En quoi, dès son apparition l'auteur nous fait comprendre que Julien Sorel est un personnage singulier?1axe

Intro :

        Le Rouge et le Noir est un roman du 19e siècle écrit par Stendhal et publié en 1830. A l'image de la période, ce roman croise deux mouvements littéraires : le romantisme et le réalisme. Le texte qui nous est présenté ici est un extrait du quatrième chapitre de ce livre, c'est la première apparition du personnage principal, Julien Sorel. Ce texte comporte deux parties distinctes, l'une d'elle est un portrait animé, en action, l'autre est également un portrait mais statique. Il est narratif et descriptif. Mais en quoi, dès son apparition,l'auteur nous fait comprendre que le personnage de Julien est singulier ? C'est la question à laquelle nous allons répondre en montrant dans un premier temps l'opposition entre lui et sa propre famille, puis le contraste entre l'univers où il a grandi  (la scierie) et ce qu'il est, et enfin comment nous pouvons voir dès le début que son caractère le démarquera tout au long du roman.

axe :

        Dès la première apparition de Julien, l'auteur insiste sur l'opposition entre lui et sa famille, il est comme un étranger parmi les siens.

        Le père Sorel est tout de suite présenté comme une figure d'autorité, sa voix est qualifiée de « terrible » et de « voix de stentor » lorsqu'il appelle Julien. Ses frères que l'on aperçoit très rapidement sont qualifiés de « géants » et les « lourdes haches » qu'ils portent les font paraître menaçant et intimidants. Peu après la description de ses frères très imposants, Julien apparaît. On peut tout de suite voir l'énorme différence de Julien avec sa famille. Tout comme ses frères il n'entend pas la voix de son père, eux étant trop absorbés  par l'action de couper mécaniquement et au bon endroit le bois, lui étant plongé dans la lecture d'un livre alors qu'il aurait du vérifier le bon fonctionnement de la scierie.

        Cette « manie de la lecture » semble énerver le père Sorel plus que tout , on apprend ensuite qu'il ne sait pas lire et l'on comprend alors la raison de cette haine qui sera évoquée plusieurs fois dans l'extrait comme une obsession du père, mise en avant avec des mots répétitifs. Il n'hésite pas à jeter le livre préféré de Julien dans la rivière, qualifie les livres de « maudits » et trouve que les rendez-vous chez le curé durant lesquels son fils s'instruit sont une perte de temps. On voit ici les rapports à la culture complètement différents de Julien et son père.

        La taille mince de Julien qui contraste tellement avec celle de ses frères est également mis en avant dès le début et l'on voit que, bien que moins que la lecture, elle représente une grande déception pour son père. L'auteur utilise ironiquement la périphrase « le vieux Sorel » pour désigner le père de Julien car il le présente comme un vieillard alors que, en plus de son autorité, il a une grande force physique et est très agile, ce qui lui permet d'être très violent physiquement envers son dernier fils. Il lui donne plusieurs coups violents, dont un qui aurait pu le blesser gravement, voire le tuer, si il ne l'avait pas rattraper avant qu'il tombe de plusieurs mètres. Ces coups ont été si violents qu'ils le laissent « étourdi » et même « sanglant ». Julien a les larmes aux yeux à cause de la perte de son livre mais ne semble pas porté beaucoup d'attention aux violences physiques de son père, comme si il en était habitué, et lorsqu'il le fait tomber de la poutre plus tard et qu'il le pousse, Julien se demande ce que son père va lui infliger ce qui nous donne l'impression qu,il a déjà été cruel envers lui. Stendhal utilise le discours direct pour retranscrire les paroles du père Sorel, ses paroles viennent conforter les commentaires du narrateur, les verbes utilisés sont des impératifs, il parle méchamment à Julien et l'appelle même « paresseux » et « animal » sans jamais utiliser son prénom.

...