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« Je suis moi-même la matière de mon livre » Pensez-vous que cette affirmation soit justifiée ?

Dissertation : « Je suis moi-même la matière de mon livre » Pensez-vous que cette affirmation soit justifiée ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  14 Décembre 2022  •  Dissertation  •  1 946 Mots (8 Pages)  •  1 257 Vues

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LAHLAH Justine

L2LAH

« Je suis moi-même la matière de mon livre »

Pensez-vous que cette affirmation soit justifiée ?

        À l’origine le terme Renaissance ne qualifiait pas la période historique du XVIe siècle car il ne concernait que le domaine des arts.  La peinture à la Renaissance était un sujet très important, ce qui peut expliquer pourquoi Montaigne, dans son Avis au lecteur, utilise la métaphore de la peinture pour expliquer la démarche de son œuvre « Car c’est moi que je peins ». Nous pourrions penser qu’il s’agit d’une œuvre autobiographique mais il n’en est rien. Plus loin dans son Avis au lecteur, Montaigne affirme « Je suis moi-même la matière de mon livre ». En effet, même si les Essais n’ont rien d’un texte autobiographique il s’agit tout de même de  la production d’une seule pensée, celle de Montaigne, qui a donné naissance à toutes les réflexions présentes dans son œuvre. La pensée de Montaigne va développer plusieurs réflexions autour de sujets variés. Il convient donc de se demander en quoi le portrait de Montaigne se dessine-t-il à travers un ensemble de sujet hétérogène ? Dans un premier temps nous aurons l’occasion de découvrir comment Montaigne nous parle directement de lui au cours de son œuvre. Et dans un dernier temps nous verrons comment, pour Montaigne, parler de lui c’est également parler des autres.

        Dans un premier temps, Montaigne nous propose des extraits de son expérience personnelle pour éclairer son propos. De façon banale, il nous parle de ce qu’il apprécie ou non comme dans le chapitre V, lorsqu’il affirme «je me fis aisément à la foi d’autrui». Malgré le contexte des guerres de religion Montaigne n’hésite pas à affirmer sa foi catholique qui fait partie de lui. Les Essais reposent sur les certitudes personnelles de Montaigne, cependant il ne se concède aucune autorité et il ne prétend pas transmettre une vérité absolue. Son seul but est de partager ce qu’il croit vrai, ses doutes,  ses oppositions et  ses convictions personnelles . Il y fait référence dans le chapitre XXVI, De l’institution des enfants lorsqu’il écrit : «Ce sont ici mes sentiments et mes opinions et les donne pour ce que je crois, non pour ce qui est à croire.» C’est aussi dans ce chapitre qu’il  tente d’éclairer les rapports entre la culture et les hommes. Pour Montaigne il s’émancipe intellectuellement de l’autorité des dogmes car peu importe le savoir il doit être mis à l’essai.  En effet, Montaigne fait l’essai de son jugement et de ses facultés naturelles. Le thème d’un essai n’est pas étudié pour son intérêt propre mais pour ce qu’il permet d’indiquer sur les capacités de l’esprit qui a produit la réflexion donc celui de Montaigne.  C’est en ayant cela à l’esprit qu’on peut comprendre cet extrait du chapitre XXXIX, De la solitude:  «La chose la plus importante au monde, c'est de savoir être à soi.».

         Cette pensée est en mouvement, elle évolue comme Montaigne au fil des années. Nous pouvons dire que Montaigne est un esprit en mouvement car il se relit sans cesse et fait de nombreux ajouts. Ce n’est plus qu’un simple portrait, cela va au-delà de ça car à travers son œuvre nous pouvons remarquer le regard que Montaigne a sur lui-même. Nous pouvons donc remarquer dans les Essais les nuances de sa pensée d’homme ordinaire qui est changeant.  Il illustre cette idée grâce à des métaphores sur le thème du mouvement comme dans le chapitre VIII, De l’oisiveté, où il compare son esprit à un « cheval échappé », comparaison qu’il fait à plusieurs reprises dans son œuvre notamment dans le chapitre IX, Des menteurs, « Et c’est chose difficile de fermer un propos et de le couper depuis qu’on est arrouté. Et n’est rien où la force d’un cheval se connaisse plus qu’à faire un arrêt rond et net. ». Il est difficile d’avoir une opinion arrêtée lorsque l’on réfléchit, cela signifie donc que Montaigne écrit selon le rythme de son esprit. Ceci implique  que faire l’essai de son jugement  nécessite une certaine liberté, cette idée est peut être illustrer par cet extrait du chapitre XL, Considération sur Cicéron « Je commence volontiers à écrire sans projet précis : la première idée amène la seconde ». La démarche philosophique de Montaigne tend donc vers le devenir car  l’esprit de Montaigne est toujours en mouvement, il fait souvent référence à cet esprit en mouvement grâce à des métaphores d’abord celle du « cheval échappé » mais aussi en comparant son esprit à un courant d’eau. Au début du chapitre L, De Démocrite et Héraclite,  nous pouvons lire : «Et puis le trouvant trop profond pour ma taille, je me tiens à la rive», il semble qu’ici, Montaigne compare la connaissance acquise par son esprit comme un courant d’eau toujours en mouvement, comme un flux continuel qui ne cesse de s’enrichir.

         Certes tout au long des Essais, Montaigne parle de lui de façon direct, en évoquant son expérience personnelle et sa pensée en mouvement. Mais ce n’est pas sa seule façon de nous parler de lui. Pour parler de lui Montaigne fait parfois le choix de parler des autres.

        Dans un second temps, Montaigne nous prouve que parfois parler des autres c’est aussi parler de soi. Dans le chapitre XXVIII, De l’amitié, Montaigne évoque son amitié avec La Boétie pour pouvoir ensuite développer sa réflexion sur l’amitié. Ce motif est présent dans les Essais car il est très présent depuis l’Antiquité mais surtout parce que c’est quelque chose qui a beaucoup compté pour Montaigne. Dans ce chapitre, il part de son expérience personnelle au lieu de partir d’une citation comme il a l’habitude de le faire. Cela montre que  l’autorité sur laquelle Montaigne s’appuie devient de plus en plus lui-même.  C’est en définissant ce qu’est l’amitié pour lui qu’on comprend un peu mieux qui est Montaigne. De plus la métaphore du peintre qu’il utilise en dit beaucoup sur lui, lorsqu’il nous fait part de l’image du beau tableau central, donc l’œuvre de La Boétie, entouré de grotesques qui serait les Essais de Montaigne. Grâce au mot grotesque il caractérise son œuvre et donc sa pensée comme étrange et a priori sans ordres. Mais il est faux d’affirmer que les Essais de Montaigne sont réellement sans ordres car par exemple dans le chapitre XXVIII, de l’Amitié, Montaigne s’emploie à définir l’amitié de façon plus claire et plus organisée.

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