Le Soleil Des Scorta De Laurent Gaudé

Analyse de l’incipit : « la chaleur du soleil …jusqu’au bout » pp.11-12

Problématique : En quoi l'incipit inscrit-il le récit romanesque dans un registre tragique avec l’arrivée du personnage fondateur de la famille Scorta ?

Introduction :Ce texte est un extrait du Soleil des Scorta de Laurent Gaudé, publié en 2004. Laurent Gaudé est un écrivain contemporain passionné par l'Italie. Cet extrait se situe au début du roman, dans le premier chapitre « les Pierres chaudes du destin ». C’est l’incipit romanesque qui doit informer le lecteur des informations indispensables pour la bonne compréhension de la suite du roman.

Nous nous demanderons en quoi cet incipit inscrit ce roman dans une tonalité tragique. Tout d'abord, nous verrons la mise en place d'une atmosphère, d’un décor tragique sous un soleil de plomb. Ensuite, nous analyserons la mise en place d'une fatalité, d’un destin, celui du fondateur de la famille Scorta, Luciano Mascalzone.

Analyse :

I ) Mise en place d'une atmosphère tragique, d’un décor où le soleil règne

a) le maître du pays : le soleil de plomb implacable

-prédominance et toute puissance du soleil : une force supérieure, tragique, qui écrase tout, la terre comme les hommes. Nous sommes dans le sud de l’Italie (les Pouilles) en plein mois d’août, le mois le plus chaud de l’année, « le mois d’août pesait sur le massif du Gargano avec l’assurance d’un seigneur », au plus fort de la chaleur « il était deux heures de l’après midi ». Le soleil est implacable et domine le pays sans partage ! Pas un souffle de vent pour rafraîchir l’air «Pas un souffle de vent ne faisait frémir les oliviers ».

-champ lexical de la douleur, de cette terre qui souffre sous les coups du soleil implacable : "fendre la terre", " la terre était condamnée à brûler", « la pierre gémissait de chaleur » « le soleil peut bien tuer tous les lézards de la colline » « la terre peut siffler et mes cheveux s’enflammer »

-métaphore : "fendre la terre" - rien ne résiste au soleil ! Image d’une chaleur torride, caniculaire, qui sèche et crevasse la terre.

- personnification du pays pour accentuer la souffrance causée par le soleil : "gémir", "condamner à brûler "= châtiment et souffrance !

-paysage austère, sans mouvement, « pas un souffle de vent », « immobile », des terres arides, sans pluie, ce qui est souligné par la reprise « Il était impossible de croire…Impossible de croire… », un univers hostile, sans eau « impossible de croire qu’il avait pu pleuvoir », sans vie « impossible de croire q’une vie animale ou végétale ait pu trouver (…)de quoi se nourrir »

-un soleil qui condamne aussi le personnage, l’empêche de réfléchir : « Hébété de chaleur. », qui fait disparaître tout langage « des mots qui s’évaporaient dans la chaleur ».

- l’écriture rend compte de la chaleur du soleil dans sa syntaxe : phrases simples, courtes, juxtaposées, sans mots de liaison, avec des répétitions qui sont autant de figures d’insistance pour ce soleil implacable.

b) Un chemin et un âne qui mènent le personnage vers sa destinée

- ce n’est pas l’homme sur sa monture qui est décrit en premier, mais la monture, l’âne, premier mouvement décrit dans ce tableau immobile sous ce soleil de plomb ! - cet âne "suivait chaque courbe de la route,

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