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Le Comte de Chabannes

Dissertation : Le Comte de Chabannes. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  28 Mars 2020  •  Dissertation  •  2 704 Mots (11 Pages)  •  457 Vues

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  • Synthèse : Le Comte de Chabannes –
  • Quelle importance Mme de Lafayette et Tavernier accordent-ils au Comte de Chabannes dans la nouvelle et dans le film ?

Le Comte : chez Mme de Lafayette : le seul personnage fictif , non historique – bien que son nom soit célèbre , car nom de la grand’mère de la Princesse – d’où sans doute les caractères extraordinaires et exemplaires de ce personnage tragique dans la nouvelle comme dans le film , où les deux auteurs peuvent laisser libre cours à leur imagination et exploiter davantage sa singularité , en l’isolant de tous les autres .

-De nombreuses similitudes dans les deux œuvres , un même destin tragique , mais une place plus centrale accordée au personnage dans le film , du fait entre autres de la personnalité de l’acteur , Lambert Wilson , du fait également de son caractère de porte-parole dans le film , Chabannes étant vu en outre comme la « colonne vertébrale » du récit ..

-Une fin radicalement différente dans les deux œuvres .

-I) Un personnage exemplaire et tragique

-a) Les « désordres de l’amour » : « On est bien faible quand on est amoureux » : Chabanes va être l’illustration parfaite de cette alliance de « la guerre » ( intérieure ), et de l’amour évoquée comme le « déchirement » premier du récit ( incipit) .

- D’emblée l’accent est mis sur les qualités du Comte : l’amitié « si particulière » que lui accorde le Prince le conduit à abandonner son parti et sa foi , « contre tous ces propres intérêts »(42) ( « il abandonna le parti des huguenots) ; plus âgé , il est de petite noblesse , donc de condition inférieure , mais « fort sage et fort doux » , homme de « confiance » , il « éduque » la princesse et « la rend en peu de temps une des personnes du monde la plus achevée »(43). Droiture , loyauté , fidélité absolue , raison : il est l’archétype de « l’honnête homme » selon le XVII° , ou de l’ami parfait des romans courtois ou « précieux » . Véritable Chevalier emblématique des romans précieux , qui pourrait figurer sur La Carte du Tendre , entre « Amitié » et « Tendresse » ..

- Mais s’il est à la fois l’ami du Prince ET de la Princesse , il n’en tombe pas moins amoureux de cette dernière ..

- Caractère « exemplaire » voulu par Mme de L . : bien qu’expérimenté , sage , fidèle , loyal , jamais superficiel , détaché des jeux de séduction , « il devint passionnément amoureux » .. « Il fallut céder et l’aimer de la plus violente et plus sincère passion qui fut jamais. » : cf les superlatifs + le verbe « céder » , donnant la mesure d’un combat héroïque durant « une année entière»(44) : de « maître » d’études et de raison qu’il devait être : il devient l’esclave de la jeune femme .

- La passion est à prendre dans son sens étymologique : « patior » : souffrance , humiliation , sacrifice : - souffrance mortelle éprouvée d’emblée quand la Princesse rejette sa déclaration avec froideur et hauteur : « Elle lui représenta en peu de mots la différence de leurs qualités et de leur âge, la connaissance particulière qu’il avait de sa vertu et de l’inclination qu’elle avait eue pour le duc de Guise , etr surtout ce qu’il devait à l’amitié et à la confiance du prince son mari. Le comte pensa mourir à ses pieds de honte et de douleur »(44-45)

-Soumission totale , presque déshumanisante , quand il devient le « chien » de la Pr., accepte le rôle d’entremetteur avec Guise , puis de bouc-émissaire , en sacrifiant son honneur pour sauver celle qu’il aime : valeurs chevaleresques , qui vont jusqu’à la perdition , perte de sa propre identité , traître à tout , sauf à Marie .

-Amour inconditionnel , mais sans retour : Passion du Christ , martyr . : cf son « écartèlement » à la fin entre deux portes , deux hommes : « il se résolut , par une générosité sans exemple, de s’exposer pour sauver une amante  ingrate et un rival aimé ».. »pendant qu’il s’exposerait à la fureur du Prince ». (75) ( cf les récurrences des termes : « désespoir » et « douleur mortelle » : d’ailleurs , c’est son départ , qui , le menant dans Paris la nuit de la St Barthélémy , le tuera.

-Caractère tragique : une vraie tragédie racinienne , avec son bouc émissaire / ou un vaudeville pitoyable et dérisoire ?

-b) Un ami parfait

-Amitié parfaite avec le Prince de Montpensier : il fait l’éloge de la Princesse au Prince ( 46), « avec une sincérité aussi exacte que s’il n’en avait point été amoureux ». Id. pour la Princesse , dont il « ne cherchait qu’à augmenter le bonheur et la gloire »(46) : se met « naturellement » au service de ceux qu’il aime : triangle amoureux paradoxal puisqu’il s’en exclut , mais amitié parfaite pour l’un et l’autre .

Tavernier insistera aussi sur cette amitié entre les deux hommes , plaçant Chabannes d’emblée , dès les premières scènes , dans un combat sanglant , où il tue une femme enceinte huguenote du fait de son engagement aux côtés de Montpensier dans l’armée catholique ..

  • .. mais amitié qui le rend paradoxalement « traître » :
  • Aux yeux de Catherine de Médicis , qui ne peut concevoir sans méfiance sa conversion au catholicisme ( p.43 : « elle eut de si grands soupçons.. »)
  • Aux yeux du Prince de Montpensier à la fin qui se pense trahi par son ami le plus cher ( « Est-il possible qu’un homme que j’ai aimé si chèrement choisisse ma femme entre toutes les femmes … ? »76)
  • Aux yeux des gens qui l’ont reçu après son départ dans un faubourg de Paris et qui le massacreront la nuit de la Saint Barthélémy , le prenant pour un huguenot : « Les personnes chez qui il s’était retiré l’ayant reconnu , et s’étant souvenues qu’on l’avait soupçonné d’être de ce parti le massacrèrent cette même nuit qui fut si funeste à tant de gens. »79

Dans le film : c’est sur cette amitié avec Montpensier que  tout commence; amitié qu’il lui renouvelle lorsque le jeune Prince part à la guerre ;  et à la fin , c’est sur l’assurance , dans la lettre lue en « voix off » , de sa « parfaite amitié » pour Marie que se termine le film . Lettre / testament , où l’amitié est présentée comme un ultime recours / et secours ; mais aussi comme un pardon des offenses subies , et un « dépassement » des « désordres » des passions : recul et distance qui diffèrent de la fin tragique de la nouvelle , où la passion malheureuse sera  sans équivoque la cause de la mort de Marie et de Chabannes . ( Pourtant , le film gomme  cette amitié de Marie et de Chabannes au profit d’une relation plus conflictuelle , plus moderne : Marie ironise face à la passion du Comte , et lui-même se défend plusieurs fois avec froideur).

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