personnages qui regardent cette action principale.

Cette scène, centrée sur le trou de serrure de la porte où chacun cherche à observer, permet en fait de décrire la personnalité de Jacques et des histoires passées dans la famille des Renaud.

En changeant de personnes dans ce deuxième tableau, on change complètement de milieu social car les personnages sont présentés selon leur métier, leur fonction dans la maison et peu (à part Juliette et Monsieur Jules) par leur nom. Les personnages utilisent un langage familier (« ça bardait », « mon vieux », « ça sortait de là », « ça venait de vomir », « petit coco ») voire même grossier (« salaud », « sale gueule »). Ils vont même jusqu’à faire des fautes de français en parlant de l’amnésie de Gaston (« ils me font rigoler avec leur « mnésie » ») et des erreurs de grammaire (« pourquoi que »).

Les domestiques présentent Jacques d’une façon très négative. Jacques est présenté comme malhonnête (« l’histoire des cinq cent mille balles »), comme quelqu’un d’ivrogne (« reniflant le vin à trois mètres »), assez supérieur et peu respectueux (« ce qu’il a pu me faire poireauter », »c’était ton patron. Tu lui cirais ses chaussures »), comme quelqu’un de violent avec sa mère et avec les domestiques (« quand il a levé la main », « pour lui frotter les oreilles ou le botter ») et celui qui a pris comme maîtresse Valentine, la femme de son frère. Les domestiques évoquent les histoires et problèmes qu’il a provoqués (« l’histoire avec le fils Grandchamp, l’histoire Valentine, l’histoire des cinq cent mille balles et toutes celles que nous ne connaissons pas …»). Les domestiques dénigrent tous Jacques et ne l’appréciaient pas à l’exception de Juliette qui prend sa défense tout au long du tableau.

Juliette est , quant à elle, la seule qui défend Jacques, elle semble contente de le revoir et veut se présenter jolie à ses yeux. On peut soupçonner que Jacques a eu une aventure avec celle-ci car son mari actuel, le valet, sous-entend et évoque une possible liaison (« pourquoi que tu soupires depuis que tu sais qu’il va peut-être revenir ? », « Moi ? Pour rien. Pourquoi que tu t’arranges dans a glace «  (…) « tu es sûr que c’était ton vrai premier »)

Les domestiques décrivent ainsi ce qui se déroule derrière la porte entre Gaston et les Renaud. Gaston est le centre de l’attention des membres de la famille, analysé comme « une bête curieuse » et un certain malaise semble régner dans la pièce (« ne sait plus où se mettre »). Gaston en a «assez des questions » et se met en retrait dans la pièce. La tension dans le salon diminue et les Renaud semblent plus délicats et lui « montrent des photographies ». La scène qui se déroule derrière la porte est décrite au tout début du tableau, puis les discussions entre les domestiques prennent le pas sur ce qui se passe dans le salon et

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