Gide, Les Faux-Monnayeurs

Gide, Les Faux-Monnayeurs et Journal des Faux-Monnayeurs

A quoi sert l’ « Appendice » au journal des faux monnayeurs ?

Un appendice est par définition un ensemble de notes et de remarques que l’on trouve généralement à la fin d’un ouvrage. Il a pour première fonction de compléter ce dernier et d’informer son lecteur. Dans le Journal des Faux-Monnayeurs, l’Appendice comporte plusieurs choses : des extraits de journaux, une lettre, la correspondance en deux lettres de Gide et une lectrice, des Pages du journal de Lafcadio et un texte intitulé Identification du démon. Comme dans l’ensemble du journal des faux monnayeurs, l’Appendice éclaire les thèmes essentiels qui apparaissent dans Les Faux-Monnayeurs et contient des éléments de récits que Gide à reprit ou non dans son roman permettant de comprendre comment il a élaboré ses intrigues.

Le thème le plus évident des Faux-Monnayeurs et qui est par ailleurs le premier présenté dans l’Appendice du journal de Gide, est bien sûr celui de la fausse monnaie. L’auteur a placé parmi les divers documents un extrait du Figaro daté du 16 septembre 1906, dans lequel est relaté le fonctionnement d'un groupe de faux-monnayeurs. Le titre du livre ainsi que le sujet de l’article prêtent à penser que le thème va être celui de l’argent alors qu’il est en réalité celui de la fausse-monnaie morale, c’est-à-dire celui des faux échanges entre les personnages. En effet, il y a quelque rapport d’argent dans le roman (Edouard paye l’hôtel de Laura, Passavant prête de l’agent à Vincent, Bernard dépense rapidement ses sous, George prend un billet à sa mère, Rachel emprunte également à Edouard et bien sur il y a l’histoire du trafic de fausse pièce d’or organisé par Strouvilhou.) mais on peut voir le thème de l’argent comme symbole de nos relations sociales, de l’hypocrisie de la société : par exemple, Bernard écrit une lettre à son beau père qui n’a pour unique but de le blesser, Boris possède un talisman qui lui rappelle son enfance et dont les adolescents de la pension vont se servir pour le manipuler. Ce thème du « faux » est aussi celui des fausses valeurs ; philosophiques, éthiques et esthétiques : la justice est partiale, la famille et le mariage ne sont que tromperie et mensonge menant à la bâtardise, l’éducation ressemble aux murs de la pension défraîchis, la religion se réduit à des pratiques dépourvues de sens et les gens passent le plus de temps à se mentir et à mentir aux autres. La fausse monnaie fait ressortir la dualité entre apparences et réalité. Comme l’économie est déstabilisée par la fausse monnaie, l’Homme est dérouté par la fausseté des sentiments.

On trouve également dans l’Appendice le thème du Diable avec le texte intitulé « Identification du démon » et la citation « Pourquoi me craindrais-tu ? Tu sais bien que je n’existe pas. ». Le terme de démon dans l’œuvre de Gide recouvre les différents sens que l’on peut trouver depuis le démon au sens grec de daimôn, l’ange déchu, révolté contre Dieu, et dans lequel repose l'esprit du mal, et de Satan, le prince des démons. On l’a vu, Gide avait pour projet d’avoir pour personnage de son roman « (le diable) qui circulerait incognito à travers tout le livre et dont la réalité s'affirmerait d'autant plus qu'on croirait moins en lui. » et y a renoncé. Dans Les Faux-Monnayeurs, l’allusion au diable est parfois purement linguistique, avec des expressions toutes faites, comme « que diable » ou des clichés utilisé par le narrateur et d’autres qui peuvent devenir ironiques quand c’est Lilian qui voyageant avec Vincent écrit à Passavant : « Je ne sais plus trop si je l’emmène ou s’il m’emmène ; ou si, plutôt, ce n’est pas

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