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Le Couperet de Donald Westlake

Commentaire d'oeuvre : Le Couperet de Donald Westlake. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  6 Novembre 2022  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 382 Mots (6 Pages)  •  305 Vues

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                        LE COUPERET (Donald Westlake)

        Le Couperet est un roman de type polar écrit par Donald Westlake, écrivain et scénariste américain, en 1997. Le roman aborde des thématiques qui font couler beaucoup d’encre dans la société américaine et notamment le phénomène du “downsizing”, autrement dit la compression de personnel ainsi que le chômage en général et ses conséquences. On suit l’histoire de Burke Devore, cadre dans une papéterie depuis 25 ans, et de sa famille (sa femme Marjorie et ses enfants Billy et Betsy) qui appartiennent à la classe moyenne comme cela est explicité dans l’oeuvre. Burke subit une compression de personnel due à une fusion d’entreprise qui le contraint au chômage pendant 2 ans. Il souffre de cette situation qui le changera d’une manière dramatique, il en va de même pour sa famille. Il décide donc une solution très radicale pour sortir de ce gouffre. Il prépare un plan pour tuer 8 hommes choisis au préalable parmi des centaines de CV que Burke a lui-même récupéré en créant une boîte aux lettres puis analysé et qu’il considère comme de dangereux concurrents étant donné qu’ils ont les mêmes compétences que lui. On assiste donc à une intrigue sanglante et violente avec des teintes de drame familial qui nous pousse à réfléchir jusqu’où va l’éthique et la morale. L’auteur voulait mettre en exergue les dysfonctionnements d'une société cruelle dominée par le profit constant aux dépens de l’humain.

Dans cette œuvre, Donald Westlake a très bien représenté la violence sous différents angles, que ce soit la violence physique et psychologique. Chaque phase de l'intrigue va jusqu'à un crescendo qui élève le lecteur, page après page, au sommet de l'interdit et de l'immoralité. De plus, il parvient à rendre le lecteur presque complice (ou otage ?) de ses atrocités qui le torture et le détruit malgré tout. Il essaye tant bien que mal de trouver des excuses et justifications pour s'apaiser et se déculpabiliser notamment avec l'argument du " c'est la faute de la société qui me pousse à faire ça". L'intrigue consiste en un schéma de répétition ; l'analyse du CV, de l’atlas routier, la recherche de l'itinéraire du domicile, la localisation du domicile et l'attaque. Ce processus donne un effet légèrement hypnotique et sert à créer un sentiment d’angoisse. En vous mettant sa place, en transpirant à ses côtés et en craignant qu'il ne soit pris, vous vous sentez obligé de lui dire d'arrêter, de se ressaisir et de retrouver le droit chemin. Les scènes ne sont pas répétitives grâce aux effets de surprise et aux plans imaginés par l’apprenti-assassin parfois contrariés à la dernière minute, notamment l’horrible scène du meurtre d’Edward Ricks et de sa famille ou celle où Everett Dynes se fait renverser. Le dernier meurtre, celui de Upton Fallon, le plus dur à supporter en raison de sa lenteur et du fait le fait qu’il se déroule dans l’intimité même de la victime avec qui il a été contraint de sympathiser (ce qu’il s’interdisait jusqu’alors).

En voyant tout ça, le lecteur se pose ces questions sans cesse : Est-ce que le Couperet tombera sur lui? La société le punira-t-il pour ses crimes?

        Au cours de son périple sanglant, Burke Devore, à bord de sa « Plymouth Voyager », nous emmène au cœur de la classe moyenne américaine, celle des banlieues résidentielles de la côte est, plutôt cossues qui respirent la satisfaction matérielle avec leurs maisons massives, leurs pelouses bien tondues et leurs garages où dorment les grandes voitures. Il nous en fait une description quasi sociologique de leurs habitants. Il dissèque avec aigreur et jalousie chaque détail de la vie de ses concurrents. Westlake réussit bien l’analyse psychologique de ce personnage frustré et envieux à travers la culpabilité qui le ronge, l’empathie qu’il peut éventuellement éprouver pour ses victimes et contre laquelle il tente de lutter, à tel point qu’il écrira une confession lors une nuit d’angoisse dans un motel après le meurtre d’Everett Dynes. On pense à Raskolnikov, le personnage principal du roman Crime et châtiment de Fiodor Dostoïevski, la comparaison va jusqu’à l’idée du surhomme Nietzschéen, d’homme supérieur au-dessus des autres hommes et des lois et qui aurait donc le « droit » de décider de la vie ou de la mort d’autrui. Burke l’explique à la page 324 par le célèbre dicton “La fin justifie les moyens”. Il se sent également impuissant, fataliste et résigné à l’égard de la société, et la seule façon de s'en sortir est donc de répondre à la violence par la violence. Au fur et à mesure que le roman avance, on sent sa progression vers une insensibilité de plus en plus grande aux crimes qu'il commet. Il devient rapidement "naturel" pour lui de surmonter tous les obstacles qui se dressent sur son chemin (Ex : l'amant de sa femme). Sa relation avec sa femme et sa vie de couple sont également bien vues, notamment à travers le prisme de la thérapie conjugale. Il souligne l'impact psychologique du chômage qui, outre la perte de son pouvoir d'achat, le prive également de son identité : il ne se sent plus le " chef de famille " et prend donc ses distances avec sa femme (le thérapeute Longus Quinlan tente de le rassurer en lui disant “qu’il n’est pas son boulot").

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