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Le Don Giovanni de Mozart

Cours : Le Don Giovanni de Mozart. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  17 Mars 2013  •  Cours  •  582 Mots (3 Pages)  •  663 Vues

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Apparemment nous y voilà : c'est l'érotisme. Mais dès qu'il en parle, il renvoie le désir sexuel à la métaphore bien connue de la guerre et celle-ci à celles aussi habituelles, aussi usées, de la prédation, du pouvoir et de l'avoir. Et les images du pouvoir et de l'avoir renverront, nous le savons d'avance, à la question et au moment de l'être : elles y renvoient toujours. Dom Juan n'échappe donc ni aux images de la rhétorique ancienne ni aux questions qui retentissent sur le théâtre occidental quasiment depuis toujours, même s'il imprime aux unes et aux autres un chatoiement incomparable[3]

. En un mot, autant avec le Don Giovanni de Mozart la sexualité est au principe du caractère du héros, de l'action et de la musique, autant ici le désir amoureux nous renvoie au sujet lui-même et à ses empêchements, de quelque nature qu'ils soient, qu'ils lui viennent d'ailleurs, ou de lui-même. « Tout le plaisir de l'amour est dans le changement » : pas vraiment de sensualité dans Dom Juan, mais un goût du pur mouvement, comme celui qui met le héros en quête d'une jeune mariée ou qui le fait s'adresser alternativement, tel une espèce de toton, à Charlotte et à Mathurine. Le désir sexuel n'est, entre autres et diverses énergies, que ce qui met du mouvement dans l'existence sans cela immobile et mortifère de Dom Juan[4]

.

Il ne s'agit pas non plus ou pas exactement de trouver de l'air. Dom Juan n'étouffe pas en ce monde. Il n'arrête pas de courir, mais il ne mourra pas non plus à bout de souffle. Il mourra à bout d'espaces.

Ce monde-ci, celui des raisons infiniment complexes et raffinées qu'on appelle appartenances, allégeances, accointances, hommages et suzerainetés, fidélités, libertés (mais non pas la liberté !), ce monde aristocratique, le sien, n'est plus à la mesure de ce « grand seigneur ». Mais quelle serait donc sa mesure, à lui ? Elle s'exprime par une proposition négative et elle se développe dans l'exigence d'une autre mesure, absente : c'est un homme qui vit dans l'ordre mesuré des nœuds et obligations et qui ne veut pas être lié, qui veut inventer une nouvelle mesure des choses, des êtres et des événements : la liberté justement, l'égalité de chacun devant le raisonnement, la fraternité des enfants de la même et unique raison. Une mesure entre les humains et entre ceux-ci et l'univers, qui n'est pas encore près de se réaliser dans la pensé et dans l'Histoire.

« L'engagement ne compatit point avec mon humeur » (acte III, sc. V), voilà la formule que Dom Juan retient contre tout rapport qui serait de fidélité. À la loi de ce monde qui est pourtant le sien, il oppose juste l'incompatibilité de son humeur, autant dire l'organisation physique de sa propre nature — qu'il appelle celle de « la nature » (acte I, sc. II) — et le fait pur et simple de sa vie. Tant qu'il bouge, il vit, et tant qu'il vit, il prouve qu'il y a une autre mesure des choses que les raisons multiples de l'obligation.

Qu'est-ce donc que son espace vital ? C'est celui justement que définissent ses courses et le déploiement de ses impulsions, à chaque fois qu'il tente de

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