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La tirade d'Andromaque

Commentaire de texte : La tirade d'Andromaque. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Mai 2022  •  Commentaire de texte  •  1 030 Mots (5 Pages)  •  283 Vues

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Oral français : Andromaque

Un an après la guerre de Troie, Pyrrhus roi d’Épire et fils d'Achille, souhaite épouser Andromaque, veuve d'Hector tué par Achille pendant cette guerre. Il la tient captive et lui pose alors un ultimatum en menaçant la tête de son fils Astyanax qu'il tient en otage. Cet épisode est raconté par Racine dans Andromaque en 1667. Le texte étudié aujourd'hui est un extrait de la scène huit de l'acte trois de Andromaque et se situe dans l'acmé, le moment de tension la plus ultime dans une pièce de théâtre. Dans la scène sept, Pyrrhus tente une dernière fois de persuader Andromaque de l'épouser. Dans ce passage Andromaque s'adresse à sa confidente, Céphise, et tente de lui expliquer pourquoi elle ne peut épouser Pyrrhus. En quoi cette tirade permet-t-elle à Andromaque de justifier son refus d'épouser Pyrrhus ? je vais faire une analyse linéaire en trois mouvements.

1er mouvement : v.1 à 5, Andromaque rappelle ses devoirs

  • anaphore de questions rhétoriques v1,2,4, « dois-je » pas d’attente de réponse, révolte Andromaque, elle se pose des questions à elle-même, elle est perdue 
  • Succession de "je" v1,2,4 + "mes" v4 + "nos » v3 = possessifs -> son devoir, son passé 
  • sens contraire -> elle ne doit pas oublier 
  • elle ne doit pas oublier les crimes des grecs 
  • déshonneur d’Hector « trainé sans honneur » v3, son époux ( on rappelle tué par Achille le père de Pyrrhus)
  • assassinat de priam « son père » v4 = père d’Hector, dans un lieu sacré « autel » v5 => sacrilège 
  • elle évoque ici des êtres chers et donc ses sentiments -> pitié 
  • =! suscite l'horreur avec les crimes des grecs 
  • elle rappelle bien ici son devoir de mémoire, envers Hector et les Grecs

2e mouvement : v.6 à 14, récit de la dernière nuit de Troie

  • champ lexical de l’enfer « nuit cruelle » v6, « morts » v10, « sang » « carnage » v11, « flamme » v13, « horreurs » v14 bien souligner la violence de la bataille et la sauvagerie des Grecs ; deux couleurs ressortent, le rouge et le noir on imagine la scène
  • 3 sens présents : visuel (« lueur » v9 et « peins-toi » v14), tactile (« brûlants » v9) et auditif (« cris » x2 v12 vacarme assourdissant que l’on peut presque entendre)
  • « tous mes frères morts » v10 = hyperbole ; recours aux pluriel « nos palais brûlants » v9, « tous mes frères morts » v10, antithèse « vainqueurs » « mourants » v12, « ces horreurs » v14
  • ampleur du massacre
  • rime de « nuit cruelle » v6 avec « nuit éternelle » v7 souffrance qui n’en finit pas + deuil et devoir de mémoire sans fin
  • au milieu de la bataille : Pyrrhus, décrit comme un diable possédé, monstre, « yeux étincelants » v8 et « de sang tout couvert » v11 suscite l’horreur
  • contraste avec andro : « andromaque éperdue » v14 attise la pitié + montre qu’elle est perdue car elle parle d’elle-même à la 3e personne != 1e paragraphe (1e personne)
  • hypotypose (couleurs et son)
  • impératifs : anaphore « songe, songe » v6 ; « figure » v8 ; « songe » v12 ; « peins » v14 -> force à s’imaginer la scène
  • s’adresse à Céphise mais aussi aux spectateurs = double énonciation, caractéristique du théâtre + != 1er mouvement où elle se parlait à elle-même
  • participes présents : « étincelants » v8, « entrant » v9, « faisant » v10, « échauffant » v11, « mourants » v12, « expirants » v13 la scène se passe devant nos yeux
  • allitération en [s] v6 hypnotise et participe à l’hypotypose créée par Andromaque afin de nous faire revivre la scène
  • elle parle au nom du peuple de Troie, avec « un peuple » v7, « nos palais » v9 mais aussi « nos murailles » v3, « songe, songe » v6 qui exprime son émotion : elle honore donc son devoir de mémoire, envers les troyens
  • respect de la règle de bienséance dans théâtre interdiction de violence sur scène en en faisant un récit

3e mouvement : v15 à 20, réponse finale

  • anaphore de « voilà » conclusifs v15,16,17 appuyer sur sauvagerie des Grecs et en particulier de Pyrrhus, on se l’imagine une dernière fois
  • apogée de l’ironie d’andro : v16 « de quels exploits il sut se couronner » elle pense l’inverse, les exploits sont des crimes ; nous fait comprendre qu’elle ne veut pas d’un époux qui a détruit sa vie (avec l’assassinat d’Hector,1e mouvement) et sa ville (avec la chute de Troie, 2e mouvement)
  • réponse clairement dite : « non » v18
  • « serai » v18 = futur simple de certitude elle est convaincue
  • v19 « qu’il nous prenne, s’il veut, comme dernières victimes. » = héroïne tragique, elle va jusqu’au bout de ses idées, de son devoir, de son honneur
  • « mes ressentiments » v20, pronom possessif son choix
  • après avoir douté tout au long du texte, elle semble ici convaincue que sa décision est la bonne, malgré le v18 « non, je serai point complice de ses crimes » qui laisse penser qu’elle tente encore de se persuader elle-même

Andromaque semble donc avoir convaincue Céphise et le public qu’elle ne peut épouser Pyrrhus, en suscitant l’horreur, en rappelant la dernière nuit de Troie et le rôle de Pyrrhus dans le massacre, et en attisant la pitié, en se décrivant égarée et effrayée dans la bataille. Ces deux personnages sont donc en opposition dans ce texte. L’attitude d’Andromaque est caractéristique de l’héroïne tragique, sur laquelle s’abat la fatalité, ici avec le dilemme auquel elle est exposée, et qui fait passer l’honneur avant le reste, ici avec son devoir de mémoire envers Hector et les troyens. Le texte montre bien la fonction cathartique de la tragédie, qui vise à effrayer le public, avec le personnage de Pyrrhus, et à l’émouvoir, avec le personnage d’Andromaque.

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