La rhétorique

Rhétorique

1. Qu’est- ce que la rhétorique ?

Selon Aristote, c’est une technique de persuasion. « Une tecne » (= appareil de préceptes) : il s’agit d’un artisanal avec des règles et des préceptes. Selon Cicéron, c’est l’art de bien parler. Bien parler signifie « bien parler » et « parler bien » (= en bonne moral). La rhétorique a toujours hésité entre deux aspects : l’ornement du discours avec le substrat moral et une technique de persuasion c’est-à-dire visant à changer l’état d’esprit de celui qui écoute. Il s’agit de persuader dans l’autre sens. Persuader fait changer d’avis. Il y a également un troisième père de la rhétorique : Barthes. Il part d’un métalangage. Avant lui, on voit la rhétorique comme étant dans le langage. Ex : Je le prends tel qu’il est et je l’améliore. La parole relève de l’idiolecte (= prise sur la langue, c’est une forme dans laquelle l’homme s’implique, c’est une marque de la présence de l’auteur) et la langue (= appareil avec plusieurs choix) du sociolecte. Aristote et Cicéron ont écrit une parole pour tourner la langue à leur avantage. Bourdieu appelle cela la « distinction ». La parole peut être singulière et peut être limitée. Barthes part d’un métalangage. Même si l’on reste dans la langue, on sort du système pour en parler, il s’agit d’un écart. On parle de la langue. Mais, Barthes exprime que c’est aussi un langage qui vise à la prise de pouvoir : une classe, une élite s’en sert comme d’un instrument de pouvoir.

Deux conceptions apparaissent :  grecque qui vise à la persuasion (= psycho tropique, origine du fondement et une autre, essentiellement romaine qui vise à l’éloquence, au bon parler). Ce n’est pas seulement une esthétique, mais une éthique.

Très vite, cette distinction tourne à la confusion. La beauté oratoire devient un argument de plus, aussi bien peut-on se dire que si l’orateur parle bien, c’est qu’il part du point de vue de la morale : le « kalos kagathos ». (= idéal d’harmonie de corps et d’esprit dont l’athlète grec aurait été le modèle rappelant les mots célèbres de Juvénal « mens sana in corpore sano »). Il est de plus en plus difficile de distinguer l’argument persuasif de l’ornement rhétorique. On peut constater l’incroyable variété dans les manuels au cours des siècles, des moyens et des fins de la rhétorique. Il y a des définitions variées de la rhétorique. Elles ont toutes un point commun : c’est un discours public cherchant à convaincre, pas forcément autrui, il y a une rhétorique envers soi, jouant avec les sentiments et la morale tout en respectant les règles, mais en toutes circonstances visant à une forme travaillée. Les trois âges de l’éloquence (= grec, romain, moderne) ont été marqué par une confiscation du pouvoir au profit de la politique, toute évolution politique va vers la simplification au plus haut niveau. Le bien parler de la rhétorique reprend le dessus. Au XXème siècle, la rhétorique est l’étude de l’esthétique, du beau parler au profit des dirigeants.

Genette parle dans Figure III de la « rhétorique restreinte » (= Dans ce texte, Genette revient à la question de la rhétorique des figures, dont il avait esquissé les contours en 1964 et en 1968. Si des « Figures » il remarquait que les traités de Rhétorique classiques se préoccupaient avant tout « l’Elocutio », il ne déplorait pas pour autant cette restriction de la rhétorique. Si dans « La rhétorique des figures », il situait le traité de Fontanier entre deux points extrêmes de la rhétorique – la rhétorique générale et la rhétorique des figures de signification – son propos n'était pas de défendre ou de condamner telle ou telle approche. Mais, en 1970, Genette fait désormais le triste constat d'une histoire de la rhétorique se réduisant progressivement à une peau de chagrin) ; « L’Elocutio » correspond à la mise en mots. On s’intéresse davantage à la mise en forme.

La rhétorique s’attend à devenir une poétique. La rhétorique redevient un art de persuader, elle est difficile à dégager du beau parler.

• Regarder Le brio film.
• Approfondir la différence entre le syntagme (= changer l’ordre des mots) et le paradigme.
• Histoire de la rhétorique : « encyclopédia universalis » dans la rubrique « rhétorique » sur internet.

II- Les éléments.

Depuis Aristote, il y a quatre parties dans la rhétorique, dont une ajoutée par les romains :

• « Inventio » : ce sont les idées (« res » en latin sont les idées) les choses ne s’inventent pas, elles se trouvent dans les endroits particuliers que l’on appelle les « locia communia » (= lieux communs : lieux de certitude argumentative).
• Une fois que les idées sont trouvées, il faut les retrouver : c’est la « dispositio ». L’ordre des mots composent des effets de rythme dans la phrase.
• La mise en mots (chez les latins, il n’y a que des oraux) : c’est « l’Elocutio » (expression orale chez les latins, écrite chez nous).
• Une fois que le discours a été composé et dirigé, il faut le dire : c’est « l’actio ».

Rhéteur : professeur de rhétorique.

• A partir du moment où on joue la pièce et où on l’énonce oralement (= énonciation orale du discours), il y a la « Memoria » (ajout des romains, il y a des traités de mémoire qui permettaient aux gens de retenir des centaines de milliers de pages). Ex : Apulée. (IIème siècle avant. J.C.).

« Actio » et « Memoria » perdent de leur importance dans la formation des élites suite à l’apparition de l’écrit. Il y a une double matière : les idées (= choses pour les latins) et « quae significantur verba » (= le signifiant est le signifié) Quintilien. « L’ars retorica » consiste à trouver les restes et les exprimer en « verba ». L’une des principales applications de la rhétorique : c’est le théâtre. (= affaire d’oral).

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