Fiche de leture Montaigne

Zoé Maury,

Le 6 février 2020,

Fiche lecture n°1 : La constante de l’inconstance chez Montaigne

Bibliographie succincte de la vie de Montaigne :

Michel de Montaigne reçoit une éducation savante et humaniste à Bordeaux.  Après des études de droit, il devient, en 1554, conseiller à la Cour des Aides de Périgueux. C'est en 1571 que Montaigne décide de se retirer dans sa "bibliothèque où il entreprend la rédaction de son principal ouvrage, "Les Essais", sur lequel il travaille jusqu'à la fin de sa vie. De 1580 à 1581, il voyage en Allemagne, en Autriche, en Suisse et en Italie, pour des raisons de santé et tient un "Journal de voyage" qui ne sera publié qu'en 1774. C'est à Rome qu'il apprend qu'il a été élu maire de Bordeaux, fonction que son père avait déjà tenue. Il exercera ce mandat jusqu'en 1585 en essayant de tempérer les relations entre les catholiques et les protestants. Il mourra en 1592.

Analyse de Essais, Livre III, chapitre II, « Du repentir », début :

     « Le monde n’est qu’une branloire pérenne » signifie que le monde est en changement permanent. Ainsi, la seule constante valable au sein de notre univers est l’inconstance. Cette même idée est retrouvée par la suite dans la citation suivante « la constance même n’est autre chose qu’un branle plus languissant. Je ne puis assurer mon objet. ». En effet, ces phrases mettent en exergue le fait que l’univers est toujours en mouvement et que l’homme lui-même est sujet au changement à chaque seconde. Ainsi, la pensée de l’auteur lui-même est également prône à l’inconstance et à l’évolution. Montaigne le souligne « Je pourrai tantôt changer, non de fortune seulement, mais aussi d’intention ». L’être et sa pensée est donc en quelque sorte insaisissable car ils peuvent se métamorphoser de « minute en minute ».

Or, cette inconstance est essentielle à la compréhension du projet des Essais de Montaigne. En ce sens, le projet d’écriture des pensées de Montaigne ne peut être qu'une suite infinie, de remarques et de variations. Michel De Montaigne a de ce fait consacré plus de vingt ans à la rédaction de ses Essais et ce jusqu’à sa mort. On peut donc comprendre que si Montaigne avait vécu plus longtemps, il aurait continué à écrire car sa propre pensée serait toujours soumise au changement. Le scepticisme de Montaigne veille ainsi à bannir les doctrines intangibles et les certitudes aveugle. Toutefois, ce même scepticisme ne sera jamais figé et en ce sens, l’auteur ne se prélaverait en aucun cas d’affirmer des certitudes absolues.

Cette notion de constance de l’inconstance est poussée à son paroxysme de manière presque provocatrice au sein de la citation suivante « Toutes choses y branlent sans cesse : la terre, les rochers du Caucase, les pyramides d’Egypte, et du branle public et du leur. La constance même n’est autre chose qu’un branle plus languissant ». Cette utilisation des pyramides d’Egypte pour décrire l’altérité semble particulièrement osé car celles-ci tendent à être assimilées à un symbole d’immuabilité ultime comme un élément inchangé de l’antiquité égyptienne. Ainsi, Michel De Montaigne remet en question les principes et les standards usuels du lecteur.

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