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Lamartine et ses poèmes

Analyse sectorielle : Lamartine et ses poèmes. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  16 Avril 2015  •  Analyse sectorielle  •  1 517 Mots (7 Pages)  •  622 Vues

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L'isolement

Le choc douloureux de la mort d'Elvire a inspiré à Lamartine ses plus beaux poèmes : on cite toujours “Le lac”, on cite moins souvent “L’isolement”. Pourtant l'inspiration est bien la même : le poète, retiré à Milly, chantait la femme aimée, qui était morte depuis huit mois, constatait que, sans elle, «tout est dépeuplé» (ce qui est tout à fait contestable et que n’a pas manqué de contester Giraudoux dans “La guerre de Troie n’aura pas lieu” : «Un seul être vous manque et tout est repeuplé»), se déclarait désormais indifférent aux beautés de la nature. Après avoir exhalé sa détresse, il appelle de ses vœux la mort libératrice. Dépassant le simple souvenir et la permanence de la nature qui conserve la trace de l’amour perdu, il réussissait, au-delà de la désespérance, à retrouver l’espoir sur le plan divin. Quel thème pouvait, mieux que celui-ci, permettre à Lamartine de déployer ses dons dans une plus ample harmonie, dans une plus douce musique, d’user avec plus d’à-propos d’une langue encore un peu abstraite, mais bien adaptée à ses regrets?

Dans une lettre à son ami, Aymon de Virieu, datée de 1818, Lamartine écrivait à propos de ses états d'âme : «Irrésistible dans les moments de bonheur, ma foi en la Providence disparaît presque totalement quand le malheur m'accable et le désespoir l'éteint tout à fait». En 1821, à l'époque où il médite “L’isolement”, le poète se trouve dans un de ces moments où le malheur l'accable : Elvire est morte, il se sent incapable de continuer à vivre.

Dans les strophes 7 à 13 s’expriment la désespérance et l'espoir.

Les strophes 7 et 8 correspondent très précisément à cette désespérance car elles bercent mais ne crient pas. Elles rappellent à l'esprit le «Vanitas vanitatum» du ‘’Livre de l’Ecclésiaste’’ dans la Bible. Posément, calmement, Lamartine refuse toute consolation. Le monde pour lui est vide, il est «vain» (v. 26). Son œil reste «indifférent» au tableau qu'il lui offre ; et ce qui fait la joie de tous, le soleil, n'a pour lui aucune importance et ne l'émeut même pas : il ne lui «importe» pas. Et la conclusion partielle de ce passage contient enfin le grand mot attendu depuis le début de ces deux strophes, préparé par tout ce qu'elles contiennent, c'est «rien». Le poète n'éprouve et ne transpose dans ses vers aucun dégoût ; il s'abandonne au nihilisme sentimental ; il semble même n'avoir plus la force de se révolter.

C'est dans cette perspective qu'il faut alors interpréter le poème :

Dans la strophe 7, l'horizontalité de la phrase est à peine ébranlée par les fausses interrogations des vers 25 et 26. Les deux énumérations du début, la première accentuant la lassitude de ce qu'elle traduit par la répétition des démonstratifs «ces» qui ne sont pas exactement des péjoratifs, mais des dépréciatifs ; la deuxième se terminant sur «si chères» qui prend toute sa valeur lorsqu'on y reconnaît la transcription d'un passé maintenant révolu : «qui nous étaient si chères». Les deux formes verbales, chargées, elles aussi, encore plus nettement de passé révolu, se répondent à la rime des vers 25 et 28. Le contraste, au vers 28, entre «seul» et «rien», et la quasi-magie du mot «manque» qu'ils encadrent et qui sonne avec des prolongements en écho avant la chute de tout le dernier hémistiche du vers.

Dans la deuxième strophe, l'alternative du vers 29 est relancée par les deux alternatives imbriquées l'une dans l'autre du vers 31 et la répétition des «ou». Les oppositions sont présentées d’une façon plate et sans relief, et toute liaison, même coordonnante, entre les propositions est absente. La redondance voulue de l'idée est obtenue par la répétition à peine modifiée du même mouvement phrastique pour les vers 29 et 30 et pour les vers 31 et 32. Lamartine en est arrivé au point zéro de la sentimentalité.

Alors s'annonce la remontée. La neuvième strophe reste encore dans la désespérance, mais la passivité s'y atténue déjà. Le poète n'est plus abattu au point de ne plus avoir la force d'envisager un soulagement à sa peine, écrasante. Même si on l'interprète comme irréelle, l'éventualité imaginaire et invraisemblable qui y est exprimée trouve le moyen d'intéresser son esprit si elle ne touche pas encore son cœur. Il pense, il raisonne, il construit logiquement une réfutation à l'idée qui a germé en lui. Il en est soulagé, bien qu'il refuse de lui donner aucune importance : «le vide et les déserts» (vers 34). Elle le contraint défendre sa position par le redoublement de la négation «rien» (vers 35

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