LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

La critique de la folie humaine

Fiche de lecture : La critique de la folie humaine. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Février 2014  •  Fiche de lecture  •  2 679 Mots (11 Pages)  •  1 340 Vues

Page 1 sur 11

I. La critique de la folie humaine

Cet extrait de l’Eloge de la Folie est l’occasion de pointer du doigt un des travers majeurs de l’humanité qui est sa crédulité et sa facilité à croire toutes sortes de superstitions et autres fables, c’est qu’Erasme critique ici, mais cette critique se veut plus profonde et nous verrons ensuite qu’il s’agit surtout de mettre en cause la religion qui se sert de cette faiblesse humaine « pour son plaisir ou son profit ».

1. Se placer du point de vue de la folie

Dans l’Eloge de la folie, Erasme choisit de donner la parole à celle-ci, et s’efface derrière elle. C’est le cas ici : « voici un genre d’hommes qui, sans aucun doute, est tout à fait de notre farine » (le déterminant possessif renvoyant à la folie elle-même).

La folie est donc personnifiée car présentée sous des traits humains, du fait notamment que c’est elle qui parle.

Le choix de cette instance narrative permet une mise à distance, un ton critique et l’exclusion du narrateur de cette crédulité puisqu’il ne s’agit pas d’un membre de la communauté humaines, comme le rappelle l’utilisation du « ils » : « ils aperçoivent », «s’ils n’adorent », « ils ne mourront pas » et du « on » qui vise un vaste ensemble duquel le narrateur reste exclu : « on salue », « on reviendra », « on rend visite ». De même cette mise à distance est réactivée par les occurrences du pronom démonstratif : « ceux » (« ceux qui se bercent », « ceux qui s’appuient »…).

Choisir la folie permet donc d’avoir un point de vue distant et critique sur les actions des hommes.

En même temps, il est intéressant de voir que la masque de la folie derrière lequel se tient l’auteur semble s’effacer à la fin du texte pour laisser entendre la voix de l’auteur et son indignation, car lorsqu’il utilise un registre polémique et marque l’implication du narrateur, nous sommes en droit de nous demander si le narrateur est toujours la folie ici : « Et de pareilles folies, si folles qu’elle me font presque honte, sont approuvées non seulement du vulgaire mais de ceux qui enseignent la religion ».

2. Le portrait de l’homme crédule

Comme le narrateur ne fait pas partie de l’humanité, il peut à loisir faire le portrait d’une catégorie d’homme, celle des hommes crédules, naïfs, cible potentielle pour les charlatans et… la religion.

Apparition d’un lexique du monstrueux dans une énumération : « fables », « histoires monstrueuses », « spectres », « lémures », « larves », « enfers », « merveilles ».

Portrait d’homme recherchant les « fables » pour se distraire : « plus elles s’éloignent de la vérité, plus sont agréables les démangeaisons dont elles chatouillent les oreilles » : cette phrase souligne que le plaisir est proportionnel à l’éloignement de la vérité. Il présente les fables comme de parfaites inepties puisqu’elles n’atteignent pas l’esprit mais se contentent de « chatouiller » « les oreilles » : signe de superficialité, d’éphémère. De même, « cela sert à merveille (…) à soulager l’ennui des heures ».

Volonté de viser l’ensemble le plus vaste comme nous l’avons vu avec le choix de « ils », « on » et « ceux » mais également de donner corps à cette humanité en particularisant cette humanité à travers des exemples plus précis : « Ici, disons un commerçant ou un soldat, ou un juge », exemples précis mais qui montrent aussi qu’aucune catégorie sociale n’est exclue et que toutes peuvent être victime de ce fléau.

L’homme est crédule aussi parce qu’il y a été culturellement préparé, c’est du moins ce qui semble être suggéré par les références à la mythologies, autres « fables » qui bercent l’enfance des hommes, par exemple : « Polyphème » qui d’ailleurs est la représentation de St Christophe sous les traits d’un personnage de la mythologie grecque, les mythes, les superstitions, les religions se confondent ; « Hercule », « le marais de Lerne ».

3. Les manifestations de cette naïveté

Une fois le portrait de l’homme naïf, il s’agit d’illustrer cette crédulité par des exemples, et ceux-ci ne manquent pas car Erasme en profite pour prendre des cas concrets comme point de départ pour une critique plus ciblée, comme nous le verrons ensuite. La recherche du plaisir : Insistance sur le plaisir qui doit amener à la crédulité : l’homme est faible, il se laisse entraîner par ce qui semble agréable : sont « agréables les démangeaisons dont elles [les « fables »] chatouillent les oreilles ». Il revient sur cette idée qui semble nuancer son propos : « les gens qui nourrissent la folle conviction, cependant bien agréable ».

Volonté d’être concret par la multiplication d’exemples, et l’association de saint aux « miracles » qu’ils sont censés accomplir : « s’ils aperçoivent un Polyphème, (…) ils ne mourront pas dans la journée… » (le choix de l’hypothétique n’est à ce titre anodin puisqu’il permet de ne pas utiliser de connecteur entre les deux proposition signifiant ainsi l’absence de lien logique entre les 2 actions même si elles sont associées.

De même, il utilise des énumérations et des renchérissements : « tant de parjures, tant de débauches, tant d’ivrogneries, tant de rixes, tant de meurtres, tant d’impostures, tant de perfidies, tant de trahisons »(énumération)/ « non seulement à soulager l’ennui des heures, mais aussi à procurer quelque profit, surtout pour les prêtres et les prédicateurs » ou « sont approuvées non seulement du vulgaire mais de ceux qui enseignent la religion » (renchérissement).

II. La dénonciation de la religion

Si la critique de la crédulité humaine se fait de façon légère, la dénonciation de la religion qui est faite doit être considérée avec plus de sérieux, car les religieux manipulent le peuple, eux, étant plus instruits, ils encouragent l’absence de sens critique du peuple pour mieux le posséder et en tirer profit.

1. L’hypocrisie : un repentir de façade

La première critique mise en relief par le texte est le fait que la religion chrétienne favorise un repentir apparent, de façade, totalement disproportionné vis-à-vis des fautes qu’il est supposé racheter.

Disproportion entre les attentes et les efforts : « ceux qui s’appuient sur certaines petites formules ou prières magiques qu’un pieux imposteur a inventées pour son plaisir ou son profit, et s’en

...

Télécharger au format  txt (16.7 Kb)   pdf (156.2 Kb)   docx (14.4 Kb)  
Voir 10 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com