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Compte-rendu d'Islam Pride

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Par   •  23 Septembre 2017  •  Dissertation  •  2 580 Mots (11 Pages)  •  480 Vues

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ENTRE LE CŒUR ET L’ESPRIT

Compte-rendu d’Islam Pride

Par

Arij Doudech

#7222436

Travail soumis au

Professeur Pierre Boyer

dans le cadre du cours

Les visages de la francophonie dans le monde (EFR2500 A)

Université d’Ottawa

Faculté des sciences sociales

Le 10 novembre 2016

        Le port du voile s’est rependu au cours des dernières années et fait ainsi l’objet de plusieurs enjeux sociopolitiques. Cet enjeu a suscité des réactions et des prises de positions variées à travers le monde. L’auteur, Hélé Béji, aborde le phénomène du voile intégral en y livrant une critique incisive. Dans son livre, Islam Pride, l’écrivaine tunisienne, présente une réflexion approfondie au sujet des diverses significations concernant le voile islamique ainsi que sa conception dans un contexte de laïcité.

        Cette réflexion trouve son origine à travers un vécu personnel. Hélé Béji, ayant  grandi dans un climat de féminisme bourguibien au sein d’une famille musulmane libérale, fut choqué à l’occasion d’un enterrement de retrouver l’une de ses cousines affublée d’un voile. Cet évènement embrouille ses idées et suscite en elle plusieurs interrogations : pourquoi des femmes émancipées par Bourguiba (un révolutionnaire de l’égalité des sexes) se voilent de leur propre gré?

        Les féministes ont souvent tendances à caractériser le voile comme une manigance de l’entourage, un abus d’autorité de la famille, une manipulation du mari et une dictature du père. L’auteur, qui elle même avait cette philosophie auparavant, affirme que ce discours ne tient plus la route. Au contraire, les femmes qui se voilent sont libres de leur choix. Ces femmes, qui jouissent dorénavant de l’égalité et de la liberté juridique, revendiquent le voile et le porte en affirmant leur émancipation.

        Toutefois, selon l’auteur, il faut désapprouver ce choix. D’une part, Hélé Béji emploie une critique rigoureuse à l’égard du voile. Selon elle, le voile est perçu comme un symptôme du mal-être du présent. Il est décrit comme une maladie sociologique, une pathologie qui fait peur aux gens. Ce châtiment contre leur beauté représente la femme comme un symbole de servitude puisqu’elle vie la modernité comme une oppression.

Par ailleurs, Hélé Béji  n’est pas contre la religion. Selon elle, l’Islam devrait se vivre à l’intérieur de l’âme et non être affiché par les apparences. Les suffragettes du voile le portent pour ne pas être défini comme un objet sexuel, cependant, en réalité il rappel fortement que la femme est un objet sexuel puisqu’ «il accroit le secret du désir sous les mystères de sa draperie» (Béji, 2011) Elle perçoit également le voile comme une réhabilitation du mariage, un signal fort contre les dégâts de l’amour libre. Le voile multiplie les chances de trouver un homme qui se présentera à la famille avec des intentions sérieuses. De ce fait, le voile n’est plus le signe de la pudeur et de la foi en soi.

Ces figures de l’islam ne représentent pas un symbole d’une transmission de la tradition, mais plutôt des déviances de la modernité. En effet, à plusieurs reprises à travers son ouvrage, elle rappel au lecteur de ne pas confondre le voile avec la tradition. Ces adeptes du voile pensent être traditionnelles en portant le voile, cependant il y a une coupure puisqu’elles inventent une tradition. Inventer une tradition signifie ne pas être fidèle à cette tradition. En réalité, les suffragettes du voile ne parviennent pas à trouver une correspondance vivante entre le passé et le présent. Le voile n’ayant aucune forme déterminé, est en train d’effacer le corps de la tradition. Étant donné cette ruine de la tradition, l’auteure juge crucial que les modernes luttent pour la tradition. Cette tradition est « […] un savoir qui ne peut être laissé aux préjugés et à l’ignorance.» (Béji, 2011) La pensée moderne a toujours été en correspondance avec cette tradition. Or, les conflits présents, notamment la crise du voile et la guerre intestine des femmes, sont le résultat d’un échec de l’humanité à faire parler le passé avec le présent. De ce fait, «ce n’est pas le passé qui produit des figures barbares, c’est la modernité qui ne sait plus traduire la tradition autrement que dans un langage barbare.» (Béji, 2011) Ainsi, ce voile religieux est l’une des conséquences manifestes de la destruction du lien humain. Malgré qu’il prétende défendre le peuple musulman, au fond il l’isole.  

        D’autre part,  malgré ces critiques rigoureuses sur le voile, l’auteur refuse de porter une condamnation et de militer pour son interdiction. Certes elle est contre le voile, mais il y a un principe en vertu duquel elle l’accepte : la laïcité. Le principe fondateur de la laïcité est de séparer la sphère privée de la sphère publique pour mettre notre liberté de conscience à l’abri de la puissance publique. Ainsi, pour être fidèle à ce principe on ne peut pas interdire le voile. Revenons au cas de sa cousine, elle n’a pas réussi à lui ôter le voile, non parce qu’il est le signe d’une tradition sacrée, mais parce que personne ne peut empêcher autrui de trouver sa plénitude dans ce qu’il croit être son idéal et son aspiration. Nous ne pouvons pas dégrader autrui, même si celui-ci semble se complaire dans une image dégradée de lui-même. Toutefois, « le discours de la laïcité a perdu la partie face au voile, parce que le voile n’est pas une atteinte à la laïcité. Il ne se développe que grâce aux libertés de conscience instaurées par la laïcité. » (Béji, 2011) Chaque femme peut vivre son sentiment d’indignité de manière opposée. Certaines perdront leur dignité en se couvrant d’un voile, alors pour d’autres sortir tête nue est indigne.

Tant et aussi longtemps que le voile constitue un acte individuel qui découle d’un cheminement intérieur de l’ordre de la vie culturelle, il ne pose aucun problème. Cependant, malgré son respect face à ce principe laïque, le voile devient davantage un problème lorsqu’il se multiplie, car il déshumanise la condition féminine aujourd’hui, trouble la collectivité et devient un enjeu politique. En effet, il est l’expression de la coupure au sein du féminisme. Ce voile témoigne d’un clivage ; il y a des femmes voilées et des femmes non voilées. L’auteur déplore cette situation étant donné que cette division au sein des femmes n’a jamais existé auparavant.

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