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La Bruyère, Les Caractères (XII, « Des Jugements »)

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Par   •  28 Juin 2013  •  2 073 Mots (9 Pages)  •  11 218 Vues

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La Bruyère, Les Caractères (XII, « Des Jugements ») – 1688.

Jean de La Bruyère « moraliste ».

Genre de prédilection : portrait.

Son principal ouvrage, Les Caractères (1688), but = corriger les hommes de son temps en leur tendant le miroir grossissant de la caricature. Mais il y a aussi, dans Les Caractères, des dissertations plus générales comme ce chapitre XII intitulé : « Des Jugements ». La Bruyère s’y interroge sur la validité des jugements humains.

Intention dominante de cet extrait : Dénoncer l'orgueil et la barbarie des humains,

I. Une argumentation rigoureuse (souci de clarté des classiques)

II. Un réquisitoire contre l’orgueil des hommes

III. Registres polémique et ironique.

I. Une argumentation rigoureuse (souci de clarté des classiques)

 Les hommes se croient supérieurs aux animaux par orgueil.

 En réalité, ils leur sont inférieurs car ils font preuve d'une folie meurtrière.

1er argument : Petitesse de l’homme dans la nature : Le premier argument du texte (l.1 à 6) est d’ordre physique. Face aux « montagnes voisines du ciel », face à l’éléphant et à la baleine, les « petits hommes, hauts de six pieds, tout au plus de sept » ne soutiennent pas la comparaison.

2ème argument : Critique des facultés de jugement des humains :

Le second argument (l.6 à 11) attaque l’homme sur sa prétention à la supériorité intellectuelle. « J’entends corner sans cesse à mes oreilles : l’homme est un animal raisonnable ». Mot familier « corner », « parler très fort » et « ressasser » péjoratif  L’homme se considère comme un « animal raisonnable ».

Jugement sans valeur puisque subjectif : c’est l’homme lui-même qui le porte, A partir de là, toute l’argumentation va s’orienter vers la réfutation du caractère raisonnable de l’homme.

3ème argument : « Légèretés » et «folies des hommes » :

Les lignes 11 à 14  prétérition = nouvel argument contre le caractère raisonnable de l’homme. La prétérition est un procédé de rhétorique : on déclare ne pas vouloir parler d’une chose dont on parle néanmoins par ce moyen. C’est exactement ce que fait La Bruyère : « Je ne parle point, ô hommes, de vos légèretés, de vos folies et de vos caprices… ».

4ème argument : Folie guerrière des hommes : jusqu’à la fin du texte, La Bruyère va critiquer le caractère belliqueux des hommes, qui est la meilleure preuve de la déraison humaine.

a) Concession : il est vrai que les animaux chassent, comme les hommes. (l. 14 -17), verbe « consentir » : « Je consens aussi que vous disiez d’un homme qui court le sanglier (…) : voilà un brave homme ».

b) Opposition : (l.17 à 23) « Mais » La guerre se conçoit entre espèces différentes, « mais » elle est absurde entre individus d’une même espèce comme la pratiquent les hommes. A l’appui de cet argument, La Bruyère passe par une petite fable mettant en scène des animaux et tendant à prouver que les animaux ne se combattent pas au sein d’une même espèce. Sa critique est donc pédagogique, puisqu’il s’efforce de faire voir aux hommes leur orgueil et leur violence par un détour de l’imagination.

Combat de chats en cinq phases : le rassemblement, les cris ou miaulements, l’affrontement, le corps à corps, et le spectacle après la bataille ; le tout sur le modèle d’une bataille humaine. La présence anaphorique de la conjonction « si » =nature hypothétique de comportements aussi absurdes : « si vous voyez… » ; « si l’on vous disait …» ; « et si les loups faisaient de même… ».

c) La Bruyère dénie tout caractère héroïque à la guerre : la dernière phrase hypothétique (le dernier « si », l.23-26) = réfute un argument courant en faveur de la guerre, la valeur de l’héroïsme. Si les animaux justifiaient leurs tueries fratricides par un éloge des vertus guerrières, comme le font les hommes, nous nous moquerions d’eux (« ne ririez-vous pas de tout votre cœur de l’ingénuité de ces pauvres bêtes »).

d) Paradoxe : la « raison » de l’homme mise au service de la « déraison guerrière » : (l.26-37)

 Gradation (cf le jeu des deux connecteurs « déjà »(l.26)-« Mais » (l.32) .

 Le caractère « raisonnable » des hommes, leur supériorité sur les animaux réside finalement dans leur capacité à inventer des armes de plus en plus meurtrières.

Cf.: accumulation des armes l. 28.

Etrange supériorité! Ce paradoxe achève de démontrer l’absurdité de l’orgueil humain.

II. Un réquisitoire contre l’orgueil des hommes

1. L’auteur reproche aux hommes leur souci de la « gloire ».

La Bruyère dénonce l’orgueil, le désir de « gloire», de l’honneur qui pousse les hommes à la guerre : « Et si les uns ou les autres vous disaient qu’ils aiment la gloire… », “c'est là encore où gît la gloire” (l.. 37)

Mais à chaque fois il établit une antithèse entre la soi-disant gloire et la « boucherie » (ligne 22), ou le champ lexical de la destruction « éventrent », « enfoncent » (ligne 37)

La personnification de la gloire la ridiculise : « elle aime le remue-ménage ; elle est personne de grand fracas ». Elle devient un personnage qui aime se faire remarquer et fait donc beaucoup de bruit… Sauf qu’ici c’est avec des armes qu’elle cherche à se faire remarquer !

La définition de l’homme proposée au début du texte : « espèce d’animaux glorieux et superbes » (l.4) avait donc bien un sens péjoratif. (vaniteux et prétentieux)

N.B. Au XVII° siècle, « gloire, glorieux » sens ambivalent :

 1er sens (comme aujourd’hui) : l’honneur reconnu, la réputation justement acquise ;

 2ème sens : le sentiment de satisfaction de celui qui a mérité de tels honneurs (la fierté, l’orgueil légitime)

 3ème sens : l’excessif contentement de soi (la prétention, la superbe, la vanité).

2.

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