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L'école des femmes, Molière

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Par   •  5 Mars 2018  •  Commentaire de texte  •  4 667 Mots (19 Pages)  •  778 Vues

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Explication de texte

Molière, L’Ecole des femmes (1662), V, 4, v. 1514-1559

Introduction :

Molière est un comédien et dramaturge du 17ème siècle. Il appartient donc au classicisme. Il a marqué l’histoire du théâtre et de la comédie française. Auteur le plus joué encore aujourd’hui, Molière s’est distingué par des pièces qui mêlent le comique, le pathétique et la critique. Il faisait du rire une arme pour combattre les mœurs et les contraintes de son époque.

L’Ecole des femmes est une de ses pièces. Elle est créée au théâtre du Palais-Royal le 26 décembre 1662. Cette pièce novatrice mêlait de manière inédite les ressources de la farce et de la grande comédie en vers. Elle eut un immense succès, mais aussi de nombreuses critiques, notamment pour son « immoralité ». En effet, cette pièce a été écrite l’année du mariage de Molière qui, à quarante ans, avait épousé Armande Béjart, dix-neuf ans, la fille de sa maîtresse, Madeleine, ce qui lui valut de nombreuses attaques et d’être accusé de relations incestueuses. La pièce fait scandale et Molière répond à ses adversaires par La Critique de l'école des femmes.

Lire le texte.

Dans le passage que nous allons étudier (tiré de l’acte V, scène 4), Arnolphe, tuteur d’Agnès, cherche à imposer à cette dernière de l’aimer alors que son cœur est pris par un autre homme – Horace. Mais elle va progressivement lui démontrer qu’il n’a aucun droit de revendiquer son amour.

Il s’agit d’une pièce en cinq actes en vers hétérométriques, mais tout de même dominé par l’alexandrin (il y a 1779 vers dont 1737 en alexandrins). Cette pièce appartient à la fois au registre comique, ironique et pathétique. Nous nous situons pour notre part à l’acte V, scène 4, donc nous sommes très proche de la fin de la pièce.

Nous avons divisé cet extrait en trois parties : la première des vers 1 à 18 où Agnès ouvre le discours et dit clairement qu’elle aime Horace. La seconde des vers 19 à 41 avec une scène d’agôn où Agnès tient tête à Arnolphe. La dernière des vers 42 à la fin où Agnès s’émancipe très nettement et est pleinement consciente de sa condition de femme du 17ème siècle.

L’étude de ce passage a pour but de faire réfléchir sur la place des femmes dans la société ainsi que sur leur droit. C’est pourquoi nous nous poserons la question suivante : Comment Agnès parvient-elle à s’émanciper par rapport à son tuteur et du même coup comment devient-elle une héroïne féminine ?

Partie 1 :

Pour commencer cette première partie, nous constatons qu’Agnès ouvre le discours par un « oui » ferme et résolu, qui fait penser dès le début que le combat est perdu d’avance pour Arnolphe : on le devine, il n’obtiendra pas son amour. Ensuite, dans cette réplique, Agnès organise son raisonnement avec des conjonctions « mais » v1 et 5, et la conjonction de coordination « et » v.4. Cela prouve qu’elle a gagné en assurance au cours de la pièce, et qu’elle sait ce qu’elle dit. De plus, « franchement » v1 est un adverbe intensif qui nous montre qu’Agnès parle en toute honnêteté contrairement à Arnolphe dans le reste de la pièce, qui joue sur deux tableaux auprès de plusieurs personnages. Elle ajoute une note d’intimité dans l’expression « entre nous » à la fin du premier vers de l’extrait, incluant Arnolphe dans sa pensée. Il ne s’agit plus de se cacher mais de s’expliquer, de révéler la vérité au grand jour. Il faut garder à l’esprit que nous sommes à l’acte V, et donc proche du dénouement ; il devient urgent que chacun exprime sa pensée.

Aussi, le pronom personnel de rang 3 « il » introduit le nœud du problème de toute la pièce puisqu’il s’agit d’Horace, l’amant d’Agnès (sens du 17e, relation chaste) et le rival d’Arnolphe. Le problème est qu’Arnolphe justement ne peut pas rivaliser avec Horace qui est « plus » : adverbe d’intensité, de degré supérieur. Horace a quelque chose qu’Arnolphe ne possède pas, souligné par l’expression « que vous » (« plus […] que vous), en fin de vers. De plus, aux v2 et 3, on a presque une anadiplose qui souligne encore le fait qu’Arnolphe est moins bien qu’Horace : « que vous » / « Chez vous ». Agnès appuie son jugement en comparant les deux hommes. Ici, elle parvient à justifier son raisonnement indépendamment de la volonté d’Arnolphe. En se justifiant, en s’expliquant, elle est déjà en train de s’émanciper. Dans ces trois premiers vers, on comprend qu’Horace est plus au goût d’Agnès qu’Arnolphe qui ne peut pas rivaliser. Ce serait le premier argument.

Le deuxième argument qui vient s’appuyer au premier, c’est que chez Arnolphe, le mariage est « fâcheux et pénible » (rythme binaire), c’est-à-dire qu’Agnès a conscience qu’en se mariant à Arnolphe, son mariage sera malheureux. Ici, Arnolphe perd l’avantage, et la situation se retourne contre lui. En effet, dans l’acte III, scène 3, il avait sévèrement enseigné les « usages » du mariage à Agnès qui avait été muette et totalement passive. En fait, c’est déjà à ce moment-là qu’Arnolphe se condamne puisqu’Agnès est intelligente et non crédule sur la personne de son tuteur. Elle sait qu’en s’engageant avec lui, elle se condamnera à une vie faites de malheurs et de complications. L’hyperbole « terrible » au vers suivant (v4) vient souligner son propos une fois de plus. Les discours d’Arnolphe, qu’il s’est pourtant appliqué à réciter pour faire d’Agnès une parfaite épouse, font une « image terrible » du mariage. Or, un mariage heureux est tout ce que peut avoir une femme au 17e siècle. Pourquoi donc Agnès épouserait-elle Arnolphe alors qu’il lui a lui-même enseigné les dangers du mariage ? Elle dénonce ici le ridicule de la situation, le ridicule du souhait d’Arnolphe. Se condamner à épouser un mari sévère et presque tyrannique serait absurde.

Finalement v5, Agnès coupe court à son discours par une exclamation « mais las ! » qui témoigne de sa fatigue / agacement sur ce sujet-là, sujet qui ne mérite pas que l’on s’y épanche trop. Une nouvelle fois, elle introduit une comparaison entre ses deux « prétendants », en insistant sur la personne d’Horace par le pronom personnel de rang 3 « il » suivi du pronom réfléchi de rang 3 « lui », ici encadré par des virgules, mais que l’on accentuait sans doute en jouant la pièce au 17e, puisque la ponctuation n’existait pas autrefois. Bref, il y a une insistance sur les pronoms qui désignent Horace. De plus, « si

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