Étude de la nouvelle Boule de Suif de Guy de Maupassant
Recherche de Documents : Étude de la nouvelle Boule de Suif de Guy de Maupassant. Recherche parmi 291 000+ dissertationsPar booner • 11 Novembre 2012 • 3 898 Mots (16 Pages) • 2 926 Vues
Boule de suif répond à tous les critères de la nouvelle réaliste.
• L’action prend place au cœur de l’Histoire, dans des lieux connus. Tous les détails sont scrupuleusement décrits de sorte à donner
« l’illusion complète du vrai », et les personnages sont présentés dans leur milieu social.
• L’anecdote qui est évoquée ici est empruntée au réel, c’est l’oncle de Maupassant, Charles Cord’Homme, qui la lui aurait
relatée.
• Les lieux ont tous leur place dans la réalité, la Normandie, Tôtes, l’auberge… Des lieux bien connus de Maupassant.
• Les personnages ont presque tous un modèle dans la réalité. Elisabeth Rousset, surnommée « Boule de suif », serait inspirée
d’une certaine Adrienne Legay, rouennaise, qui exerçait la même profession. Certains biographes de Maupassant prétendent qu’elle
portait, à cause de son physique, le même surnom qu’Elisabeth Rousset.
Le personnage de Cornudet serait emprunté à l’oncle de Maupassant, Charles Cord’Homme.
Le modèle accordé à Carré-Lamadon, dont le nom est aussi fictif, serait un notable de Rouen : Pouyer-Quertier. Et le nom de
Bréville, fictif aussi, renverrait à une petite commune proche de Grandville.
Même si les autres personnages sont imaginaires, il n’en reste pas moins que leurs comportements correspondent à la réalité et
qu’ils sont caractéristiques de leurs classes sociales.
• De plus, les faits mis en scène, la réaction des Français face à l’occupation prussienne sont le reflet de ce qui pouvait se lire dans
la presse de l’époque.
Tous les événements sont donc réels et vraisemblables et font l’objet d’une description minutieuse, autre caractéristique de
l’écriture réaliste.
Etude des personnages
Les personnages présents dans la nouvelle forment une espèce de microcosme de la société française de la fin du XIXe
siècle.
Maupassant a voulu mettre en scène des individus quotidiens représentatifs des diverses classes sociales auxquelles ils
appartiennent.
L’intérêt que présente cette nouvelle dans la description des personnages réside aussi dans le fait que, sur les dix principaux,
huit sont présentés en couple, et deux individuellement. Deux portraits individuels, Boule de suif, la prostituée, et Cornudet,
« le démoc », s’opposant à l’ordre moral que semblent représenter les autres.
Des portraits individuels
Boule de Suif
« Elle est charmante votre fille. » C’est ainsi que Flaubert qualifia Boule de suif après une première lecture de la nouvelle.
Elisabeth Rousset dite « Boule de suif » est une prostituée, une figure bien présente dans l’œuvre de Maupassant (rappelons
simplement Mademoiselle Fifi ou La Maison Tellier, et dans la production littéraire de cette deuxième moitié de siècle, Zola et
Nana…).
Elisabeth Rousset est citée tout au long de la nouvelle par son surnom dû à ses formes arrondies et à son physique gras, (le suif
étant la graisse animale ou végétale servant à la fabrication de certains produits tels que le savon et au traitement du cuir). Le
lecteur ne connaîtra son véritable nom que bien après sa première apparition.
Il est important de noter ici que seule Boule de suif n’a pas de véritable identité et qu’elle est citée par une expression renvoyant à
son physique, alors que les autres personnages sont présentés par leur nom, ce qui leur permet de jouir d’une certaine respectabilité
en tant que citoyens à part entière. C’est un personnage qui révèle plusieurs facettes. Elle est tout d’abord cette « femme galante »,
celle dont la profession est contre morale, puis le personnage à l’esprit patriote qui sait se sacrifier au bénéfice de ses concitoyens,
un personnage antithétique qui finit par inspirer le respect.
Son portrait physique repose sur un lexique consacré à la nourriture, ainsi ses doigts sont comparés à des « chapelets de courtes
saucisses », son visage à une « pomme rouge » et elle est toute entière qualifiée d’« appétissante ». Bien que Maupassant, dès le
début de la description, la qualifie par l’euphémisme « femme galante », ses traits physiques sont énoncés de sorte à rappeler la
profession qu’elle exerce. Ce champ lexical de la nourriture va permettre de percevoir un personnage, un corps de femme prêt à
être consommé. Boule de suif est le seul personnage à bénéficier d’une description aussi détaillée. Son physique est mis en avant
au profit d’un portrait intellectuel presque inexistant.
Boule de suif apparaît comme une héroïne sacrifiée. Maupassant souligne ses qualités et présente son personnage comme un être
naïf, inconscient et généreux toujours prêt à aider les autres et à offrir une des choses les plus chères à ses yeux : la nourriture.
De plus, lorsque Boule de suif cède aux avances de l’officier allemand, c’est par et pour les autres qu’elle le fait.
Maupassant ne se limite pas à nous la présenter comme une personne au grand cœur, il insiste aussi sur d’autres qualités plus
profondes
...