LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

La Justice selon B.Pascal

Mémoires Gratuits : La Justice selon B.Pascal. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  11 Avril 2013  •  2 218 Mots (9 Pages)  •  1 443 Vues

Page 1 sur 9

La Justice selon B.Pascal

Fragment 56 : 


Contexte :
 Dans la liasse Vanité, Pascal avait déjà introduit le thème de l'arbitraire de la justice : réflexion amorcée dans le fragment 18 et prolongée dans le fragment 47, soulignant que la justice n'est pas universelle et qu'elle diffère selon les pays. L'absence de relation de cause à effet (habiter de tel côté de la rivière et non de tel autre) démontrait que la justice est vaine. dans la liasse Misère, Pascal prolonge encore sa réflexion sur le manque d'équité de la justice pour démontrer qu'elle engendre la misère de l'homme, puisqu'on le fait croire en ce qui est faux.


Idée générale : 


Le but de ce fragment est plus polémique qu'apologétique. Pascal dénonce l'arbitraire de la justice et démontre, non sans ironie, qu'elle n'est pas fondée. Cette démonstration se déroule en deux temps : d'abord, il met en scène un législateur ( = par exemple celui du fragment précédent) qui se demande comment il va organiser et légiférer ("économie") son pays et réfute ses arguments ; puis, il met en scène des optimistes conscients que la justice ne peut reposer sur les coutumes propres à chaque pays mais qu'elle doit reposer sur des lois naturelles, mais il réfute aussi cette conception en démontrant que la loi humaine universelle et intemporelle n'existe pas.


Mise en scène du législateur :

Pascal se livre à un jeu de questions-réponses : il émet des hypothèses : " Sera-ce sur le caprice de chaque particulier ? Sera-ce sur la justice ?", mais les deux réponses sont réfutées : la première parce que la justice induite par une seule personne ne peut qu'engendrer " la confusion", la seconde pour la seule raison que le législateur "ignore" la vraie justice, il n'est donc pas crédible. Pascal donne ensuite la preuve de cette ignorance et de son incapacité à bien juger : la multiplicité des systèmes de justice, il n'y a pas de justice universelle, ni intemporelle ( noter la valeur éloquente de l'irréel du passé " l'éclat de la véritable équité aurait assujetti tous les peuples")
 Pascal décline ensuite les différents motifs de variations qui expliquent l'inconstance, l'arbitraire, la relativité de la justice :


- La coutume : chaque législateur fait les lois au regard des " moeurs de son pays" ; " la coutume fait l'équité". La justice repose donc sur une justification de fait et non de droit, c'est encore un des "prodiges de l'imagination "
 - "les fantaisies et les caprices" des différents législateurs ( "Perses et Allemands"), "la commodité du souverain" donc l'intérêt personnel alors que la justice devrait être fondée sur l'intérêt commun.


- Le lieu : les frontières sont autant de raisons pour changer de législation, la justice est donc différente dans "tous les États du monde"


- Le climat : " on ne voit rien de juste ou d'injuste qui ne change de qualité en changeant de climat" et Pascal s'amuse à préciser les motifs géographiques (lignes imaginaires) qui en décident : la longitude ( "trois degrés d'élévation du pôle", la latitude ( "un méridien"), les périodes astrales ("l'entrée de Saturne au Lion")


- le temps : "le droit a ses époques" ; " tout branle avec le temps"



Que faire pour sortir de cette impasse ? 
 La réponse de Pascal est sans appel : RIEN et le "législateur le plus sage" sera celui qui entre toutes les faux fondements de la justice choisira le moins mauvais, " le plus sûr" à savoir, la coutume. (lire à ce sujet le fragment 469)
 En effet, si les optimistes pensent, à juste titre ("il y a sans doute des lois naturelles") que la véritable justice "réside dans les lois naturelles communes en tout pays", il n'en demeure pas moins que le principe d'une loi universelle reste une utopie car :

- "cette belle raison corrompue a tout corrompue"


- personne n'est d'accord sur les principes qui doivent gérer la justice ( autorité, fantaisie, coutume ?)


- le hasard décide de tout


Dés lors la diversité s'impose et il serait dangereux de vouloir tenter de remettre en cause un ordre établi selon la coutume, "c'est un jeu sûr pour tout perdre", comprenons, ce serait ébranler l'ordre publique. Il faut donc croire aux lois non parce qu'elles sont justes mais parce qu'elle sont lois". C'est ce que croit le peuple, certes c'est le "piper" mais il faut suivre son attitude. C'est ce qu Pascal nous rappelle dans le fragment 62 : "Il est dangereux de dire au peuple que les lois ne sont pas justes, car il y obéit parce qu'il les croit justes. [...] Par là voilà toute sédition prévenue"
Pascal démontre ainsi que la vraie justice n'est pas de l'ordre de l'humain, mais de l'ordre du divin : " J'ai passé longtemps de ma vie en croyant qu'il y avait une justice, et en cela je ne me trompais pas, car il y en a selon que Dieu nous l'a voulu révéler." (Fg 468)
Pascal veut frapper le lecteur :


- Il expose ce qui se passe par opposition à ce qui se passerait : le potentiel, c'est-à-dire ce qui serait possible si l'homme ne faisait pas reposer la justice sur ce qu'il y a de plus variable, donc de plus injustifié : "On la verrait plantée dans tous les états du monde et dans les mondes" : la notion de "loi fondamentale" (= immuable ) est donc un non sens.


- le recours à l'ironie : les [!], l'antiphrase, " Plaisante justice", l'absurde, les crimes sont justifiés par la position des planètes, les hyperboles, " Trois degrés d'élévation du pôle renversent toute la jurisprudence", la personnification, " un méridien décide de la vérité", les jeux de mots, " une rivière borne la justice" , la chute inattendue ,suivre les moeurs de son pays, c'est-à-dire une raison singulière et particulière, pour désigner "une maxime" qui doit avoir un caractère universel.


...

Télécharger au format  txt (12.5 Kb)   pdf (207.7 Kb)   docx (13 Kb)  
Voir 8 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com