Le Mur - Sartre
Dissertation : Le Mur - Sartre. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar aponie • 3 Mai 2022 • Dissertation • 3 207 Mots (13 Pages) • 598 Vues
Sujet de dissertation : “Ce qui frappe à la lecture du Mur, c’est que, par-delà
l’apparente disparité des nouvelles, le recueil révèle une profonde unité.”
La Nouvelle est un genre apparu à la fin du Moyen-âge, qui connut un essor prodigieux au
XIXe siècle, de façon à être parfaitement apprécié et popularisé au moment des décennies
suivantes ; particulièrement technique, il exige une unité rigoureuse dans les personnages qu’il
met en scène, les thèmes qu’il soulève ou encore l’histoire qu’il propose. Ainsi, une harmonie,
une cohérence sensée doit se dégager du recueil qui les inventorie.
Publié en 1939, Le Mur de Jean-Paul Sartre se découpe en cinq nouvelles distinctes : Le Mur,
La Chambre, Erostrate, Intimité et L’Enfance d’un chef. Les thèmes évoqués sont divers (le
lecteur est amené à s’interroger sur la question de l’Amour, de la sexualité, de la liberté, de la
quête d’identité, ou encore des passions), et les inspirations ayant nourri son écriture diffuses
(Sartre s’appuyait tantôt sur des évènements appartenant à son actualité, tantôt sur des idées
originales, ou plus universelles) ; pourtant, sa lecture, à son terme, semble aisément logique et
linéaire au lecteur. Aussi pouvons-nous soulever l’interrogation suivante : dans quelles mesures
Sartre nous propose-t-il un recueil finalement si uni, alors qu’il apparaît au premier abord si
disparate ? Notre réflexion se concentrera dans un temps initial sur les divergences opposant
les nouvelles du recueil entre elles, avant de nous attarder sur la profonde unité qui émane de
cette combinaison.
Un recueil de nouvelles dégage effectivement toujours une impression
d’hétérogénéité, puisque plusieurs histoires y sont inscrites, Sartre nous avertit
d’ailleurs que le phénomène ne déroge pas dans le cas du Mur, dans son texte Prière
d’insérer : “Voici cinq petites déroutes (…) devant elle, cinq vies.”. Ces divergences
s’illustrent par différents biais, que nous allons dès à présent énumérer.
Chacune des nouvelles composant ce recueil noir se distingue dans un premier temps
des autres dans sa construction narrative : la taille varie considérablement d’un texte à l’autre,
entraînant par ailleurs un découpage diversifié tout au long du recueil. La première nouvelle
éponyme de l’ouvrage ne compte que vingt-sept pages, et concentre son action sur un chapitre
unique, elle est ensuite suivie de La Chambre, déjà plus conséquente (trente-cinq pages),
divisée en deux chapitres. Erostrate, la nouvelle la plus brève du recueil, ne décompte, à l’instar
de la première, qu’un chapitre ; Intimité se morcelle en quatre parties pour développer l’action
en une petite cinquantaine de pages (même si la dernière ne sera dédiée qu’à l’excipit, qu’à la
chute, qu’à la conclusion de l’intrigue), tandis que L’Enfance d’un Chef, quant à elle si longue
qu’elle pourrait aisément se voir comparée à un roman bref, est narrée de façon linéaire, sans
aucune coupure.
L’action peut également connaître une durée plus ou moins étendue selon la nouvelle qu’elle
occupe : elle se déroule sur environ vingt-quatre heures dans les deux premiers textes, quarantehuit dans le cas d’Intimité ; à côté de cela, L’Enfance d’un Chef nous dépeint la construction
d’un humain voué à diriger, de sa naissance à ses débuts dans le monde, soit une vingtaine
d’années ; Erostrate enfin, centré sur le monologue intérieur d’un unique personnage, nous
présente une temporalité plus floue (on peut relever les expressions imprécises “quelquefois”
à la page 80, “un soir” à la 81e,”je restais maintenant des semaines entières sans paraître au
bureau” à la 89e, ou encore l’emploi fréquent de l’imparfait, qui exprime l’habitude, et induit
une idée de perte de notions temporelles), le protagoniste évoquant à la fois l’acte qu’il a tenté
de commettre, et les motivations qui l’y ont conduit, qui puisent sans doute leur source dans
des situations apparues des années auparavant au début du texte (par la suite, les marqueurs
deviennent plus précis, on peut ainsi lire, à titre d’exemple, à la page 94 : “le 27 octobre, à six
heures du soir”).
Par ailleurs, nous pouvons relever la pluralité des sujets mis en œuvre dans ces cinq récits.
Nous entendons ici le terme “sujet” dans ses deux sens, à savoir le thème narratif, le cadre de
l’histoire d’un côté, et le caractère étudié, le protagoniste analysé de l’autre. En effet, ainsi que
nous avons pu l’évoquer, les inspirations ayant nourri la composition du recueil sont variées,
allant du fait divers pour Erostrate, à la montée du fascisme pour l’Enfance d’un Chef, en
passant également par la frivolité du quotidien dans Intimité (l’auteur s’étant directement
inspiré des discussions qu’il capturait, dans ses élans de voyeurisme, sur les terrasses de cafés
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