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Corpus: différentes modalités de poèmes sur l'amour ou sur un couple

Fiche de lecture : Corpus: différentes modalités de poèmes sur l'amour ou sur un couple. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  11 Mai 2014  •  Fiche de lecture  •  1 982 Mots (8 Pages)  •  1 135 Vues

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Question sur corpus : éléments de réponse ?

Tous les poèmes de ce corpus présentent le même thème, et parlent d’amour ou de couple, et tous présentent une situation de difficulté amoureuse, qu’il s’agisse de rupture, de perte, d’absence ou d’attente. On peut le voir poème par poème, selon diverses modalités.

Le désarroi amoureux y est montré d’abord par la forme de discours adressé à quelqu’un qui ne le lira pas, ou ne l’écoutera pas. Louise Labé s’adresse bien à un amant, mais un amant passé, et pour lui dire qu’elle espère (paradoxalement) pouvoir le regretter longtemps. Baudelaire feint de s’adresser à une inconnue qui ne lira jamais le poème. Charles Cros se parle et se promet de ne plus jamais avoir d’aventure amoureuse. Desnos parle à une inconnue plus ou moins rêvée ou fantasmée, pour lui dire qu’il ne parviendra jamais à concrétiser son désir d’elle. Le bref texte d’Éluard, illustrant l’image de Man Ray, est un discours à la première personne, affichant un constat de solitude et l’impossibilité de « tenir sa tête » entre ses mains.

La composition et les rythmes des poèmes vont dans le même sens. Le sonnet permet à Louise Labé de structurer fortement l’opposition entre l’espoir et le désespoir, et si la coupure quatrains / tercets n’est pas nette, le vers 14 est vraiment la conclusion brutale du raisonnement tenu dans l’ensemble du texte. Chez Baudelaire, le contraste est plus traditionnel : deux quatrains évoquent lentement, dans les détails et avec une certaine souplesse sensuelle du rythme, un moment passé très bref, et les tercets marquent d’abord une rupture exclamative, hachée, et contiennent tout le présent, et le futur, des pensées consécutives à cette brève rencontre sans suite. Ainsi les quatrains constituent une seule phrase, tandis que la ponctuation forte, souvent exclamative des tercets, les découpe en 7 propositions. Le vers 9 est affecté d’une double césure, puis suivi d’une longue question rhétorique de deux vers et demi. Le vers 12 est fait de trois phrases adverbiales, et ne contient que des adverbes ou locutions adverbiales, comme si la pensée était incapable de se formuler : une série locale, une série temporelle, marquant définitivement la séparation. La symétrie des vers 13-14 accentue encore cette tragédie de la rupture par les procédés de parallélisme. Le sonnet de Charles Cros est tout aussi net dans sa composition : quatrains consacrés à la double description de deux dévastations, un comparant et un comparé, avec des phrases accumulatives, puis les tercets filent la métaphore du titre en le reprenant, « Délabrement », et en répétant deux fois la même injonction, dans des termes voisins et dans d’autres phrases longues et accumulatives : « No future ! » Robert Desnos construit tout son poème sur une forme anaphorique assez lancinante, rythmée par la reprise de « J’ai tant rêvé de toi » aux strophes 1, 3, 6 et 7, et la structure de toutes les phrases est la même : proposition principale au passé composé, suivie de subordonnées de conséquence à l’indicatif présent, ou au conditionnel. Ce bercement d’un rappel du passé aboutit systématiquement à une conséquence pessimiste, et à la certitude de la séparation ou de l’éloignement entre le rêveur et la femme rêvée : opposition entre la douceur du fantasme et la dureté de la réalité, « réalité » perdue dès la première phrase. Le poème d’Éluard est plus difficile à interpréter, mais sa régularité marque aussi le passage du temps. L’alexandrin unique a un rythme et une césure réguliers, avec temps forts sur les mots tragiques : « jamais », « tête », « mains ». Le rythme ternaire, 4 / 2//2 / 4, par sa régularité marque aussi l’emprise du temps. Les sonorités sont douces, mais le premier membre rythmique semble bégayer, par la proximité homophonique « Je n’ai » et « jamais » constituant un double « jamais », le second membre du vers est durci par les dentales et la « blancheur » du « e » muet ou faiblement ouvert qui répète le son de « jamais », et le double son « m » de la fin du poème sonne comme une plainte douce, une tonalité mineure, que confirme la sonorité atténuée de « mains ». Le monosyllabe final, et de manière plus générale, la brièveté des mots qui composent le poème, ne hachent pas sa prononciation, puisque grammaticalement aucune coupure ne s’impose : le c.o.d. « sa tête » ne doit pas être dissocié du verbe « tenu », qui, lui-même, ne peut être dissocié de son auxiliaire négatif ; ainsi le prédicat enjambe la césure pourtant régulière de l’alexandrin, et le complément de lieu, lui non plus, ne peut être dissocié du c.o.d. Cette fluidité du vers fait contraste avec la rigueur du dessin, avec les lignes géométriques et parfois dures de la toile, et avec le sens. C’est ainsi que le sentiment de tragique se double d’une certaine douceur, ou résignation, fataliste et très triste.

Ensuite, les images de chagrin d’amour et de douleur sont abondantes. Louise Labé évoque les larmes de regret aux vers 1 et 10, les « sanglots & soupirs » au vers 2, ce qui peut faire comprendre une rupture ou une séparation amoureuse. Le souhait final de mourir, exprimé à partir du vers 10, assorti d’une série de conditions inverses de celles qui permettent la survie, est le résultat d’une souffrance, celle de ne plus pouvoir « montrer signe d’amante » ; c’est donc l’amour brisé qui maintient en vie, grâce à la souffrance qu’impose la rupture, délectation dans le malheur, et l’hypothèse d’une souffrance plus grande encore n’est pas imaginable ni supportable pour l’auteur. Baudelaire, après l’image d’un coup de foudre violent et perturbateur des deux quatrains et du début du vers 9, prend un ton tragique en s’adressant à cette « passante », et la question rhétorique du vers 11, par sa forme interro- négative, équivaut à une affirmation douloureuse

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