L'ambition de Charles Aznavour
Mémoire : L'ambition de Charles Aznavour. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar solange13 • 25 Septembre 2014 • 1 015 Mots (5 Pages) • 740 Vues
Chacun rêve de réussir sa vie, il s’agit d’une ambition légitime et universellement
partagée comme le souligne Paul Valadier dans un article du numéro 1 de la revue Études
publié en 2008. Et cela n’est d’ailleurs pas nouveau : Émile Zola avait déjà fait de l’ambition
de l’un de ses personnages, Octave Mouret, le cœur de son roman Au Bonheur des Dames
publié en 1883. Plus récemment, deux chansons françaises très populaires ont abordé le même
thème : Charles Aznavour en 1960 en s’inspirant de son ambition de jeune chanteur dans « Je
m’voyais déjà » et le groupe Téléphone, en 1984, en insistant plus sur la dimension utopique
du phénomène. À la suite de P. Valadier qui s’interroge dans son titre sur la nécessité de
réhabiliter l’ambition, on peut dès lors se demander si l’ambition doit toujours être considérée
comme une manifestation positive de notre capacité à rêver. On se penchera sur les problèmes
que posent un excès d’ambition ou l’imparfaite satisfaction de nos aspirations. Mais on
envisagera aussi ce que l’ambition peut apporter de positif.
L’ambition a, souvent à juste titre d’après P. Valadier, très mauvaise réputation. On
reproche aux ambitieux leur matérialisme et leur égoïsme. Leur volonté de réussir les
conduirait à mépriser leurs semblables. En fait, d’après P. Valadier, les gens très ambitieux
privilégient tellement leur propre succès qu’ils ruinent en fait les valeurs sur lesquelles la
société repose. Émile Zola a lui aussi constaté cette dérive dans son roman Au Bonheur des
Dames : pour réaliser son rêve de succès commercial, le personnage d’Octave Mouret en vient
à dépersonnaliser les femmes qui fréquentent son immense magasin. Il ne considère plus ses
clientes que comme les membres d’un culte dont il serait le chef, il n’envisage pas les femmes
comme des individus mais comme une masse informe, presque comme un troupeau
d’animaux. Le protagoniste de la chanson « Je m’voyais déjà » est lui aussi tellement
obnubilé par son rêve de réussite, qu’il en vient à envisager les personnes comme de simples
instruments de sa réussite, songeant à ses futures admiratrices comme à de véritables trophées
symbolisant son succès. Le personnage évoqué par Charles Aznavour semble donc
complètement obsédé par son ambition au point d’en oublier tout le reste. Il en vient même,
afin de réussir, à sacrifier ses maigres économies. Il n’est d’ailleurs pas le seul à adopter un comportement à risque à cause de son ambition. Le protagoniste de la chanson de Téléphone
n’hésite pas, en effet, à prôner un comportement destructeur pour faire advenir l’autre monde
auquel il aspire.
Même si on est prêt à tout pour réaliser ses rêves, on risque cependant d’échouer et
d’être confronté à une grave désillusion. L’autre monde évoqué par le groupe Téléphone est
certes attractif, mais il semble bien chimérique. P. Valadier souligne quant à lui à quel point la
poursuite d’une ambition peut s’avérer nocive tant elle implique de sacrifices et de
renoncements. Charles Aznavour en donne une illustration dans le texte de sa chanson de
1960 : son personnage a tout sacrifié à son ambition, mais il n’a jamais rencontré le succès
artistique.
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