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L'interprétation du titre de L'interdite de Malika Mokeddem

Cours : L'interprétation du titre de L'interdite de Malika Mokeddem. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  22 Février 2018  •  Cours  •  2 395 Mots (10 Pages)  •  1 003 Vues

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Daphney Vastey

French 541

Dr. Redouane

Devoir final 12/20/17

L'interprétation du titre de L'interdite de Malika Mokeddem

La littérature Francophone d'Algérie est une littérature engagée et ethnographique. Toutefois, toute tentative à regrouper les romanciers algériens soit dans la catégorie d'écrivains engagés, soit dans la catégorie d'écrivains ethnographe est futile. Nombre d'entre eux produisent des œuvres littéraires qui reflètent les deux aspects, soit simultanément, soit séparément. Donc, la littérature algérienne déborde d'œuvre littéraires engagées qui dénoncent les problèmes d'ordre politique, gouvernemental et diplomatique qui déchirent la société algérienne, qu'il s'agit de la colonisation, de la corruption et des déceptions de l'indépendance, des affres des émigrés ou du terrorisme qui faisait rage durant les années 90 (Boughachiche). La littérature algérienne abonde également en romans dits d'une littérature féminine dont la réverbération " des fictions nourries d'expériences de femmes algériennes entre le désir de liberté et d'amour face au pouvoir tyrannique de la société traditionnelle " est le timbre. L'interdite, écrit par Malika Mokeddem dérive de cette classe de littérature. Semi fictionnel, semi autobiographique, ce roman relate l'expérience d'une algérienne qui, retournant dans son pays après de longues années en France se heurte face aux déprédations de la société patriarcal et fondamentaliste sur le genre féminin. La lecture du roman révèle non seulement sa frustration face à cette situation mais également sa croyance que " la modernisation du système établi et le respect des droits de la femme sont indispensables pour résoudre les problèmes qui menacent l'avenir d'Algérie " (Mokeddem). Publié en France en 1993 par l'édition Grasset & Fasquelle qui, selon le site web Bibliomonde .com, est " l'un des grands éditeurs littéraires français publiant des textes de qualité, mais aussi des romans populaires destinés au grand public, des essais, des documents… ", ce roman fut traduit en Anglais en 1998 par Melissa K. Marcus. Titré The Forbidden Woman. Dans les lignes qui suivent on s'évertuera à analyser le titre de la version française de ce roman pour tenter de souligner la signification de L'interdite dans le cadre du contexte socio-politiques de la société algérienne durant les années 90 selon le point de vue de l'auteure, Malika mokeddem.

L'auteur, Malika Mokeddem est née d'une famille nomade analphabète. Elle a eu le rare privilège d'étudier à l'université de Roma. L'éducation universitaire lui était accessible parce que, refusant de se conformer aux règles qui ferait d'elle une bonne petite fille, elle avait toujours un livre au nez, se projetant ainsi en dehors des extrémités désertiques et des traditions qui la renfermaient (Mokeddem). Des années plus tard, pour échapper aux atrocités contre les femmes et les conflits politiques elle s'est exilée en France où elle a étudié la médecine. Pour elle, ce ne fut pas une première exile. Dans une interview avec le journaliste James Dean Le Sueur, elle affirme que sa première exile était d'être rejeter par sa famille qui, ne pouvait pas l'accepter par faute de son ardent désir de s'éduquer (Mokeddem). Mais cela ne l'a pas dissuadé de continuer ses études. Même sans la prétention de devenir une écrivaine, comme elle l'avoue dans son interview mentionnée plus haut, l'écriture est devenue une partie intégrante de sa vie. Elle l'a décrit en ces termes : " […] l'écriture m'est une médecine, un besoin quotidien [...] les mots me viennent naturellement, m'habitent comme par habitude. Et par habitude, ils s'écrivent et me délivrent au fur et à̀ mesure. Écrire, noircir le blanc cadavéreux du papier, c'est gagner une page de vie, c'est retrouver au-dessus du trouble et du désarroi un pointiller d'espoir " (Marcus 225) Non un espoir passif qui soutient l'attente flegmatique des changements souhaités, mais plutôt du genre qui incite à se battre durement pour changer les conditions injustes. C'est dans le cadre de cette lutte que Mokedden a écrit L'interdite pour réclamer la fin de l'injustice sociale contre les femmes algériennes.

Le titre d'un roman est une introduction aphasique au potentiel lecteur, incitant à la lecture soit par sa nature explicite, controversée ou énigmatique. Le titre L'interdite appartient, à cette dernière catégorie. Il provoque des interrogations non seulement sur l'identité de celle qui est interdite mais également sur la nature de l'interdiction ainsi que l'identité de celui qui l'impose. Alors que la réponse à ces questions pourrait être transparente pour le lecteur algérien comme le souligne Boucheffa :

Le titre L'interdite ne dit rien de plus que ce qui est nécessaire pour faire connaître l'objet de l'ouvrage et en même temps il condense cette information en un mot, rapidement assimilable par l'œil et par l'esprit. Ce titre pourrait trouver un écho auprès du grand public Algérien, et principalement chez une catégorie précise de lecteurs, celle que l'on accroche par un terme annonciateur d'affrontements idéologiques. (Boucheffa 91-99).

Toutefois, pour le lecteur non familier à la nature engagée de l'œuvre de Malika Mokeddem et à la situation de la femme algérienne, ce titre ne présente aucun indice sur l'intrigue. Donc, la lecture du roman s'impose pour répondre à ces interrogations. Relevons des passages du roman où le lexème interdit est utilisé pour répondre à ces questions.

Le départ de Mokeddem pour la France, loin d'être volontaire, était motivé par une répugnance pour les lois et les règles exténuantes que la société algérienne imposait aux femmes. Son épanouissement psychologique et intellectuel dépendait de son déplacement physique d'Algérie : " Je venais de renaître et j'éprouvais, tout à coup, une si grande faim de vivre...Peu à peu, les menaces et les interdits de l'Algérie me sont devenus une telle épouvante. Alors j'ai tout fui. " (11). Face à l'islamisation rapide, à l'intolérance générale, à l'instauration des brigades des mœurs à partir des

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