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La Memoire Involontaire

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Par   •  19 Mai 2013  •  12 678 Mots (51 Pages)  •  875 Vues

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Théorie de la littérature

Cours

Parcours didactique d’une discipline

La critique littéraire française

Elaboré par : Melle BOUALIT Farida

(Maître de Conférence)

Préliminaire :

La notion de « littérature » 23 / 10 / 2004

Le titre de ce cours introductif, « la notion de littérature », suggère comme une évidence que « littérature » est un concept, c’est-à-dire une « représentation intellectuelle d’une idée abstraite ».

Ce « concept » impliquerait que la « littérature » s’est constituée en essence (du latin esse = être), indépendamment de l’objet livre perçu dans le temps et dans l’espace : la littérature serait toujours la littérature en dépit de la variabilité de ses concrétisations (manifestations tangibles sous forme d’œuvres).

Il en est ainsi de la notion même de « concept » (par exemple : le concept de la justice, l’idée de l’arbre, etc.). A l’évidence, il ne peut en être ainsi de la littérature : le concept de littérature n’aboutit pas à une représentation mentale qui engloberait son objet.

Le concept de littérature est donc difficile à définir, à saisir en une formule stable, définitive. Robert Escarpit, qui a rédigé un article « littérature » destiné à figurer dans l’Encyclopédie Universalis reconnaît que « rien n’est moins clair que le concept littérature ».

En effet, cet objet, à savoir la littérature, est mouvant ; son contenu change, évolue à travers l’histoire comme le démontre sans conteste R. Escarpit dans le texte ci-dessus.

D’où cette impuissance à définir la littérature en son essence. Pourtant « La littérature existe. Elle est lue, vendue, étudiée. Elle occupe des rayons de bibliothèques, des colonnes de statistiques, des horaires d’enseignement », comme on peut le constater avec R. Escarpit. Le mot lui-même, littérature, existe depuis le 12e siècle : il provient d’un mot latin : litteratura (écriture), formé à partir de littera (lettre) ; au 15e siècle, littérature signifiait connaissances scientifiques, érudition.

Il est d’usage de considérer la littérature comme l’ensemble des œuvres littéraires.

Une telle définition présuppose l’existence d’un ensemble quantifiable d’œuvres que l’on désigne du terme générique « littérature » ou de celui, composé, de « textes littéraires ».

L’opération est moins innocente qu’il y parait parce que chaque époque fixe ses propres limites à cet ensemble. Donc une œuvre peut en faire partie à une époque mais en être soustraite à une époque. Ceci signifie qu’il existe, dans le champ social, des institutions (par exemple : les académies, les prix littéraires, les médias, etc.) qui ont pouvoir de légitimer telle ou telle pratique littéraire, de décider en fonction des intérêts d’une idéologie donnée (donc d’un régime social donné, d’une classe sociale donnée) de ce qui est littéraire et de ce qui ne l’est pas.

Ainsi, l’objet « littérature », tel qu’entendu ici, évolue, se transforme. Cette historicité de la littérature a été étudiée par R. Escarpit dans l’article auquel nous avons fait référence plus haut. En voici la synthèse :

• De l’Antiquité à l’âge classique (16e – 17e siècles après Jésus Christ) :

La littérature désignait à la fois la science en général et la culture du lettré, son érudition, son savoir, quel qu’en soit le domaine. Un traité de chimie ou de physique ou de mathématique ou encore de philosophie était classé « littérature » ; disons plutôt qu’il était sacré « littérature ». On parlait alors des « sciences des Belles Lettres ». Les Belles Lettres étant ce monument de l’ultime reconnaissance des disciplines gérées par le principe du rapprochement et non par celui de la distinction.

A l’époque, comme l’écrit R. Escarpit « sciences et poésie allaient ensemble » ; il en est, par exemple, de l’histoire et de la poésie qui composent le poème épique ou épopée.

La « littérature » n’avait donc pas de contenu spécifique et ce, jusqu’aux environs du 18e. Roland Barthes explique dans Le degré zéro de l’écriture que pendant tout l’âge classique l’écriture avait pour fonction d’être ornementale, autrement une « forme » au service d’un « fond ».

Des traités de poétique, comme celui de Boileau paru en 1674, réglementaient, codifiaient cette forme (surtout celle du vers) en fonction du critère du « bien dire ». Citons, à cet endroit, l’incontournable Boileau dont le principe fondamentale en art tenait dans sa célèbre formule : « ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement / Et les mots pour le dire arrivent aisément » : la forme (claire) est seconde par rapport à l’idée (abstraite) qu’elle est chargée d’exprimer : l’idée existerait avant sa mise en forme ; ainsi, la forme n’est utile que pour d’ornement à l’idée. Le sens de la littérature tiendrait tout entier en celui de cet ornement, de cette mise en forme d’une matière qui ne lui serait pas spécifique. Elle serait l’ « accident » de la « substance ».

• Au 18e siècle, « sciences et poésie n’allaient plus ensemble ». Leur scission, préparée déjà à la fin du 17e siècle, était consommée : les sciences exactes, à l’instar des mathématiques sorties les premières, vont quitter nettement et définitivement le champ de la « littérature » pour circonscrire leur champs propres. Vers 1666, est créée l’Académie des Sciences (en exclusion de l’astrologie et de l’alchimie auxquelles on ne reconnaissait pas le statut de science).

Ainsi, « littérature » désignait, au 18e siècle, l’art de l’expression culturelle (à distinguer de la culture en général) ; ce sens subsistera jusqu’au 19è siècle.

• Au 19e siècle, ce sont les sciences humaines qui acquièrent leur autonomie

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