LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Le Rouge Et Le Noir Excipit

Note de Recherches : Le Rouge Et Le Noir Excipit. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  5 Avril 2014  •  2 040 Mots (9 Pages)  •  1 562 Vues

Page 1 sur 9

1

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50

Le mauvais air du cachot devenait insupportable à Julien. Par bonheur, le jour où on lui annonça qu’il fallait mourir, un beau soleil réjouissait la nature, et Julien était en veine de courage. Marcher au grand air fut pour lui une sensation délicieuse, comme la promenade à terre pour le navigateur qui longtemps a été à la mer. Allons, tout va bien, se dit-il, je ne manque point de courage.

Jamais cette tête n’avait été aussi poétique qu’au moment où elle allait tomber. Les plus doux moments qu’il avait trouvés jadis dans les bois de Vergy revenaient en foule à sa pensée et avec une extrême énergie.

Tout se passa simplement, convenablement, et de sa part sans aucune affectation.

L’avant-veille, il avait dit à Fouqué :

— Pour de l’émotion, je ne puis en répondre ; ce cachot si laid, si humide, me donne des moments de fièvre où je ne me reconnais pas ; mais de la peur, non on ne me verra point pâlir.

Il avait pris ses arrangements d’avance pour que le matin du dernier jour, Fouqué enlevât Mathilde et Mme de Rênal.

— Emmène-les dans la même voiture, lui avait-il dit. Arrange-toi pour que les chevaux de poste ne quittent pas le galop. Elles tomberont dans les bras l’une de l’autre, ou se témoigneront une haine mortelle. Dans les deux cas, les pauvres femmes seront un peu distraites de leur affreuse douleur.

Julien avait exigé de Mme de Rênal le serment qu’elle vivrait pour donner des soins au fils de Mathilde.

— Qui sait ? peut-être avons-nous encore des sensations après notre mort, disait-il un jour à Fouqué. J’aimerais assez à reposer, puisque reposer est le mot, dans cette petite grotte de la grande montagne qui domine Verrières. Plusieurs fois, je te l’ai conté, retiré la nuit dans cette grotte, et ma vue plongeant au loin sur les plus riches provinces de France, l’ambition a enflammé mon cœur : alors c’était ma passion... Enfin, cette grotte m’est chère, et l’on ne peut disconvenir qu’elle ne soit située d’une façon à faire envie à l’âme d’un philosophe... Eh bien ! ces bons congréganistes de Besançon font argent de tout ; si tu sais t’y prendre, ils te vendront ma dépouille mortelle...

Fouqué réussit dans cette triste négociation. Il passait la nuit seul dans sa chambre, auprès du corps de son ami, lorsqu’à sa grande surprise, il vit entrer Mathilde. Peu d’heures auparavant, il l’avait laissée à dix lieues de Besançon. Elle avait le regard et les yeux égarés.

— Je veux le voir, lui dit-elle.

Fouqué n’eut pas le courage de parler ni de se lever. Il lui montra du doigt un grand manteau bleu sur le plancher ; là était enveloppé ce qui restait de Julien.

Elle se jeta à genoux. Le souvenir de Boniface de La Mole et de Marguerite de Navarre lui donna sans doute un courage surhumain. Ses mains tremblantes ouvrirent le manteau. Fouqué détourna les yeux.

Il entendit Mathilde marcher avec précipitation dans la chambre. Elle allumait plusieurs bougies. Lorsque Fouqué eut la force de la regarder, elle avait placé sur une petite table de marbre, devant elle, la tête de Julien, et la baisait au front...

Mathilde suivit son amant jusqu’au tombeau qu’il s’était choisi. Un grand nombre de prêtres escortaient la bière et, à l’insu de tous, seule dans sa voiture drapée, elle porta sur ses genoux la tête de l’homme qu’elle avait tant aimé.

Arrivés ainsi vers le point le plus élevé d’une des hautes montagnes du Jura, au milieu de la nuit, dans cette petite grotte magnifiquement illuminée d’un nombre infini de cierges, vingt prêtres célébrèrent le service des morts. Tous les habitants des petits villages de montagne traversés par le convoi l’avaient suivi, attirés par la singularité de cette étrange cérémonie.

Mathilde parut au milieu d’eux en longs vêtements de deuil, et, à la fin du service, leur fit jeter plusieurs milliers de pièces de cinq francs.

Restée seule avec Fouqué, elle voulut ensevelir de ses propres mains la tête de son amant. Fouqué faillit en devenir fou de douleur.

Par les soins de Mathilde, cette grotte sauvage fut ornée de marbres sculptés à grands frais, en Italie.

Mme de Rênal fut fidèle à sa promesse. Elle ne chercha en aucune manière à attenter à sa vie ; mais trois jours après Julien, elle mourut en embrassant ses enfants.

LE ROUGE ET LE NOIR : Livre II, chapitre 14 : « Le mauvais air du cachot […] fin »

Objet d'étude : la question de l'homme dans l'argumentation au XVI° siècle à nos jours.

Introduction : (du global au précis) :

Nous étudions ici un l'excipit d'un roman d'apprentissage : Le Rouge et le Noir ou dit la « Chronique de 1830 » écrit par Stendhal en 1830. Une chronique est un récit mettant en scène des personnages aussi bien réels que fictifs, tout en évoquant des faits sociaux et historiques authentiques.

Stendhal est un écrivain ayant un trait de caractère romantique. Il est fasciné par la république et est nostalgique de Napoléon. Par le biais de cette chronique, il va décrire la « réalité » de la société sous le régime monarchique de la Restauration de Charles X.

Dans ce dernier chapitre, Julien a tenté de tuer Mme de Rênal à la suite d'une lettre parlant péjorativement de son ambition sociale. Il a été arrêté et est dans l'attente de son exécution. Ayant été l'amant de Mathilde, après avoir été celui de Mme de Rênal, Julien prend conscience que celle qu'il aime n'est autre que l’épouse du maire de Verrière.

Ainsi

...

Télécharger au format  txt (13.9 Kb)   pdf (157.7 Kb)   docx (16.3 Kb)  
Voir 8 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com