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L'importance du bal dans Madame Bovary

Commentaire d'oeuvre : L'importance du bal dans Madame Bovary. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  29 Novembre 2015  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 619 Mots (7 Pages)  •  3 411 Vues

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Vendredi 30 octobre 2015

Littérature : Devoir maison

Quelle est l'importance du bal dans l’œuvre Madame Bovary ?

        Les Bovary sont un couple de paysans, donc pas du monde du marquis d'Andervilliers qui, à la base, était le patient de monsieur Bovary. Ensuite, à la demande du marquis, Charles Bovary lui donna des boutures de cerisiers, et quand il vint l'en remercier, il « trouva qu'Emma avait une jolie taille et qu'elle ne saluait point en paysanne ; si bien qu'on ne trouva pas au château outrepasser les bornes de la condescendance, ni d'autre part commettre une maladresse, en invitant le jeune ménage » (I, 8 p 61). Cette remarque, ainsi que les mots condescendance et maladresse montrent que le couple n'est que toléré au sein du monde de la noblesse grâce à l'initiative personnelle du marquis. Mais explicitement, cela signifie également que le couple Bovary n'en fait donc pas parti. La problématique est donc la suivante : Quelle est l'importance du bal dans l'oeuvre Madame Bovary ? Nous analyserons dans ce commentaire comment est traité l'épisode du bal, d'abord de manière intra diégétique, puis extra diégétique, ensuite nous verrons les répercussions de cette scène sur la vie d'Emma, et enfin, la fin du personnage.

        Dans cet épisode, nous pouvons observer une dilatation du temps, le temps est traité par heures : « à 3h, à 7h, à 3h du matin », comme dans l'épisode de la mort d'Emma. Emma est fascinée par ce qu'elle est entrain de vivre, alors elle essaye de tout capter, et entend des conversations « merveilleuses » : « le Colisée au clair de lune ; les roses de Gênes... », « Emma écoutait de son autre oreille une conversation pleine de mots qu'elle ne comprenait pas » ; elle fut tellement émerveillée par ce qu'elle avait vécu, qu'elle n'en dormi pas après le bal. Cet épisode est également particulier par la réalité paysanne que fait ressortir Flaubert dans cette scène : un domestique casse deux vitres, de l'autre côté du « miroir brisé », alors « Madame Bovary tourna la tête et aperçut dans le jardin, contre les carreaux, des faces de paysans qui regardaient. Alors le souvenir de Bertaux lui arriva. Elle revit la ferme, la mare bourbeuse, son père en blouse sous les pommiers, et elle se revit elle-même, comme autrefois, écrémant avec son doigt les terrines de lait dans la laiterie. ». On retrouve enfin des figures de style quand Flaubert décrit la scène de la valse, quand Emma est invitée une seconde fois par le Vicomte : il y a des inversions, des chiasmes : «ils tournaient ; tout tournait... Les lampes, les lambris... Tournant toujours... » (le parquet tourne à la place des valseurs), « ceux qui commençaient à vieillir avaient l'air jeunes, tandis que quelque chose de mûr s'étendait sur le visage des jeunes. » (67), « à travers leurs manières douces, perçait cette brutalité particulière que communique la domination de choses à demi faciles »

        Flaubert a passé énormément de temps sur son ouvrage, surtout sur cette scène en particulier, il l'a réécrite plusieurs fois, on peut donc dire que « vingt fois sur le métier il a remit son ouvrage » : Lors de sa correspondance avec Louise Collet, Flaubert lui a affirmé avoir retiré toutes les conversations entre les hommes dans cette scène du bal pour la rendre plus vivante. Il voulait qu'il n'y ai plus de discours direct et que la scène soit vécue à travers le regard de Emma.

        Après la valse, Emma cherche à prolonger l'illusion de cette vie luxueuse : « la musique bourdonnait encore dans ses oreilles »(69), malheureusement pour elle, revint à la réalité : « Emma silencieuse regardait tourner les roues ». Après le bal (chapitre huit), Emma tourne en rond dans son jardin et se pose énormément de questions : « la journée fut longue, le lendemain ! Elle se promena dans son jardin et, passant et revenant par les mêmes allées, s'arrêtant devant les plates-bandes, devant l'espalier, devant le curé de plâtre, considérant avec ébahissement toutes ces choses d'autrefois qu'elle connaissait si bien. Comme le bal lui semblait loin ! Qui donc écartait, à tant de distance, le matin d'avant hier et le soir d'aujourd'hui ? Son voyage à la Vaubyessard avait fait un trou dans sa vie, à la manière de ces grandes crevasses qu'un orage, en une seule nuit, creuse quelquefois dans les montagnes. ». Elle fut si déçue quand elle comprit que la bal ne se reproduirait plus : « l'avenir était un corridor tout noir, et qui avait au fond se porte bien fermée. », « J'ai tout lu, se disait-elle » (81) : l'ennui entraîna la maladie nerveuse d'Emma et donc la décision de Charles de quitter Tostes. Ce bal détourne Emma de son mari : « quel pauvre homme », seulement, Charles, le mari d'Emma, est « l'instrument » qui précipite Emma sur d'autres chemins, et dans cette scène, c'est lui qui trouve le porte-cigare (c'est également lui qui va écrire la première lettre à Rodolphe et qui précipite Emma dans les bras de Léon au théâtre de Rouen). Ce porte-cigare deviendra un objet de fétichisme pour Emma car c'est l'objet auquel elle raccroche ses rêveries (chapitre neuf). Elle jette également son bouquet de mariage au feu mais conserve les porte-cigare dans son armoire, cela signifie qu'elle ne veut plus de son mari, qu'elle veut la vie dont elle rêve, mais garde le porte-cigare par espoir ; il y a un sens très symbolique à cela. Enfin, elle offrit ce porte-cigare à Rodolphe. On retrouve encore des fragment du bal dans la vie d'Emma, xomme le fait qu'elle appela sa fille Berthe : « enfin, Emma se souvint qu'au château de la Vaubyessard elle avait entendu la marquise appeler Berthe une jeune femme ; dès lors ce nom là fut choisi ». Au chapitre neuf, Emma rêve, ce qui va l'amener à acheter un plan de Paris (I, 9 page 74) : « elle souhaitait à la fois mourir et habiter Paris » (77). Aux comices agricoles, lorsque Rodolphe est entrain de la séduire, « elle se rappela le vicomte » (II, 8 page 177), ce qui prouve la confusion mentale d'Emma puisqu'elle « mélange » le vicomte, Rodolphe et Léon : « il lui sembla qu'elle tournait encore dans la valse, sous le feu des lustres, au bras du vicomte, et que Léon n'était pas loin, qu'il allait venir ». Ce bal est le premier adultère symbolique d'Emma car  elle va interdire à Charles de danser et elle, va danser deux fois avec le vicomte ; elle garde également le porte-cigare comme une sainte relique et brûle son bouquet de mariage : c'est là-dessus que se termine la première partie du roman. Enfin, Emma ne retrouvera jamais les sentiments et les sensations initiales du bal car ce fut un moment de cristallisation unique, comme un monde merveilleux dans lequel elle est entrée et ressortie aussitôt.

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