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L'ideologie dans la littérature negro-africaine d'expression française

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Par   •  19 Avril 2015  •  Analyse sectorielle  •  3 239 Mots (13 Pages)  •  1 555 Vues

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L'IDEOLOGIE DANS LA LITTÉRATURE NEGRO-AFRICAINE D'EXPRESSION FRANÇAISE

DE GUY OSSITO MIDIOHOUAN

Mathias DOSSOU

Pour une historiographie nouvelle

On se souvient sans doute de L'utopie négative d'Alioum Fantouré : essai sur Le cercle des tropiques[1] qui a impressionné plus d'un par son ton percutant et sa "rupture nette avec tout conformisme facile ou sécurisant"[2]. Voici que son auteur Guy Ossito Midiohouan nous revient avec L'idéologie dans la littérature négro-africaine d'expression française, un ouvrage qui dérange... bon nombre de positions [PAGE 228] acquises, d'idées reçues, de préjugés commodes, bref le vieil ordre établi en matière de critique de la littérature négro-africaine d'expression française[3]. Il ne s'agit de rien moins qu'une réappropriation du discours sur l'Afrique longtemps confisqué par l'Occident et un redressement de l'historiographie littéraire négro-africaine.

En soi, ce double projet n'est pas nouveau, Dans les années 60, une vive réaction des spécialistes africains contre les mutilations et les déformations de notre histoire par certains historiens européens devait aboutir grâce à l'appui de l'Unesco à la réalisation d'une monumentale Histoire générale de l'Afrique[4]. L'ouvrage par sa vision de l'intérieur à la fois dynamique et intègre, allait faire date. Les historiens africains eurent des émules dans les autres sciences humaines.

En ce qui concerne la critique de la littérature africaine d'expression française, Pius Ngandu Nkashama à travers sa Littérature africaine écrite[5] fait figure de pionnier sur la voie de la "remise en cause systématique de certaines idées reçues jusqu'alors". C'est du moins l'avis de Guy Ossito Midiohouan qui situe son présent travail comme le prolongement et l'approfondissement de sa "perspective nouvelle, plus véridique, dépouillée de l'obsession délirante de la négritude naguère engendrée par la fascination de Harlem et du quartier Latin qui nous a valu bien des discours pédants et creux".

Certes les premiers critiques de la littérature négro-africaine d'expression française (pour la plupart des Européens) ont eu le mérite d'avoir "incontestablement contribué pour une [PAGE 229] part non négligeable à la reconnaissance de cette littérature dans le monde entier ainsi qu'à son institutionnalisation", estime le critique, le recul du temps et les progrès de la recherche permettent de relever des errements, des dérapages mêmes dans l'historiographie dominante, celle des Thomas Melone, Lilyan Kasteloot et Jacques Chevrier. Et puisque lesdits errements ont été commis à l'abri de nombreuses confusions dans les définitions, c'est à préciser son objet, son champ d'investigation et sa désignation que s'attelle le critique dans son chapitre premier. Pour ce faire il examine minutieusement les diverses dénominations et les critères qui les fondent, signalant leurs insuffisances et/ou leurs nuisances, il en vient à valider l'appellation de "littérature négro-africaine d'expression française". Ce qui apparaît au mieux comme un modus operandi car, et c'est l'auteur lui-même qui conclut, "la littérature négro-africaine est difficile à définir, et c'est là même un élément essentiel de sa définition que cette propriété d'être difficile à définir." En effet les désignations et les champs ne sont pas seulement nombreux et différents à une même période mais ils sont aussi sujets à des fluctuations au fil du temps. Dans une "Etude diachronique de la désignation", le critique distingue trois temps : "Le temps de la ferveur et des grands mythes (1910-1950)" caractérisé par l'émergence d'une conscience raciale et d'une vision pannégriste des Noirs; "Le temps des différenciations..." à partir des années 50, c'est le reflux du pannégrisme au profit de la dimension géographique et le repli des différentes communautés noires sur les contextes socio-politiques locaux. "Et des nationalisations" où on assista vers la fin des années 70 à la balkanisation de la littérature négro-africaine en autant de littératures nationales que de micro-Etats en Afrique post-coloniale. Guy Ossito Midiohouan dénonce la perversité de cette tendance critique qui ressemble, à ses yeux, à une manipulation idéologico-politicienne.

Le terrain ainsi balisé, le critique peut aborder le phénomène littéraire négro-africain proprement dit suivant une perspective dynamique profondément intégrée à l'histoire. De 1920 à 1981, il détermine trois grandes périodes qui se rapporlent [PAGE 230] effectivement à l'évolution globale des peuples concernés. Aussi fait-il précéder l'analyse de la production à chaque étape par une étude du cadre historique et idéologique et des réalités socio-politiques.

Ainsi le deuxième chapitre est consacré aux "Facteurs de la production littéraire (1900-1960)". La nature de l'enseignement, l'infrastructure éditoriale, l'état de la culture en Afrique sous domination française et belge sont passés en revue. Un accent est mis sur le rôle idéologique de l'école coloniale dans la formation d'une élite indigène servile.

Le troisième chapitre "La genèse entre l'ambiguïté et la compromission (1920-1945)" couvre la première période de la production. Il retrace les débuts de cette littérature, réinsère dans notre mémoire et notre jugement des pans entiers à savoir "le roman colonial négro-africain" et le théâtre indigène généralement occultés par l'historiographie dominante. A l'opposé de cette dernière, Guy Ossito Midiohouan fait grand cas du pôle africain de création plus ancien que le pôle européen qui a focalisé l'attention de la critique traditionnelle. Dans ce pôle africain sont recensés chronologiquement "Ahmadou Mapaté Diagne, pionnier de l'école française", "René Maran et Batouala"; "Massyla Diop et la Psychologie du néo-nègre"; "Bakary Diallo, le tirailleur"; "Félix Couchoro, le moraliste chrétien"; "Ousmane Socé Diop et le métissage culturel"; "Paul Hazoumé, l'éthnologue", "le théâtre pontin et ses dérivés". Pour l'auteur, les tout premiers romanciers et dramaturges

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