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’EPREUVE DE COMMENTAIRE COMPOSÉ D’UN TEXTE LITTÉRAIRE

Commentaire de texte : ’EPREUVE DE COMMENTAIRE COMPOSÉ D’UN TEXTE LITTÉRAIRE. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  20 Décembre 2016  •  Commentaire de texte  •  5 349 Mots (22 Pages)  •  1 251 Vues

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L’EPREUVE DE COMMENTAIRE COMPOSÉ D’UN TEXTE LITTÉRAIRE Rapport présenté par Catherine Lachnitt L’intitulé de l’épreuve écrite de lettres valant pour l’admissibilité, « commentaire composé d’un texte littéraire ou dissertation sur un sujet littéraire général au choix du jury », est depuis longtemps sans surprise : les candidats se voient chaque année proposer un commentaire composé. Cette année, ils devaient commenter la tirade d’Antiochus dans Bérénice (acte I, scène 2), tragédie de Jean Racine (1639-99) publiée en 1670. SUJET DE L’EPREUVE La scène 1 apprend au spectateur que Titus va devenir empereur de Rome, et épouser Bérénice, reine de Palestine, et qu’Antiochus, roi d’une province d’Orient, ami fidèle de Bérénice après avoir été autrefois amoureux d’elle, désire s’entretenir avec elle. Il attend d’être introduit auprès d’elle. Antiochus, seul Hé bien, Antiochus, es-tu toujours le même ? 1 Pourrai-je, sans trembler, lui dire : « Je vous aime ? » Mais quoi ? déjà je tremble, et mon cœur agité Craint autant ce moment que je l’ai souhaité. Bérénice autrefois m’ôta toute espérance ; 5 Elle m’imposa même un éternel silence. Je me suis tu cinq ans, et jusques à ce jour D’un voile d’amitié j’ai couvert mon amour. Dois-je croire qu’au rang où Titus la destine Elle m’écoute mieux que dans la Palestine ? 10 Il l’épouse. Ai-je donc attendu ce moment Pour me venir encore déclarer son amant ? Quel fruit me reviendra d’un aveu téméraire ? Ah ! puisqu’il faut partir, partons sans lui déplaire. Retirons-nous, sortons ; et sans nous découvrir, 15 Allons loin de ses yeux l’oublier, ou mourir. Hé quoi ? souffrir toujours un tourment qu’elle ignore ? Toujours verser des pleurs qu’il faut que je dévore ? Quoi ? même en la perdant redouter son courroux ? Belle Reine, et pourquoi vous offenseriez-vous ? 20 Viens-je vous demander que vous quittiez l’Empire ? Que vous m’aimiez ? Hélas ! je ne viens que vous dire Qu’après m’être longtemps flatté que mon rival Trouverait à ses vœux quelque obstacle fatal, Aujourd’hui qu’il peut tout, que votre hymen (1) s’avance, 25 Exemple infortuné d’une longue constance, Après cinq ans d’amour et d’espoir superflus, Je pars, fidèle encore quand je n’espère plus. Au lieu de s’offenser, elle pourra me plaindre. Quoi qu’il en soit, parlons : c’est assez nous contraindre. 30 Et que peut craindre, hélas ! un amant sans espoir Qui peut bien se résoudre à ne la jamais voir ? Racine, Bérénice, Acte I, scène 2 1 : Mariage 5 CHOIX DU SUJET Le jury a choisi un texte classique, patrimonial, connu (dont on a au moins entendu parler). Qui ne sait rien de la tragédie classique ? Il était en outre animé par la volonté de proposer un texte de théâtre après le texte de Proust de l’année précédente. Pourquoi ce passage ? Certes la scène 4 de l’acte premier (Antiochus face à Bérénice et le célèbre « Dans l’Orient désert quel devint mon ennui ») et plus encore dans l’acte IV, la scène 5 entre Titus et Bérénice (« Eh bien régnez cruel, contentez votre gloire… ») ou bien encore la scène finale auraient pu être choisies. Mais plus l’extrait choisi s’éloigne du début de l’œuvre, plus les candidats sont en difficulté s’ils n’ont pas souvenir de l’action ; analyser la scène 2 du premier acte est, à cet égard, faisable. En outre, le passage, plus court que celui de l’année précédente, est précédé d’un chapeau introductif (à la différence là encore de l’an dernier). Ainsi sans connaître l’histoire de Bérénice, les candidats pouvaient comprendre l’enjeu de cette tirade : Antiochus attend Bérénice à laquelle il a demandé un entretien ; alors qu’elle s’apprête à épouser Titus, futur empereur de Rome, Antiochus s’apprête, à avouer cet amour à l’héroïne éponyme, avant, pense-t-il, de s’en aller à jamais. Dire ou ne pas dire ? C’est toute la question que se pose Antiochus. Le texte ne présentait pas de difficultés lexicales insurmontables : le mot hymen était donné en note (il a pourtant donné lieu parfois à des contresens) ; on peut penser que les candidats connaissent le sens d’amant au XVII°, et ceux de fatal, téméraire, courroux, offenser, constance. ATTENTES DU JURY Le jury est bien conscient que, s’il lit des copies de spécialistes (des candidats qui se présentent également aux épreuves du CAPES de lettres modernes), il évalue aussi, bien souvent, des copies émanant de non-spécialistes, historiens de formation. Il attend des candidats qu’ils témoignent de leur capacité à construire l’interprétation d’un passage littéraire et à l’exposer par écrit. Avant tout, que les candidats prouvent qu’ils ont acquis au cours de leur préparation des réflexes de lecture, qu’ils distinguent notamment la prose romanesque de la poésie et celle-ci du poème dramatique ou pièce de théâtre en vers, fréquente au XVII° siècle (et plus souvent dans les tragédies que dans les comédies). Ainsi ne peut-on pas omettre d’analyser cet extrait comme appartenant au genre théâtral. Que dire de cette copie qui en conclusion pressent « que ce texte pourrait être joué » ? Une fois repéré le genre, que les candidats observent la place de cet extrait dans l’acte d’exposition, la nature de cette longue tirade, un monologue délibératif proféré par un personnage incarnant la figure du mal aimé, ce qui donne au passage une tonalité plus ou aussi pathétique que tragique. Qu’il soit extrait d’une tragédie ne suffit pas en effet, à le qualifier de « tragique » ; de fait, il est, par la présence d’Antiochus, plus pathétique, voire élégiaque que tragique, autant de termes qu’il ne fallait pas se contenter d’aligner au hasard mais qu’il convenait de définir. On attend enfin des candidats lisant le début d’une pièce de théâtre qu’ils se mettent en position de lecteur-spectateur et qu’ils se demandent quelles peuvent être les attentes de ce dernier à la fin de cette tirade. Ainsi peut-on aisément supposer que le mariage espéré entre Titus et Bérénice rencontrera des obstacles et qu’Antiochus aura alors son rôle à jouer. Ce rapport voudrait mettre l’accent sur deux compétences essentielles à l’élaboration d’un commentaire composé : comprendre le texte proposé et composer le commentaire. COMPRENDRE Le commentaire composé doit témoigner de la capacité d’un candidat à s’engager dans la lecture d’un texte, c’est-à-dire à en fonder une interprétation à partir de son contenu et de son appartenance générique. Ainsi ne pouvait-on pas considérer cette scène d’exposition comme un « incipit », terme réservé au roman ; certains, déconcertés par sa forme poétique ont tenté de présenter le texte comme composé de « vers en prose

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