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Compte-rendu de lecture - No et Moi

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Par   •  20 Avril 2019  •  Commentaire d'oeuvre  •  541 Mots (3 Pages)  •  2 596 Vues

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« On est capable d’envoyer des avions supersoniques et des fusées dans l’espace, on est capable de laisser mourir des gens dans la rue. » Constat cruel, cette citation résume en quelques mots la quiddité du roman No et Moi. Honoré du prix des libraires, l’auteur, Delphine de Vigan, nous livre une histoire juste et sensible, avec beaucoup de réalisme. Le lecteur accompagne Lou, jeune prodige au crâne débordant de projets abracadabrants. Se livrant à une expérience de grande envergure menée contre le destin, elle tentera de sauver No, une sans-abri au regard méfiant, à l’image de ceux qui hantent une ville invisible de tous.

Lou, personnage bercé entre une intelligence déconcertante et un non-conformisme, est inadaptée à la société qui l’entoure. Elle calcule, évalue, démontre, aboutit à des conclusions qui permettent de construire une philosophie, une vision objective du monde. Ainsi, la façon dont Delphine de Vigan définit la précocité intellectuelle m’a frappée par son authenticité. Cependant, la drôlerie du personnage et son excès se voient perturbés par une fragilité plus profonde. Lou est en quelque sorte sans abri. La demande d’amour inaudible qu’elle porte à sa mère s’est muée en une profonde solitude. Finalement, ce désir d’attention trouve un écho dans l’amitié qu’elle tisse avec No.

Delphine De Vigan dépeint avec réalisme la rue, lieu du danger et de la peur. Accablés par la détresse et la misère, les sans-abri sombrent dans une déchéance morale, perdant ainsi toute dignité et les principes vertueux qui défissent l’Humain, « voilà ce qu’on devient, des bêtes, des putain de bêtes ». Alors le sordide des situations se développe dans la crasse et la mendicité, jusqu’à la prostitution. Le mépris de la société constitue une réalité avec laquelle évolue No. Peut-être l’un des aspects les plus rudes et les plus tacites, le regard de la communauté se fonde sur les préjugés et l’aversion, « sans les voir, sans savoir ». Delphine de Vigan souligne la notion d’aveuglement et d’ignorance à l’encontre de ces véritables personnes, presque muée en un acte machinal. (Cette résolution de l’auteur de relater des faits réels me préoccupait, mais m’a pleinement satisfaite.) Dois-je partager mon avis ?

Les deux protagonistes No et Lou, unis par une relation irrésistible, forment une sorte d’entité. En apprenant à s’apprivoiser progressivement, les deux jeunes filles - tout comme l’enfant et le renard de Saint-Exupéry référencés dans ce roman - deviennent indispensables l’une à l’autre. Cette relation atteint presque un idéal qu’envierait tout un chacun. C’est avant tout par amour pour No que Lou va remuer ciel et terre. C’est également pour gagner sa confiance et son affection qu’elle se révolte. L’affirmation «  Moi je serai toujours là » évoque le profond désir de Lou d’être aux côtés de son amie, quoi qu’il advienne. La vison utopique de l’amitié est démontrée par la notion d’éternité, qui imprègne cette citation de son idéalisme. Or, cette fougue qui berce le lecteur et qui paraît vaincre vents et marées va-t-elle perdurer ?

Émouvant, envoûtant, profond, mais aussi cruel, voici autant d’adjectifs qui m’évoquent No et Moi. Réalité non-avouable bien qu’en permanence sous notre regard,

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