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Exemple analyse linéaire Nana de Emile Zola

Commentaire de texte : Exemple analyse linéaire Nana de Emile Zola. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Mai 2022  •  Commentaire de texte  •  1 629 Mots (7 Pages)  •  702 Vues

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En quoi cette scène donne-t-elle à voir l’emprise croissante de Nana sur son public ?

Texte 14 : nana

I. Une prise de pouvoir (lignes 1 à 8)

Dans un premier temps, l’extrait donne à voir comment Nana s’empare progressivement de la salle qui lui fait face et fait naître une sensualité, un désir face auquel personne ne semble pouvoir résister. La description adopte un point de vue externe qui s’attache aux effets physiologiques de Nana sur les spectateurs qui lui font face.

La première phrase donne à voir d’emblée une montée en puissance de l’effet produit par Nana avec le verbe « grandir » au passé simple et la comparaison « comme un soupir qui se gonflait », qui donne un caractère physiologique, concret à l’impression décrite.  La présence du corps est mise en évidence avec le terme « soupir ». Avec la métonymie « Quelques mains battirent », la torpeur dans laquelle est plongée le public qui ne forme qu’un est soulignée. La pulsion scopique, le désir de voir, est représentée par la mention des « jumelles », elle va ensuite envahir le texte. La puissance, la fascination qu’impose Nana aux spectateurs est alors mise en lumière par l’expression figée « avait pris possession », et le verbe « subissait ». La progression du pouvoir exercé par Nana est soulignée par la locution adverbiale « Peu à peu » puis par l’adverbe « maintenant ». Aucun homme n’est désormais en mesure de lui résister comme le montre le déterminant indéfini indiquant la totalité « chaque homme ». Ce désir suggéré se précise ensuite avec la métaphore « Le rut qui montait d’elle » et la comparaison à la frénésie animale qu’elle véhicule « ainsi que d’une bête en folie » qui viennent donner un caractère sexuel et incontrôlable à ce que dégage Nana. Le pouvoir de Nana est montré à la fois comme s’intensifiant et gagnant chacun des spectateurs : « s’était épandu toujours davantage, emplissant la salle », ce que confirme le CCT par lequel débute la phrase suivante : « À cette heure ». La domination qu’impose Nana devient alors explicite par la disproportion entre ses actes (« moindres mouvements » / « geste de son petit doigt ») et les effets (« le désir » / « elle retournait la chair ») qu’ils produisent, entre la cause et ses conséquences. Ces effets touchent le corps, dépersonnalisent ceux qui en sont la proie comme le suggère les parties du corps (« dos », muscles », « nuques », « poils », « bouche ») évoquées sans être rattachées à des personnages identifiables (choix de déterminants indéfinis : « des dos », « des nuques », « des poils », « des haleines » amplifié par l’expression figée : « on ne savait de quelle… »).

L’animalisation du public est prolongée par les termes « poils » et « haleines » et la tension sensuelle, sexuelle est intensifiée par la comparaison : « vibrant comme si des archets invisibles se fussent promenés sur les muscles » ainsi que par l’effet de gros plan qui s’applique sur les « poils follets qui s’envolaient, sous des haleines tièdes et errantes ». Le désir qui émane de Nana, « Le rut qui montait d’elle », est transmis à son public dont la sensibilité est exacerbée.

II. Des hommes hypnotisés (lignes 8 à 16)

La description de la domination qu’établit Nana sur les hommes présents dans la salle qui lui fait face se poursuit en s’intéressant à des personnages distincts qui viennent représenter différents types d’hommes. Le point de vue adopté est interne car le lecteur suit le regard du journaliste (« Fauchery voyait ») qui regarde l’un après l’autre les hommes qu’il connaît pour mesurer l’effet produit par la comédienne sur chacun d’eux. La question du regard ici est centrale puisqu’il s’agit pour Fauchery d’observer le public regardant Nana. L’idée de montée en puissance se retrouve dans ce mouvement du fait que tous les hommes sont touchés, quel que soit leur âge et quel que soit leur milieu social. Le premier personnage duquel il est question est le plus jeune de la salle qui n’est désigné que par cette caractéristique : « l’échappé de collège », sa réaction, mise en évidence par la proposition subordonnée relative « que la passion soulevait de son fauteuil », est sans ambiguïté et trahit son incapacité à dominer ses pulsions. Vient ensuite une énumération de descriptions des différents personnages entourant Fauchery. Si le fait qu’ils sont sous le charme de Nana ne fait aucun doute, en revanche, leurs réactions, exagérées, sont encore amplifiées par l’effet de contraste existant entre eux. Ainsi, quand « le comte de Vandeuvres [est] très pâle », « le gros Steiner » a « la face apoplectique [qui] crevait », ce qui suppose une rougeur extrême, un visage congestionné ce que souligne l’hyperbole « dont la face apoplectique crevait ». La mention de Labordette le compare à un « maquignon qui admire une jument parfaite », révélant un regard calculateur qui apprécie la valeur de Nana à nouveau animalisée par cette comparaison avec une « jument parfaite ». La puissance de Nana augmente encore avec la réaction de Daguenet, elle aussi hyperbolique, puisque ses « oreilles saignaient et remuaient de jouissance ». L’effet de contraste se retrouve dans la loge des Muffat, entre la « comtesse, blanche et sérieuse » et « le comte » et sa « face marbrée de taches rouges ». L’idée qu’aucune classe sociale n’échappe au charme de Nana est suggéré par la mention du Comte, homme riche et d’importance, comme le met en évidence le fait qu’il soit dans une loge. De même, le charme de Nana touche tous les âges puisque la description débute par un adolescent et se termine par l’évocation d’un vieillard : le marquis de Chouard, lui aussi animalisé, avec la comparaison de ses yeux à ceux d’un chat (« deux yeux de chat, phosphorescents, pailletés d’or »). La réaction de la Comtesse laisse supposer qu’elle est consciente, voire jalouse, de l’effet produit par cette comédienne sur son mari, et il est possible d’y lire une annonce de la décadence dans laquelle elle va l’entraîner.

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