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De l'esprit des lois

Dissertation : De l'esprit des lois. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  15 Avril 2015  •  1 943 Mots (8 Pages)  •  1 831 Vues

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I. L’ironie : donner à entendre la voix de l’autre

A. L’introduction d’un double discours

B. Une argumentation absurde

C. Une argumentation qui tourne à l’auto-justification

II. Un peuple barbare

A. Une argumentation basée sur des préjugés

B. Une motivation toute économique

C. Une dénonciation des valeurs superficielles des Européens

Le commentaire rédigé :

Introduction

De l’Esprit des lois est une réflexion historique et politique analysant le mécanisme et les conséquences des différents systèmes politiques. Ce traité demanda à Montesquieu des recherches et un travail qui s’étendit sur une vingtaine d’années. L’essentiel de son propos est de démontrer que les lois ne sont pas arbitraires, elles sont dues à divers facteurs comme le climat, l’étendue du pays ou encore le mode de gouvernement, mais cette œuvre est surtout l’occasion de dresser un réquisitoire contre toutes les formes d’asservissement. En ce sens, De l’esprit des lois est représentatif de l’esprit des lumières, qui prône la raison, la liberté et l’égalité et dénonce toutes les injustices, et préfigure l’Encyclopédie. Il l’est aussi du fait du choix de l’ironie comme arme de dénonciation de cette pratique barbare, l’argumentation indirecte permet, en effet, de susciter une réflexion chez le lecteur plutôt que de le convaincre en l’enfermant dans un raisonnement qui n’est pas le sien. Montesquieu choisit donc de donner à voir les arguments des esclavagistes qui servent à justifier cette pratique. Le thème de l’esclavage est un thème phare de la réflexion du dix-huitième siècle en tant qu’injustice criante, il trouve donc tout naturellement sa place chez Montesquieu comme plus tard chez Voltaire dans Candide et dans l’Encyclopédie, notamment dans l’article « traite des nègres » du chevalier Louis de Jaucourt.

Nous allons nous intéresser, dans une première partie, au choix de donner à entendre la voix de « l’autre » et à l’utilisation de l’ironie, avant de nous attacher au fait que Montesquieu fait le portrait d’un peuple barbare, celui même qui se prétend civilisé.

I. L’ironie : donner à entendre la voix de l’autre

Montesquieu fait le choix, plutôt que de dénoncer la barbarie des esclavagistes et la pensée qui la sous-tend, de laisser la parole à l’autre pour mieux montrer l’ineptie de son raisonnement. Le texte est ainsi dominé par l’ironie qui invite à une lecture à rebours de l’argumentaire proposé.

A. L’introduction d’un double discours

Si, Montesquieu choisit l’ironie, il indique néanmoins dès le début du texte sa stratégie en utilisant une proposition hypothétique introduite par si ainsi que le conditionnel : « si j’avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici ce que je dirais ». Il souligne alors immédiatement le fait qu’il invite le lecteur à un renversement de perspective.

Par ce choix, il évite tout mauvaise compréhension du lecteur, qui est le danger majeur de l’ironie.

De plus, le choix du pronom personnel « on » est également significatif à plus d’un titre. Il désigne, en premier lieu, les esclavagistes mais du fait d’une désignation floue, il invite à considérer qu’il attaque aussi ceux qui cautionnent, ou même qui ferment les yeux sur cette pratique inhumaine. L’utilisation de ce pronom permet d’attaquer le plus grand nombre possible de façon anodine.

Nous voyons donc que dès la première phrase du texte, Montesquieu fait preuve d’une certaine virulence implicite puisqu’il remet en cause l’esclavage et ceux qui la pratiquent ou la tolèrent sans attaque directe.

Cette première impression est ensuite confirmée tout au long du texte par le ton faussement désinvolte et léger qu’il emploie pour parler de pratiques extrêmement violentes et sérieuses.

B. Une argumentation absurde

Nous allons voir point par point que Montesquieu nous donne à voir une suite d’arguments plus fallacieux les uns que les autres, mais avant même d’en venir aux arguments eux-mêmes, il est évident que la construction et l’agencement du texte n’est qu’une juxtaposition d’arguments sans cohérence les uns vis-à-vis des autres.

De plus, nombre d’entre eux sont absurdes, l’argumentation apparaissant alors comme une forme vide. En effet, si les arguments sont en apparence logique, ils ne les sont qu’en apparence : « et ils ont le nez si écrasé qu’il est presque impossible de les plaindre », le lien de causalité ici suggéré par la forme met en relation deux éléments sans lien aucun. De la même façon, dans « On peut juger de la couleur de la peau par celle des cheveux », le non sens est amplifié, par l’apparence d’argument par analogie que revêt cette phrase. Il utilise ensuite l’exemple des Egyptiens, justifiant de cette façon leur barbarie par celle d’autres peuples. De plus, la comparaison est d’une complète incohérence puisqu’il s’agit de « juger de la couleur de peau par celle des cheveux ».

C. Une argumentation qui tourne à l’auto-justification

Nous avons vu que l’argumentaire développé par Montesquieu n’en avait souvent que l’apparence, cela est visible également par l’emploi de tournures catégoriques qui ne justifient en rien la thèse défendue mais soulignent la certitude du narrateur quant à ce qu’il énonce. On trouve ainsi : « ils ont dû », « il est presque impossible », « on ne peut se mettre dans l’esprit », « Il est si naturel de penser que », « on peut juger de », « une preuve que (…) c’est », « il est impossible que ».

Enfin, l’avant-dernier argument est non seulement absurde mais il n’a aucune valeur argumentative, il s’agit d’une pétition de principe qui prend comme présupposé ce qui est à démontrer. En effet, le raisonnement en deux temps contient un troisième terme implicite qui est considéré comme une évidence qui n’est pas à démontrer. Dans la phrase

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