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Commentaire sur la pièce de théâtre L'Avare De Molière

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Par   •  26 Janvier 2014  •  2 378 Mots (10 Pages)  •  1 837 Vues

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Châtier les mœurs par le rire, en latin « castigat ridendo mores » (Horace, Art Poétique) est une des visées non négligeables du comique ; objectif exploité dès l'Antiquité que l'on retrouve par exemple dans les satires de Juvénal et notamment dans les pièces de Plaute comme L'Aulularia, comédie de caractère qui dénonce l'avarice, vice commun aux Hommes de toutes les époques, à travers le personnage d'Euclion. En 1668, après plusieurs années de scandale lié à Tartuffe, Molière reprend le thème de la cupidité dans son très célèbre Avare qui met en scène Harpagon, personnage type du vieux barbon pingre et égoïste, qui souhaite marier ses enfants, Élise et Cléante dont les cœurs sont déjà pris : la première aime Valère avec qui elle s'est secrètement fiancée, tandis que le second est épris de Marianne. Par ailleurs Harpagon s'est amouraché de cette dernière et désire l'épouser. Le barbon compte bien, dans toutes ces affaires, ne dépenser aucun denier et s'il en a l'occasion gagner un peu d'argent. Cependant Élise et Cléante ne l'entendent pas de cette façon et décident de s'allier contre leur père. Avec l'aide de La Flèche, le valet rusé du fils, ils attaquent Harpagon sur son point sensible : son argent. L'extrait étudié ici, célèbre monologue dans lequel le personnage découvre que sa cassette lui a été dérobée, constituant le paroxysme de l’œuvre, est une des scènes les plus comiques du théâtre de Molière, où le dramaturge allie judicieusement tradition classique et originalité. Ainsi les formes de comique permettent à l'auteur de prendre exemple sur l'héritage de l'Antiquité et de respecter en partie les exigences du Classicisme, alors que l'état psychologique du personnage le place juste à la limite entre tradition et innovation et qu'il fait preuve d'originalité et détourne les conventions théâtrales pour parodier la tragédie et briser le quatrième mur.

Dans un premier temps, Molière respecte la tradition en utilisant toute la palette possible des formes de comique à l'instar de Plaute. Tout d'abord, le dramaturge use du comique de mots pour ridiculiser Harpagon dont le désarroi semble exagéré par rapport à la situation. Pour ce faire, Molière se sert de répétitions (« Au voleur ! Au voleur ! » ligne 2) permettant d'insister sur l'agitation et de nombreuses hyperboles  (« tout est fini pour moi » ligne 13) qui ont pour but de montrer la disproportion et la théâtralisation dont fait preuve Harpagon. Cette dramatisation est mise en valeur par le champs lexical de la mort et de la violence que le personnage subit alors qu'il est séparé de sa cassette, n'hésitant pas à s'exclamer que l' « on lui a coupé la gorge » (ligne 4). Ce vocabulaire expressif est appuyé par de multiples gradations accompagnant une sorte d'agonie de la raison du personnage (« je me meurs, je suis mort, je suis enterré » lignes 15 et 16). Ici, « enterré » peut faire aussi référence à son argent qui a été justement déterré du jardin par le voleur. Tous ces procédés illustrent l'angoisse du personnage, aussi exprimée par les questions rhétoriques que le personnage se pose  (« Où est-il ? » ligne 5), amplifiant l’événement qui pourrait être considéré par une autre personne, comme dérisoire. Par ailleurs, le dramaturge dépeint Harpagon comme un homme cruel proférant des insultes comme « coquin » (ligne 8), qualifiant son fils de « traître » (ligne 22). La cruauté et la méfiance du personnage sont aussi exprimée dans sa volonté de tout d'abord « donner la question à toute la maison » (ligne 23) et ensuite de « faire pendre tout le monde » (lignes 35 et 36). Si pour les gens qu'il côtoie, Harpagon n'est pas bienveillant, il n'en est pas de même lorsqu'il parle de sa cassette à laquelle il s'adresse , ayant recourt à des adjectifs hypocoristiques : « mon pauvre argent » (ligne 11), « mon cher argent » (ligne 11). Cela permet donc à Molière de rendre l'avarice incohérente et ridicule, puisque Harpagon devient un personnage misanthrope uniquement capable d'amour pour ses pièces d'or. Ainsi la question de la sincérité de ses sentiments pour Mariane peut se poser ici. Harpagon peut-il aimer quelqu'un en dehors de son argent ? Molière semble vouloir nous montrer le contraire en ôtant au personnage d'Harpagon toute dignité comme l'illustre le fait qu'il « vienne sans chapeau » (lignes 1 et 2). Ici, le comique de geste est exploitée lorsque l'avare arrive « dès le jardin » (ligne 1), ceci indique au metteur en scène que son apparition doit être brusque, rapide, sûrement ridicule. La didascalie « se prend lui même le bras » permet de clarifier qu'Harpagon a des hallucinations et accompagne les propos délirants. Les indications de mises en scène ne sont cependant pas nombreuses et Molière laisse donc des libertés.

Toutefois le comique de mots et le comique de geste sont en réalité au service du comique de situation et en particulier du comique de caractère. Les circonstances sont en effet d'elle-mêmes amusantes pour le public. Le vol de l'argent d'un avare est assurément une situation singulière propre à déclencher le rire. Cependant c'est le comique de caractère qui est à l'origine de la situation et c'est lui qui permet avant tout la jubilation des spectateurs. Harpagon, en raison de son avarice exagérée, vit le vol de sa cassette comme un véritable assassinat qualifiant le voleur de « meurtrier » (ligne 2) d'où l'utilisation du champ lexical de la mort « je suis enterré » (ligne 16) pour illustrer le ressenti qu'a Harpagon de ce vol qui lui enlève son « support », sa « consolation », sa « joie » (ligne 13). Il en vient même à dénoncer lui même son avarice en avouant que sans son argent il lui est « impossible de vivre » (ligne 15). L'argent est par ailleurs personnifié à l'aide d'adjectifs hypocoristiques : « mon cher ami » rendant la cassette digne d'affection et d'amitié, tout comme à la scène 4 de l'acte V où celle-là prend la place d'une maîtresse. A l'opposée de l'attachement qu'il éprouve pour ses pièces d'or, l'avarice rend Harpagon méfiant et amer, qui en vient à soupçonner « tout le monde » (ligne 36). Molière use d'ailleurs de formules globalisantes : « toute la maison » (ligne 23). Ceci rend le personnage totalement antipathique aux yeux des spectateurs. En réalité, le vol de la cassette rend Harpagon fou expliquant

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