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Le Rouge Et Le Noir

Lettre type : Le Rouge Et Le Noir. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Décembre 2014  •  Lettre type  •  671 Mots (3 Pages)  •  778 Vues

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Une heure après, un laquais remit une lettre à Julien ; c’était tout simplement une déclaration d’amour.

Il n’y a pas trop d’affection dans le style, se dit Julien cherchant par ses remarques littéraires à contenir la joie qui contractait ses joues et le forçait à rire malgré lui.

Enfin moi s’écria-t-il tout à coup la passion était trop forte pour être contenue, moi pauvre paysan j’ai donc une déclaration d’une grande dame !

Quant à moi, ce n’est pas mal, ajouta-t-il en comprimant sa joie le plus possible. J’ai su conserver la dignité de mon caractère. Je n’ai point dit que j’aimais. Il se mit à étudier la forme des caractères ; Mlle de La Mole avait une jolie petite écriture anglaise. Il avait besoin d’une occupation physique pour le distraire d’une joie qui allait jusqu’au délire.

« Votre départ m’oblige à parler… Il serait au-dessus de mes forces de ne plus vous voir. »

Une pensée vint frapper Julien comme une découverte, interrompre l’examen qu’il faisait de la lettre de Mathilde, et redoubler sa joie. Je l’emporte sur le marquis de Croisenois, s’écria-t-il, moi, qui ne dis que des choses sérieuses ! Et lui est si jolie ! il a des moustaches, un charmant uniforme ; il trouve toujours à dire, juste au moment convenable, un mot spirituel et fin.

Julien eut un instant délicieux ; il errait à l’aventure dans le jardin, fou de bonheur.

Plus tard il monta à son bureau et se fit annoncer chez le marquis de La Mole, qui heureusement n’était pas sorti. Il lui prouva facilement, en lui montrant quelques papiers marqués arrivés de Normandie, que le soin des procès normands l’obligeait à différer son départ pour le Languedoc.

- Je suis bien aise que vous ne partiez pas, lui dit le marquis, quand ils eurent fini de parler affaires, j’aime à vous voir. Julien sortit ; ce mot gênait.

Et moi, je vais séduire sa fille ! rendre impossible peut-être ce mariage avec le marquis de Croisenois, qui fait le charme de son avenir : s’il n’est pas duc, de moins sa fille ara un tabouret. Julien eut l’idée de partir pour le Languedoc malgré la lettre de Mathilde, malgré l’explication donnée au marquis. Cet éclair de vertu disparut bien vite.

Que je suis bon, se dit-il ; moi plébéien, avoir pitié d’une famille de ce rang ! Moi, que le duc de Chaulnes appelle un domestique ! Comment le marquis augmente-t-il son immense fortune ? En vendant de la rente, quand il apprend au château qu’il y aura le lendemain apparence de coup d’état. Et moi, jeté au dernier rang par une Province marâtre, moi à qui elle a donné un cœur noble et pas mille francs de rente, c’est-à-dire pas de pain, exactement parlant, pas de pain ; moi refuser un plaisir qui s’offre ! Une source limpide qui vient étancher ma soif dans le désert brûlant de la médiocrité que je traverse si péniblement ! Ma foi, pas si bête ; chacun pour soi dans ce désert d’égoïsme qu’on appelle la vie.

Et il se rappela quelques regards remplis de dédain, à lui adressés par Mme de La Mole, et surtout par les dames ses amies.

Le plaisir de triompher du marquis de Croisenois vint achever la déroute

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