Dans quelle mesure le spectateur est-il partie prenante de la représentation théâtrale ?

Soubret Almanissa

DISSERTATION

Le mot « théâtre » vient du verbe grec « théômaï », qui signifie « voir ». Les pièces de théâtres sont ainsi, par nature, liées à la représentation. Le théâtre est un art destiné à être partagé par un public, des spectateurs en relation directe avec les acteurs, ceux qui portent le texte. Le spectateur est, par définition, celui qui regarde la pièce, il ne participe pas directement à celle-ci et est dans un état passif. Pourtant, le théâtre a noué un lien entre le spectateur et les acteurs, la prise en compte du spectateur devenant essentielle.

Dans quelle mesure le spectateur est-il partie prenante de la représentation théâtrale ?

Le spectateur fait partie de la représentation, qu’importe sa participation. De plus, la représentation s’organise autour du spectateur pour lui plaire.

Au sens étymologique, le spectateur est celui qui regarde. Il est souvent associé, dans la langue courante, à celui qui n'agit pas, qui n'intervient pas, qui reste dans la passivité et observe les drames qui se déroulent devant lui. Pourtant, lorsqu'il s'agit de théâtre, le spectateur est un élément essentiel de la représentation théâtrale en raison du caractère vivant de celle-ci : sans public, pas de théâtre. Le spectateur peut être un homme, une femme, il peut avoir tous les âges, il peut avoir toutes les émotions ou bien aucune, il peut être riche ou pauvre. Il n’est pas défini, il n’existe pas de spectateur « type » ou « idéal ». Les représentations doivent ainsi être adaptées aux attentes et aux comportements de leurs spectateurs qui sont marqués par les contextes historiques, politiques ou encore sociaux de leur époque. Certains dramaturges produisent ainsi pour toucher un public ciblé comme dans le théâtre de l’absurde. Le spectateur est donc témoin d’une représentation qui lui est destinée.

Selon la représentation à laquelle il choisit d’assister, le spectateur est plus ou moins sollicité. Il peut être passif ou choisir de s’investir. Cette passivité varie selon les genres ou encore les époques. Un spectateur à Athènes du Vème siècle av. J-C, dont la participation est fortement encouragée par la représentation à origine religieuse à laquelle il prend part, ne se comporte pas de la même manière qu’une femme distinguée du XVIIIème siècle, encouragée, elle, à nouer des liens avec les autres spectateurs. Le spectateur n’a aucune possibilité de contrôler le déroulement de la pièce. Il ne pourrait, par exemple, pas interpeler ou reprendre un acteur sur une réplique. Il n’est pas maître de l’expérience à laquelle il assiste, il est éduqué par le metteur en scène ou le dramaturge et est donc inscrit dans une certaine passivité. Il peut cependant s’exprimer par des réactions, des applaudissements, des rires, des pleurs. L’interaction avec le public peut passer par des silences pour laisser au spectateur le loisir de rire dans le cas d’une comédie ou bien d’accentuer l’impact d’une réplique dans le cas d’une tragédie. La représentation n’a de sens que si elle est regardée, qu’importe la passivité ou l’activité du spectateur, il est essentiel. Il est donc au cœur de la représentation.

Le spectateur a beaucoup évolué au cours des époques mais également des genres. Il est influencé par la représentation en elle-même, mais aussi par la mise en scène et la dramaturgie.

Le spectateur n’est pas seul au théâtre, il assiste à un spectacle, une représentation vivante mise en scène et façonné pour lui. Le rôle du théâtre, comme les attentes des spectateurs, change au fil des époques et des genres. Si son rôle principal est aujourd’hui de divertir, cela n’a pas toujours été le cas. En Grèce Antique c’était une activité politique, un lieu de célébration et de réflexion. Au XVIIème siècle, le théâtre a pu entraîner les spectateurs vers la catharsis, la purgation des passions, avec notamment Phèdre de Racine. Le rôle du théâtre s’adapte donc lui aussi au contexte de l’époque. Le dramaturge séduit son public par les émotions qu’il veut les faire ressentir.

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