LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

La tour Eiffel, Guillaume Apollinaire

Commentaire de texte : La tour Eiffel, Guillaume Apollinaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Mars 2013  •  Commentaire de texte  •  1 452 Mots (6 Pages)  •  3 812 Vues

Page 1 sur 6

I – 1 :

Le goût d’Apollinaire pour le vivant qui l'entoure se manifeste ici par un sentiment de beau qui naît de la perception du caractère moderne de la ville. Elle est le lieu de la pluralité, du multiple, du changement, du vivant : c'est de la vie quotidienne elle même que peut naître le sentiment du Beau.

Dès le premier vers, le poète exprime clairement une des raisons de son choix esthétique : il se dit las des formes d'art qui lui semblent dépassées (académisme, et même symbolisme et impressionnisme). Dans ses Méditations esthétiques (1913) il affirme aussi " on s'achemine vers un art entièrement nouveau". Ces formes d'art sont le cubisme (Braque, Picasso), le futurisme (Marinetti), le fauvisme (Derain, Vlaminck), en ce début de XXe siècle.

L'architecture en particulier passionne Apollinaire : la simplicité épurée des lignes de certaines constructions industrielles ("les hangars de Port-Aviation" V.6), la ferraille, la tour Eiffel peinte par Chagall et Delaunay ( "Bergère ô tour Eiffel le troupeau des pont bêle ce matin")

Cette tour Eiffel est la bergère debout, forme isolée sur les quais, verticale. Les arches des ponts de la Seine sont eux évoqués sous leur caractère horizontal, tels des moutons car les courbes des ponts dessinent comme les dos des moutons réunis en troupeau. Les sirènes des péniches participent de cette image par leur bêlement .

I – 2 :

Plus que la description de la ville, on a ici une vision de la ville selon Apollinaire, basée avant tout sur le ressenti. Apollinaire est un amoureux de Paris, mais aussi de la ville moderne en général. Il va s’intéresser à la rue "industrielle" (V.23), une rue "neuve", plus qu'aux monuments classiques.

C'est une rue "oubliée", animée par des personnages de la vie simple, quotidienne : (V.17/18) "Les directeurs les ouvriers et les belles sténodactylographes / Du lundi au samedi soir quatre fois par jour y passent."

La vie moderne est évoquée aussi par son aspect sonore : 'clairon","gémit","aboie","criaillent'. Ce sont les éléments concrets qui assurent le beauté de la rue : "les inscriptions des enseignes et des murailles / Les plaques les avis a la façon des perroquets craillent"... On retrouve l'allusion au développement de la publicité "réclame", qui s’accompagne de recherches esthétiques chez les affichistes (Delaunay, Dufy). C'est une sorte de poétisation de l'urbanisme (V.11/12) : "Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout haut / Voilà la poésie ce matin..."

La révolution esthétique voulue par Apollinaire est tout entière contenue dans ce vers 23 : "J'aime la grâce de cette rue industrielle". Le rapprochement des mots "grâce" et "industrielle" inscrit le sentiment du Beau dans un cadre nouveau, celui de la vie moderne de tous les jours .

I – 3 :

Cette poétisation de l'urbain fonde une pratique poétique nouvelle : l'usage du vers libre, l'absence de ponctuation, la mélange sur le plan de l'énonciation des personnes verbales .

Le "je" désigne le poète dans ses activités et ses sentiments lorsqu'il écrit (V.15/V.23). Le "tu" désigne le poète et ses sentiments actuels (V.9/V.11), mais aussi l'auteur à l'époque où il est enfant (V.25/27). L'énonciation de l'enfance se fait d'ailleurs au présent, dans une sorte de continuité chronologique assez déroutante. Ce changement de personnes, à l'image du modernisme de la ville évoqué sous le signe du changement dans la continuité, fonde une nouvelle perception du poétique : dire l'unicité de l'être mais sous tout ses divers visages, changeants, parfois contradictoires, mais qui de façon paradoxale, appartiennent à une même chose. Le poète est donc lui aussi la communion de ces "je" et "tu", traversé par le divers et la multiplicité. Porte parole du vivant dans sa diversité.

Le poète utilise même le "vous" (V.28/30) qui désigne l'enfant accompagné de son camarade Dalize. C'est une mise à distance du passé mais rendu proche par l'usage du présent. Ce choix du "vous" rend à nouveau la scène de la chapelle objective, neutre, le poète, étant finalement un homme comme les autres, capable d'être l’interprète de la diversité des vécus. Il est tous les hommes à la fois.

II – 1 :

La ville est le lieu de l'horizontalité, de la diversité, mais aussi le lieu de la verticalité et du spirituel. Apollinaire ne peut être considéré comme un écrivain chrétien. Ce qui ressort de l'ensemble de son œuvre, ce serait plutôt l'athéisme. Mais le sentiment du divin

...

Télécharger au format  txt (9.1 Kb)   pdf (107.4 Kb)   docx (12.1 Kb)  
Voir 5 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com