De quelles manières Socrate plaide t-il sa cause ?

Question d'interprétation :

De quelles manières Socrate plaide t-il sa cause ?

Dans L'Apologie de Socrate, Platon retranscrit le plaidoyer de son maître, alors accusé de  mépris des dieux de la cité, d'introduction de divinités nouvelles, et de corruption de la jeunesse.  Socrate, tente donc ainsi dans son plaidoyer de se défendre et met en place d'efficaces procédés visant à convaincre son auditoire. Il apparaît donc évident de se demander de quelles manières Socrate plaide sa cause ? Nous verrons d'abord comment Socrate arrive à contrer les accusations de ses ennemis, notamment grâce à la mise en place d'un ethos fiable et à la décrédibilisation de ses détracteurs avant de s'intéresser aux stratagèmes éloquents mis en place par le philosophe, comme l'appui de témoignages solides et le recours au « refus de l'éloquence ».

        Tout d'abord, Socrate installe et met en place un ethos fiable. Il fait un parti pris et décide d'essayer de faire basculer l'opinion de son auditoire vers sa cause. Il avance de nombreux arguments le plaçant comme un citoyen honnête, altruiste et courageux. Le philosophe se veut ici proche du peuple, indiquant qu'il ne trahira pas Athènes. Il dit ainsi dans son exorde : « Moi, au contraire, je ne vous dirai que la vérité » La vérité est ici un élément clé de la construction de son ethos, puisqu'elle fait tenir toute la crédibilité du discours qu'il s'apprête à tenir. Par ailleurs, la locution adverbiale '' au contraire '' permet habilement de commencer la décrédibilisation de ses adversaires. La construction de l'ethos de Socrate ne porte pas uniquement sur la vérité puisqu'elle repose sur deux autres piliers : le courage et la foi de celui-ci.

Ainsi, le philosophe déclare devant l'assemblée son courage, affirmant : «  j'obéirai aux dieux plutôt qu'à vous. ». Par ce biais, Socrate énonce qu'il n'a pas peur d'affronter la mort et qu'il croit aux dieux de la cité, une manière adroite de contester son premier chef d'accusation.

Puis, Socrate fait appel à une seconde stratégie, celle de la décrédibilisation de ses détracteurs, ici le philosophe s'y prend de deux manières différentes :  il a d'abord recours à l'argument ad personam, avant de s'atteler au renversement des arguments adverses. L'exorde du plaidoyer comporte donc une adresse indirecte à ses opposants, qu'il ne blâme non pas pour leur opinion mais pour la personne qu'ils sont, dans un premier temps. En effet, Socrate dit ainsi : «  ils n'ont pas dit un seul mot de vrai » avant d'ajouter que « Vraiment, pour s'exposer ainsi sans honte […], quelle impudence ne faut-il pas ! ». Socrate, souligne ici dès l'exorde, le mensonge, l'impudence et les capacités oratoires néfastes que possèdent ses antagonistes. Le philosophe s'occupe ensuite à démonter les arguments adverses, un par un, détruisant par la même occasion l'ethos adverse. Ainsi dans le paragraphe treize, Socrate évoque le fait que sa parole est gratuite et qu'il ne donne pas de leçons, rendant par ce fait chacun libre de l'écouter ou de ne pas le faire. Il se justifie par la suite en évoquant qu'aucun jeune ne vient témoigner contre lui, alors même qu'ils le peuvent, étant présents dans la salle.

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