Eloge de la vérité

Eloge de la vérité

Qu’est-ce que la vérité ? La vérité c’est l’adéquation de ma pensée avec la réalité. C’est une valeur objective qui suppose une parfaite transparence entre ma raison et le monde. Mais alors n’y aurait-il pas autant de vérités qu’il y a d’êtres humains me direz-vous ? S’il existe plusieurs vérités individuelles, une vérité pour moi, une vérité pour vous, y’aurait-il aussi une réalité pour chacun ? Vivrions-nous tous dans un monde différent ? Alors peut-être que la vérité n’existe tout simplement pas. Mais comme l’a prouvé René Descartes, s’il est vrai qu’il n’y a rien de vrai, je peux au moins être certain d’une vérité : je suis capable de penser !

La vérité fait notre humanité et nous distingue des animaux. En effet, comme les animaux, nous avons accès à une vérité concrète, par l’intermédiaire de nos sens. Par exemple, nous savons que le feu ça brûle, ce qui garantit notre survie. Cependant, notre intelligence nous permet d’accéder à une vérité scientifique. Contrairement aux animaux, l’homme a soif de comprendre le fonctionnement des choses. Il réfléchit, il invente, il construit ; toutes ces technologies permettent le progrès des sociétés. Enfin, la vérité relationnelle établit la confiance qui assure le bon fonctionnement des relations humaines. L’homme peut ainsi aimer en vérité.

Aimer la vérité, c’est choisir la sincérité : parler sans déguiser ses pensées.

Aimer la vérité, c’est choisir la confiance : respecter l’autre sans faux semblants.

Aimer la vérité, c’est choisir la liberté : pouvoir s’affranchir des chaînes du mensonge.

Nous vivons aujourd’hui dans une société de l’immédiat et du virtuel. L’homme du XXIème siècle cherche le divertissement, il préfère le spectacle à l’information. On peut prendre l’exemple du développement massif des téléréalités qui illustre bien cette recherche de plaisant plus que de vrai. De la même façon, les médias aiment à nous montrer un monde catastrophé : on cherche les scoops, les faits spectaculaires ; mais bien souvent, la vérité qu’ils nous livrent n’est que partielle. On pourrait presque dire que la conscience des hommes est aujourd’hui anesthésiée : les écrans font écran à la réalité. Nous avons accès à des milliards d’informations chaque jour, et pour cela il nous suffit de cliquer sur un bouton. Mais nous ne sommes pas capables d’analyser ce nuage d’information qui nous envahit ; trop de connaissances tuent la vérité.

J’aimerais terminer par une citation de Claude Paulot, un professeur de physique, chercheur au CNRS et auteur d’un ouvrage sur la vérité : « Le fait de vivre dans le divertissement [et de renoncer à donner réponse aux questions essentielles conduit à une attitude désabusée, qui mine l’enthousiasme et] ne donne aucun sens à notre vie. Il ne reste plus alors qu’à se laisser étourdir en consommant, en assouvissant ses passions, dans la jouissance de biens matériels, [sans critères de discernement fondés sur la vérité.] Mais la vie en dehors de la vérité ne peut satisfaire le cœur de l’homme et elle ne le conduit pas au bonheur. »

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