LE ROSSIGNOL VERLAINE

« Le Rossignol » (p.58), Poèmes Saturniens, Verlaine

Il est tout d’abord important de savoir que l’adjectif « Saturniens » qui caractérise le recueil de poèmes de Verlaine fait référence à la planète Saturne qui selon le Littré « une planète froide est malfaisante, ennemie de la nature, de l’homme et des autres créatures ». Saturne serait donc une malédiction pour qui la subit.

LE ROSSIGNOL :

« Le Rossignol » = symbole du chant amoureux depuis l’Antiquité grecque, cet oiseau symbolise la perfection du chant. Dans ce poème son chant devient l’expression de la douleur du souvenir amoureux perdu à jamais.

Le Rossignol est donc la métaphore de la voix de l’être aimé.

Fait partie de la section « Paysages Tristes » adressé à Catulle Mendès.

C’est un poème en décasyllabes composé d’une seule phrase qui traite de la douleur du poète face à ses souvenirs douloureux concernant l’être aimé. Un des principaux thèmes du poème c’est donc le souvenir.

Ce poème à une tonalité mélancolique du au souvenir du passé qui hante le poète, d’un passé perdu.

I. Vers 1 à 10 : La passivité du poète face à l’envahissement de ses souvenirs douloureux.

II. Vers 11 à 20 : Le surgissement des souvenirs de l’être aimé.

Problématique : Dans quelles mesures l’envahissement brutal des souvenirs du poète le mène-t-il à une introspection mélancolique entraînant le surgissement du souvenir de l’être aimé ?

LECTURE

I. LA PASSIVITE DU POETE FACE A L’ENVAHISSMENT DE SES SOUVENIRS DOULOUREUX

« Comme un vol criard d’oiseaux en émoi » (v.1) : le souvenir est comparé à un vol d’oiseaux.

« criard » (v.1) : adjectif montrant la souffrance du poète sans la désigner clairement, cet adjectif a un sens péjoratif.

« tous mes souvenirs » (v.2) : l’indéfini « tous » renforce l’idée que la lutte est impossible et donc rend le poète impuissant face à ses souvenirs qui l’envahissent.

Les souvenirs, comparés à un vol d’oiseaux, arrivent de manière brutale sur le poète : « s’abattent » (v. 2). Cette violence de l’irruption est renforcée par la répétition du verbe « s’abattre » que l’on retrouve 3 fois dans le poème (v. 2, 3, 7).

Cette irruption de souvenirs de manière brutale met le poète dans un état de passivité. Cette passivité se remarque donc avec la construction du deuxième vers « Tous mes souvenirs s’abattent sur moi » : le sujet actif du verbe = « souvenirs » tandis que le pronom personnel « moi » est complément circonstanciel.

« S’abattent » (v.3) : première répétition du verbe « s’abattre ».

« le feuillage jaune » (v.3) + « tronc plié d’aune » (v.4) : métaphore qui désigne le cœur du poète. Le cœur du poète est donc symbolisé par un arbre.

« […] le feuillage jaune/ De mon cœur mirant son tronc plié d’aune/ Au teint violet de l’eau des Regrets » (v. 3-5) : symbolise le repliement sur soi du poète, il se recentre sur ses émotions et en particulier sur ses souvenirs créant ainsi une forme de mélancolie. Le poète prend conscience de ses regrets.

« au teint violet » (v.5) : le violet est la couleur de la douceur et du rêve c’est pourquoi on la raccroche à la mélancolie et à la solitude est en parfait accord avec le thème du poème et le ressenti du poète.

« S’abattent » (v.7) : deuxième répétition du verbe « s’abattre ».

« et puis » (v.7) : 1er indicateur chronologique qui montre que le souvenir, après s’être imposé brutalement au poète, s’immisce progressivement dans son âme.

« mauvaise » (v.7) : placé à la rime cela insiste sur le caractère néfaste du sentiment du poète, de cette douleur qu’il ressent face à l’afflux de souvenirs.

« apaise » (v.8) : ce verbe placé à la rime souligne l’importance de l’évolution des sentiments du poète. Après avoir été tourmenté par l’arrivée brutale de ses souvenirs le poète semble à présent apaisé, prêt à faire revivre le souvenir

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