La production romanesque africaine en 1982
Dissertations Gratuits : La production romanesque africaine en 1982. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar mouss10 • 10 Juin 2015 • 859 Mots (4 Pages) • 587 Vues
Les résultats de cette analyse fine et nuancée sont regroupés autour
de trois grands axes : « tradition et identité », « tradition et progrès »,
« tradition et perspectives ». Nous sommes en
1982
. La production roma-
nesque
africaine possède la « masse critique », c’est-à-dire qu’elle s’est
suffisamment affirmée, en nombre et en qualité, pour être soumise à
une lecture diachronique et témoigner d’une évolution dynamique.
Elle est porteuse d’une problématique en mouvement.
L’étude du rôle des traditions distingue trois étapes qui soulignent
des temps forts dans la relation des romanciers avec la tradition, sans
exclure que les préoccupations des Africains ainsi mises en évidence
soient présentes, mais à un titre moindre, dans l’ensemble du corpus
romanesque. La première relation porte sur la question de l’identité.
Dans le prolongement du roman colonial écrit par des Européens, les
romanciers africains apportent un autre regard sur l’Afrique et ils entre-
prennent
la réhabilitation des traditions. Ils avaient comme devanciers
les africanistes et le mouvement de la Négritude. Le contexte de la
naissance et du développement du roman africain en pleine période
coloniale est éclairant. L’écriture devient pour les écrivains africains un
moyen d’affirmation important. En se référant aux traditions, les
romanciers insistent sur le discours de la différence qui les amène à se
poser dans leur altérité par rapport aux colonisateurs. Dans cette pre-
mière phase, l’identité culturelle est dominante.
La deuxième relation met en présence la tradition et le progrès.
Mais Kane ne pose pas ces deux termes dans un rapport d’opposition,
traditionalisme contre modernisme. Il les montre plutôt en interac-
tion, dans un rapport dialectique. L’univers représenté, comme les per-
sonnages, est marqué par la dualité : faut-il s’identifier à un passé qui
semble révolu ou postuler un monde moderne dont on ignore ce qu’il
sera ? Cette phase montre bien que « la réalité » ne comble pas les atten-
tes des personnages. La déception des romanciers connaît son comble
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avec les lendemains des indépendances, qui n’ont pas chanté comme
on avait pu le rêver. Cette phase est celle de l’engagement des écrivains
où la dominante est le politique ou plus précisément celle où le cultu-
rel est mis au service du politique. La tradition est alors vue comme un
moyen de résistance et d’opposition à la colonisation.
Le troisième temps fort interroge l’avenir des traditions : quelles sont
les perspectives réservées aux traditions dans l’Afrique colonisée puis
nominalement indépendante, traditions dont le sort repose prioritaire-
ment sur les Africains eux-mêmes ? Le roman de cette période traite
principalement des grands conflits de toute société en mutation : conflits
de générations, de religions, de cultures. Les trois domaines conflictuels
sont en fait très liés. Ce sont les jeunes qui vivent le plus durement ces
différents conflits. Ils se sentent en général plus proches du monde nou-
veau que de la tradition africaine. Toutefois, bien
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