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La Mort De Nana

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Par   •  24 Octobre 2013  •  341 Mots (2 Pages)  •  1 101 Vues

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La mort de Nana

Le cadavre commençait à empoisonner la chambre. Ce fut une panique, après une longue insouciance. «Filons, filons, mes petites chattes, répétait Gaga. Ce n'est pas sain.» Elles sortaient vivement, en jetant un regard sur le lit. Mais comme Lucy, Blanche et Caroline étaient encore là, Rose donna un dernier coup d'oeil pour laisser la pièce en ordre. Elle tira un rideau devant la fenêtre; puis elle songea que cette lampe n'était pas convenable, il fallait un cierge; et, après avoir allumé l'un des flambeaux de cuivre de la cheminée, elle le posa sur la table de nuit, à côté du corps. Une lumière vive éclaira brusquement le visage de la morte. Ce fut une horreur. Toutes frémirent et se sauvèrent. «Ah! elle est changée, elle est changée», murmurait Rose Mignon, demeurée la dernière. Elle partit, elle ferma la porte. Nana restait seule, la face en l'air, dans la clarté de la bougie. C'était un charnier, un tas d'humeur et de sang, une pelletée de chair corrompue, jetée là, sur un coussin. Les pustules avaient envahi la figure entière, un bouton touchant l'autre; et flétries, affaissées, d'un aspect grisâtre de boue, elles semblaient déjà une moisissure de la terre, sur cette bouillie informe, où l'on ne retrouvait plus les traits. Un oeil, celui de gauche, avait complètement sombré dans le bouillonnement de la purulence; l'autre, à demi ouvert, s'enfonçait comme un trou noir et gâté. Le nez suppurait encore. Toute une croûte rougeâtre partait d'une joue, envahissait la bouche, qu'elle tirait dans un rire abominable. Et, sur ce masque horrible et grotesque du néant, les cheveux, les beaux cheveux, gardant leur flambée de soleil, coulaient en un ruissellement d'or. Vénus se décomposait. Il semblait que le virus pris par elle dans les ruisseaux, sur les charognes tolérées, ce ferment dont elle avait empoisonné le peuple, venait de lui monter au visage et l'avait pourri. La chambre était vide. Un grand souffle désespéré monta du boulevard et gonfla le rideau. «A berlin! à Berlin! à Berlin!»

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