LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

L'impossibilité Du Couple Dans Aurélien, L. Aragon

Note de Recherches : L'impossibilité Du Couple Dans Aurélien, L. Aragon. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Décembre 2013  •  1 617 Mots (7 Pages)  •  1 121 Vues

Page 1 sur 7

Aurélien est un roman d'amour, et le roman de prédilection de Louis Aragon, inscrit dans son cycle romanesque Le Monde réel. Si le sujet de l'oeuvre est une histoire d'amour entre les deux personnages principaux, Aurélien et Bérénice, tous les protagonistes sont vecteurs ou victimes de diverses passions. Cependant, elles semblent d'emblée vouées à l'échec, avant même qu'elles ne commencent dans le cas d'Aurélien et de Bérénice, ou durant leur déroulement, dans le cas de Rose avec le docteur Decoeur.

Aragon écrit dans sa préface tardive à Aurélien : « l'impossibilité du couple est le sujet même d'Aurélien. » A travers cette citation qui exprime le point de vue personnel de l'auteur, nous remarquons le pessimisme dans la conception de l'amour d'Aragon. Nous l'imaginons alors dans l'oeuvre et envisageons une fin malheureuse du roman, de plus, selon l'auteur il n'y a pas de juste milieu possible dans la relation hommes et femmes (« celui qu'on aime, c'est l'adversaire, le seul redoutable » p527) mais c'est là plutôt un rapport de force, illustrant le désordre passionnel que l'on retrouvera dans tout le livre.

On pourra alors se demander si l'impossibilité du couple fait l'unité du roman et comment cela se manifeste-t-il ? N'y a-t-il pas d'autres ingrédients que l'impossibilité du couple ?

Nous étudierons alors l'impossibilité du couple, sujet principal du roman, illustré par l'histoire d'amour principale entre Aurélien et Bérénice, mais également comment on peut le retrouver à travers les histoires d'amour secondaires évoluant en miroir.

I- L'impossibilité du couple est bien le sujet principal du roman

A- Ce thème est illustré par l'histoire principale entre Aurélien et Bérénice, Place importante dans le volume et dans la structure du roman, fin tragique, union impossible.

L'histoire d'amour entre Aurélien et Bérénice occupe la place centrale de l'oeuvre. En effet, elle forme l'unité du roman, malgré une structure qui se révèle complexe avec de multiples épisodes. C'est ce que regrette Max Paul Fouchet, de voir les nombreuses interruptions du récit d'amour rompre avec « la continuité de sa belle ligne classique ». Ainsi, le chapitre XII s'achève sur ce monologue intérieur d'Aurélien observant une femme après le départ de Bérénice avec qui il a dansé au Lulli's : « Ce n'est pas une femme, c'est l'absence. Inutile de lui sourire. Elle est ailleurs, elle est l'ailleurs, la fin muette de la nuit.. » (p146) et le chapitre suivant débute avec ces mots : « Ce vent ! Ce vent ! Monsieur ne se fait pas une idée ! » (p146). Le lecteur comprend quelques lignes plus loin qu'il s'agit des paroles de Madame Duvigne, mais ce dernier ressent une étrangeté et un contraste entre les chapitres, ce qui peut être déstabilisant au début de sa lecture. Malgré ce foisonnement, le roman est centré autour de l'intrigue amoureuse entre Aurélien et Bérénice, et de ce point de vue, le centre de l'oeuvre pourrait être la visite de Bérénice chez Aurélien. Le passage du chapitre XXXV dans lequel tous deux contemplent la Seine est en effet essentiel et annonce en quelque sorte déjà l'impossibilité du couple entre les deux personnages alors même qu'ils sont en train de s'étreindre : « Bérénice dit : « A quoi songiez-vous ? Dites...tout de suite...sans réfléchir... » « Il répondit : « J'aimerais mieux me tuer que de vous répondre... » (p324). Aurélien reste, dans cette scène, en proie à l'obsession de la mort qui le hante depuis la fin de la guerre 14-18 dont il ne s'est jamais remis, si bien qu'il l'a personnifie : « je n'ai eu qu'un seul, terrible et long collage (...) la guerre (...) Il ne faut pas lui donner l'occasion de me poursuivre, à cette vieille maîtresse. Elle me fait horreur. » (p255). Par cette métaphore, Aurélien semble entretenir une relation amoureuse avec la guerre, ce qui n'est pas compatible avec un amour heureux. Quant à Bérénice. comme le montre le chapitre XXXVI, son goût de l'absolu la tient à distance de la vie réelle : « Quel bonheur résisterait à ce vertige, à cette exigence toujours renouvelée ? Cette machine critique des sentiments, cette vis a tergo du doute, attaque tout ce qui rend l'existence tolérable, tout ce qui fait le climat du cœur. » Bérénice est atteinte d'un profond mal être qui l'empêche d'accéder au bonheur. Ainsi la rencontre de ces deux personnages ne peut aboutir au bonheur qu'un couple est censé vivre ; ils sont tout deux en proie à l'identification à l'être aimé et subissent même l'emprise d'une image plus dangereuse encore : celle d'une morte, l'inconnue de la Seine qui est déjà présente dans la vie d'Aurélien lorsque Bérénice le rencontre. Ainsi le contact échoue entre eux car pour chacun le songe prévaut sur la personne, et le songe d'Aurélien gagne sur celui de Bérénice. Lorsque Aurélien tente de la prendre dans ses bras ; « il embrassait une morte, elle le laissait faire avec une passivité affreuse, bien pire que la rébellion, que la lutte » (p467).

...

Télécharger au format  txt (10.2 Kb)   pdf (109.8 Kb)   docx (11.8 Kb)  
Voir 6 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com