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Etude de nouvelles du 19e siècle

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Par   •  11 Octobre 2018  •  Dissertation  •  4 592 Mots (19 Pages)  •  493 Vues

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Littérature du 19ème siècle

Dissertation

Sujet : « Dans les quatre premières nouvelles du programme (“L’Auberge Rouge” de Balzac, “Lavinia” de George Sand, “Un cœur simple” de G. Flaubert et “Lokis” de P. Mérimée), quelles similitudes et quelles différences observez-vous ? »

Il existe de nombreux genres littéraires qui, depuis des siècles, ont évolué et gagné en unicité. La nouvelle est bien entendu considérée comme un genre, bien que les caractéristiques de celui-ci aient longuement été contestées. La naissance de ce genre est difficile à dater puisque de nombreux écrits, non considérés comme des nouvelles, en présentent des particularités propres. La nouvelle est considérée, d’un point de vue général, comme étant un récit narratif bref. Cependant, encore une fois, cet attribut fait débat et reste assez subjectif : quelle taille maximale doit faire un texte pour être considéré comme une nouvelle et ne pas tomber dans le genre du roman ? Quels éléments doit-on y retrouver ? C’est au 17ème siècle que l’auteur de “Don Quichotte”, Cervantès, introduit dans les nouvelles les notions de dialogue, de progression du récit et d’évolution psychologique des personnages, éléments que l’on retrouve encore actuellement. Beaucoup s’accordent sur le fait qu’une nouvelle se termine sur une chute, inattendue, de quelques lignes ou de plusieurs pages. Pour la plupart des nouvellistes, il s’agit d’user de stratégies narratives qui amènent à un moment de culmination, un évènement dramatique, il faut produire un effet sur le lecteur, lui laisser une impression. Il est souvent question de divertir le lecteur, de le faire sourire ou réfléchir, de lui faire passer le temps, de lui sortir la tête quelques instants de ses tracas du quotidien. Nous allons nous intéresser à quatre nouvelles, toutes datant de la même période, le 19ème siècle. Ainsi, notre corpus se compose de la nouvelle d’Honoré de Balzac, “L’Auberge Rouge”, de “Lavinia” de George Sand, du récit “Un cœur simple” de Gustave Flaubert et de “Lokis” de Prosper Mérimée.

Il sera donc intéressant d’en observer les similitudes et les différences que nous pouvons trouver entre ces quatre nouvelles. Nous verrons dans un premier temps les stratégies narratives utilisées par les auteurs pour mener le lecteur à la chute de la nouvelle. Puis, nous étudierons le genre et la structure des récits. Nous arriverons alors à l’examen de la présence de l’amour sous différentes formes des histoires, pour enfin analyser les messages que les auteurs ont cherché à passer à travers leurs textes.

 

Nous verrons ainsi dans un premier temps les procédés mis en place par les auteurs pour arriver à la chute, plus ou moins surprenante, et les indices glissés par ceux-ci pour permettre au lecteur de deviner la fin de l’histoire.

Intéressons-nous tout d’abord à la nouvelle de Balzac. Celle-ci, comme nombre de ses productions, se présente sous la forme d’un récit enchâssé : en effet, nous trouvons deux histoires en une nouvelle : la première, au cours de laquelle le narrateur balzacien ainsi que, entre autres, le banquier allemand Hermann, passent une soirée avec des amis à eux placés dans la haute société. Au cours de celle-ci, le banquier raconte une histoire étonnante, entendue lors de son emprisonnement à propos d’un meurtre commis dans une auberge, appelée L’Auberge Rouge. Cette manière de narrer est caractéristique de Balzac, puisqu’il était sensible au pouvoir d'envoûtement que provoque la transmission par l’oralité des écrits. Le récit enchâssé permet donc à l’auteur de raconter deux histoires qui, au final, se rejoignent pour n’en former plus qu’une. En effet, l’histoire racontée par Hermann parle d’un crime commis en 1799, pour lequel un jeune homme, Prosper, pourtant innocent, est accusé et condamné à mort. L’histoire pourrait en rester là et les convives ayant écouté Monsieur Hermann pourraient se contenter de la fin donnée, c’est-à-dire l’exécution de Prosper. Cependant, alors que les convives s’offusquent du sort réservé au malheureux innocent, un convive, Taillefer, auquel le narrateur s’était intéressé - ce qui, d’ailleurs, était un indice essentiel : pourquoi s’intéresser à ce personnage en particulier ? Cet intérêt était justifié par le narrateur comme étant celui pour le convive assis face à lui, mais pour l’auteur il était évidemment question de placer dès le début le véritable coupable devant les yeux du lecteur - en début de repas, parait de plus en plus pâle et nerveux : le narrateur soupçonne alors d’avoir démasqué le véritable coupable. Bien que n’appartenant pas à proprement parler à la chute de la nouvelle, cette révélation marque le principal enjeu de la nouvelle de Balzac, et ce dénouement peut être compris par un lecteur suspicieux ou averti dès le début de la nouvelle. “Mon imagination fut tout à coup saisie par l’aspect du convive qui se trouvait précisément en face de moi. [... Il] semblait abîmé dans quelque contemplation fantastique de l’avenir ou du passé.” Le passé de l’homme est explicitement suggéré et pour un lecteur connaissant déjà la chute de la nouvelle, cette phrase saute aux yeux : dès la neuvième page, le passé qui ronge Taillefer est évoqué, et, sachant qu’il est l’auteur du meurtre, la raison du tracas de Taillefer ne laisse plus de doutes. Suite à cette phrase, le narrateur se pose une série de questions “ Quand j’eus longtemps examiné cette face équivoque, elle me fit penser : – Souffre-t-il ? me dis-je. A-t-il trop bu ? Est-il ruiné par la baisse des fonds publics, Songe-t-il à jouer ses créanciers ? “. A travers celle-ci, Balzac, qui avait laissé quelques indices concernant l’issue de l’histoire, se rétracte quelque peu et réfrène les déductions qu’un lecteur naïf pourrait faire et limite le champ de raisons possibles, l'empêchant de deviner trop facilement le rôle de l’homme mystérieux.

 

Dans la nouvelle “Lavinia” de la seule femme de ce corpus, George Sand, nous trouvons bien moins d’indices. En effet, le point de vue de la nouvelle est surtout centré sur Lionel, ce jeune homme revenu à Saint-Sauveur rendre les anciennes lettres d’amour que Lavinia, portugaise ayant eu une amourette à 16 ans avec cet anglais qui, avec le temps, s’est lassé d’elle et épris d’une cantatrice italienne, lui avait adressées. Cependant, alors qu’il était simplement censé se débarrasser de ces missives avant de retourner auprès de sa fiancée, ses vieux sentiments ressurgissent. Malheureusement, la frêle Lavinia, devenue jeune femme pleine d’assurance, de culture, de sagesse et de beauté est également courtisée par le comte de Morangy. C’est cette concurrence qui poussera Lionel à déclarer sa flamme renouvelée à Lavinia, qui se verra contrainte de choisir entre les deux hommes pour faire stopper leur querelle. La nouvelle est écrite du point de vue de Lionel et seuls ses sentiments et ressentis sont mentionnés. Ceux de Lavinia sont supposés, nous ressentons qu’elle est troublée, réceptive aux avances de Lionel, comme le prouvent par exemple ces dires d’Henry, cousin de Lavinia et ami de Lionel, après le bal organisé : “Quand nous sommes entrés au bal, Lavinia était triste et dansait d’un air distrait ; dès qu’elle vous a vu, son œil s’est animé, son front s’est éclairci. Elle était rayonnante à la valse quand vous l’enleviez comme une plume à travers la foule.”. Henry laissait d’ailleurs dès le début penser que la relation entre les deux jeunes gens était ambiguë puisqu’il rapportait à Lionel une conversation qu’il avait eue un jour avec Lavinia et au cours de laquelle elle disait “ Vraiment ! peut-être que mon cœur battrait si je venais à le rencontrer. “ quand une rencontre éventuelle avec Lionel était au centre de la discussion.  Et pourtant, les sentiments de la jeune femme ne sont pas clairs, nous la voyons hésiter entre les deux prétendants et se laisser aller à leurs déclarations. Il y a peu voire aucun indice dans cette nouvelle qui auraient pu prédire la fin : Lavinia, après avoir demandé à ses deux prétendants de rentrer chez eux et de lui laisser un délai de quarante heures, leur annonce qu’elle ne choisis aucun des deux hommes. Puisque nous ne voyions véritablement les scènes par le biais des yeux de Lionel, il nous est impossible, à nous, lecteurs naïfs pour débuter, de prédire cette chute.

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