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Jack prévert

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Par   •  22 Novembre 2015  •  Dissertation  •  1 343 Mots (6 Pages)  •  2 876 Vues

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JACQUES PRÉVERT

1900 - 1977

Le brillant et populaire Jacques Prévert (1900 - 1977) est un poète et scénariste français. Connu pour son langage populiste et son attention au quotidien, Prévert se lie d’abord au Surréalisme. Il en retient principalement son principe de liberté. Sa poésie souvent visuelle se revêt d’un aspect magique même lorsqu’elle va à l’encontre des institutions. Sa parole poétique révèle sensibilité et liberté rythmique.  Ses poèmes sont mis en musique, récités par Yves Montand et Juliette Gréco, et il est le sujet d’une chanson de Serge Gainsbourg. Prévert devient le porte-parole de la génération d’après-guerre.

Commentaire

« Le Sultan » est issu du recueil Paroles, écrit en 1946 par Jacques Prévert. Celui-ci est un écrivain du XXème siècle, siècle de l’essor de la poésie moderne. J. Prévert a notamment participé au mouvement surréaliste avec André Breton. Ce poème décrit la vie d’un sultan qui vit dans les montagnes de Cachemire. Mais n’a-t-il qu’une fonction narrative ? N’a-t-il pas une fonction impressive ? Ne fait-il pas aussi passer un message ?

Premièrement, « Le Sultan » est un récit bref et plaisant à lire.
En effet, ce poème de seulement 32 vers raconte une histoire. On y trouve le schéma narratif classique de tout récit :
- situation initiale : Le sultan de Salamandragore mène sa vie : il tue le jour et dort la nuit.
- élément perturbateur : Un jour, il fait un cauchemar qui le réveille en sursaut. 
- péripéties : Le bourreau arrive. Il s’ensuit un « dialogue » entre lui et le sultan. Le sultan adécidé de tuer tout le monde. 
- élément de résolution : Sa décision est exécutée par le bourreau.
- situation finale : Il ne reste plus que le sultan et le bourreau, qui doit rester et tuer le sultan si celui-ci se rendort.
De plus, le récit nous emmène dans un lieu lointain et imaginaire : l’action se déroule dans un lieu oriental « Cachemire », « sultan », « Salamandragore ». Le récit est entraînant, vif, car le nombre de verbes d’action est considérable par rapport à nombre de verbes : environ treize verbe d’actions , tel que « s’endort », « se cachent », « dévorent »,« se réveille », « poussant un grand cri », « arrive »... contre un verbe d’état : « reste ». Le récit est aussi vivant grâce au dialogue au discours direct entre le sultan et le bourreau, qui alterne avec l’action : « dit le sultan » (apparaît trois fois), « dit le bourreau » (deux fois) et « et le bourreau répond D’accord », le discours direct, bien que les signes de ponctuation l’accompagnant habituellement ( : « » ) ne soient pas présents, est repérable au verbe « dire » et à la majuscule de chaque premier mot que prononce le personnage. 
Enfin, le récit est aussi plaisant de par sa langue. On est face à un langage poétique. 
Les rimes donnent une certaine sonorité au texte : on trouve par exemple une rime suffisante vers 2 et 4 : «Salamandragore » et « s’endort ». Des allitérations sont aussi présentes : « le sultan de Salamandragore » (vers 2).L’allitération en « s » émet un certain sifflement qui pourrait faire penser à un serpent. Ce serait une image pour montrer le sultan en un homme qui n’a aucune pitié de ses proies. Les vers, qui ont un nombre sans cesse changeant de syllabes, donnent au texte un rythme original et dynamique. Le vers 7, par exemple, est un décasyllabe. Le vers 8 est plus court, seulement six syllabes, ce qui illustre bien son contenu : le cri est strident et bref. Les deux vers qui suivent sont, eux, réguliers et plus longs (dix syllabes). C’est le bourreau qui arrive « souriant » et nonchalamment. Il est encore endormi, on l’a « tiré de son sommeil ». La versification a ainsi un effet illustratif très intéressant et qui contribue aussi au charme du texte, sur lequel Jacques Prévert a effectué un véritable jeu et recherche sur la langue.

Deuxièmement, « Le Sultan » a une fonction didactique et critique. Vu la date d’écriture du poème, il à été écris un an seulement après la fin de la guerre. On pourrait donc penser que Jacques Prévert fait référence au nazisme. Le sultan de Salamandragore ne serait autre qu’Hitler. De plus, J. Prévert utilise le présent d’énonciation, ce qui pourrait actualiser le récit.
Le Sultan n’a pour seules occupations que « faire tuer » et dormir (
« il s’endort ». Ces deux verbes dénotent une certaine passivité. Le Sultan est ainsi montré comme un paresseux. 
C’est quelqu’un de cruel. On le voit notamment à la longue accumulation de six vers (vers 20 à 25), où on précise qui est « tout le reste » qui va être tué. Le fait que celle-ci soit longue, six vers, appuie sur l’insensibilité du sultan et du bourreau. Celle-ci est aussi accentuée par le fait que les victimes soient des êtres humains et des animaux et que les adjectifs qui caractérisent quelques-unes d’entre elles soient mélioratifs « bon vieillard intègre », « douce brebis ». Elles sont ainsi montrées comme inoffensives et innocentes.
Après que le sultan ait fait tuer tout le monde, la seule phrase qu’il prononce est « Comme ça ça va ». Ce décalage entre l’acte qu’il vient de commettre indirectement à travers le bourreau et ses paroles est encore une preuve de son indifférence et de sa cruauté. Mais il n’est pas qu’insensible à la mort des autres. Il l’est aussi à la sienne :
« Mais reste là bourreau 
(...) Et tue-moi 
Si jamais je me rendors ».

Le bourreau, lui est montré comme une marionnette du sultan. Il exécute les ordres machinalement, sans réfléchir, sans regard critique : « comme le sultan l’a dit ». Il est insensible aux crimes qu’il commet. Il est aussi montré comme quelqu’un de bête, d’idiot, inculte. Il ne sait dire qu’un mot « D’accord », comme le prouve ce passage du poème :
« Et le bourreau répond D’accord
(...) D’accord dit le bourreau
C’est tout ce qu’il sait dire »
Il répond toujours avec ce mot aux questions du sultan, quelles qu’elles soient.
Cette exagération du caractère des deux personnages principaux du poème montre que Jacques Prévert s’en moque. De plus, l’auteur raconte cette histoire avec une certaine ironie. Celle-ci est notamment décelable grâce au passage « S’il n’y avait pas de vivants // (...) Il n’y aurait pas de morts » qui le dévoreraient « dans ses cauchemars ». Il décide donc de tuer tout le monde. Or c’est une logique absurde, car toutes les personnes vivantes qu’il tue dans ce poème vont devenir des morts.
Le lecteur comprend ainsi que l’auteur critique le Sultan et son bourreau. On peut donc tirer différents enseignements de leur histoire, tel que :
-il ne devrait pas être possible que les personnes à la tête d’un Etat abusent de leur pouvoir.
-il ne faut jamais rester passif si des crimes horribles sont commis. Le bourreau, sur qui tout reposait, aurait pu, en se révoltant, éviter tous ces morts. Mais le sultan a bien pris la précaution de prendre quelqu’un de pas très intelligent et cultivé, à qui il peut se fier.
-il peut être dangereux de confier le pouvoir dans la main d’une seule personne. Il n’y a en effet dans ce poème que le sultan qui gouverne. Il n’est pas questions de ministres ou d’assemblée nationale ... qui rétablirait un équilibre. On est donc ici face à une critique du totalitarisme.

Ce poème peut être considéré comme un apologue, car c’est un récit bref et plaisant à portée morale. C’est en effet un poème de seulement 32 vers qui répond au schéma narratif classique d’un récit. L’histoire racontée est plaisante à lire, car elle nous emmène dans un lieu lointain et car sa langue poétique est un jeu sur les mots. Mais grâce au registre satirique décelable notamment à l’exagération des caractères des deux personnages principaux et à la tonalité plutôt ironique du poème, celui-ci nous délivre un enseignement et critique notamment le totalitarisme.

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