Introduction sur Gargantua - Littérature

Publié en 1534, Gargantua est le 2ème roman de François Rabelais, édité sous le pseudonyme Alcofribas Nasier comme Pantagruel et est d’une écriture plus que complexe que ce dernier. Rabelais nous présente Grandgousier, le père de Gargantua comme étant un grand manger, il est marié à Gargamelle, fille du roi des Parpaillons. De leur union va naitre Gargantua qu’elle porte pendant onze mois. Pour Rabelais, plus la grossesse dure, plus le nouveau né sera beau. Grandgousier et Gargamelle font la fête, dansent, mangent et boivent tenant ensuite des propos incohérent jusqu’à ce que Gargamelle ressente des contractions. Son accouchement est proche. Notre extrait – tiré du chapitre V « Comment Gargantua nasquit en faczon bien estrange » – commence à ce moment là. Les contractions sont de plus en plus violentes, Grandgousier continue à boire tandis que Gargamelle attend, non sans douleur, son accouchement. L’extrait peut se découper en trois parties, la préparation à l’accouchement, l’accouchement lui-même et enfin la difficulté à croire la façon dont Gargantua est né. Le découpage de notre passage permet de centrer tout ce qui touche directement à l’accouchement. Il commence avec les contractions et se termine avec le nouveau processus de naissance par l’oreille de sorte que le lecteur soit totalement plongé dans un univers étrange et incroyable. Dans ce passage Gargantua nait par l’oreille gauche de sa mère ce qui rappelle diverses figure mythique telle qu’Eve sortant de la côte d’Adam, Dionysos de la cuisse de Zeus ou encore Athéna née du crâne de Zeus. Lorsqu’il nait Gargantua ne pleure pas comme n’importe qu’elle nourrisson, il demande à boire, à l’image de ses parents, il sera en grand mangeur puisqu’il est déjà considéré comme un géant obèse. Rabelais nous plonge dans un imaginaire à la fois grotesque et ironique à travers ce texte. La naissance de Gargantua n’est pas sans rappeler celle du Christ qui fut tout aussi étrange et merveilleuse à la fois. L’enfant sort par l’oreille gauche de sa mère et est qualifiée par Rabelais « d’étrange nativité ». Mais contrairement à celle du Christ, cette naissance n’a rien de glorieux puisqu’elle à lieu au milieu d’une beuverie d’où cette idée de grossièreté. A travers ce passage, Rabelais rejette la Sorbonne et la fidélité oppressive de la doctrine religieuse. Finalement ne cherche-t-il pas à faire passer un message et à inciter le monde à découvre d’autre culture. Sa parodie de la justification où chaque chose peut s’explique d’une façon rationnelle et scientifique – comme Gargamelle qui accouche pour avoir trop mangé – ne trahis-t-elle pas un rejet des langues emprunté pour laisser place à une parole naturelle. Rabelais accumule les références scolastiques pour se moquer du faux savoir. Par l’aspect au départ réaliste de l’accouchement puis démenti par le caractère gigantesque du bébé, Rabelais ne cherche-t-il pas à revendiquer sa liberté d’auteur envers ceux qui voudraient le plier aux doctrines catholiques ?

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