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Commentaire sur Phèdre et son fantasme.

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Par   •  28 Novembre 2016  •  Commentaire de texte  •  623 Mots (3 Pages)  •  562 Vues

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Un fantasme est une image qui est associée au désir le plus profond d’un être humain. C’est donc l’image, l’illustration d’Hippolyte qui s’impose dans le discours de Phèdre, à tout moment et à tout propos.

En effet, dès le début de son discours (v.634), alors qu’elle évoque Thésée (v.634-637), le connecteur « mais » au vers 638, introduit une rupture avec ce qui a été dit. Une rupture mise en évidence par l’énumération d’adjectifs mélioratifs, qui par ambigüité, qualifient davantage Hippolyte que son père, « fidèle, mais fier, …farouche, charmant, jeune ». Ainsi le public est alerté et comprend la substitution d’Hippolyte à Thésée. De plus, au v.640, l’expression « je vous voi » reprend « je le vois » exprimé au v.629, et souligne le changement d’objet amoureux : le « le » désignant Thésée devient « vous » désignant Hippolyte. Petit à petit Phèdre oublie la raison politique qui l’amène à parler à son beau-fils ; la passion prend le dessus et s’exprime. Petit à petit Phèdre se laisse faire et baisse sa garde, « je le vois, je lui parle ; et mon cœur… je m’égare » (v.629). Les trois points de suspension montrent bien la lutte qui bouillonne en elle. Une lutte très vite perdue : le pronom personnel « vous », (« je vous voi »), met en scène la réalité de cet amour qui renforce la présence de l’être désiré. Enfin, nous remarquons que l’aveu se fait en deux temps : l’amour est évoqué sans complément, « j’aime » (v.673), comme dans un cri arraché, puis avec le complément d’objet, « je t’aime » (v. 673), parole si difficile à dire et rejetée en fin de vers. Phèdre oublie la réalité et se laisse entrainée par la fascination qu’elle a pour le prince (« votre port, vos yeux, votre langage » (v.639)).

Le fantasme est également le lieu mental d’une recomposition du passé. Hippolyte remplaçant Thésée, il doit appartenir à la légende héroïque du meurtre du minotaure. Dans le discours de Phèdre, (v.643-659), il y a une nostalgie d’un passé. Phèdre déplore l’absence d’Hippolyte dans ce passé mythique. Une nostalgie, un regret souligné par les interrogations rhétoriques, (« que faisiez-vous alors ? », « Pourquoi, sans Hippolyte, des héros de la Grèce assembla-t-il l’élite ? » (v.645-646)). C’est pourquoi elle y remédie et lui donne sa place de héros par une affirmation qui le met en valeur : « par vous aurait péri le monstre de la Crète » (v.649). De même, pour que le fantasme soit accompli, elle remplace Ariane, « mais non, dans ce dessein, je l’aurais devancée » (v.653). Ainsi, tous les acteurs prennent place dans le mythe « réécrit » par Phèdre. Dans cette recomposition, elle en vient même à avouer son amour au v654, en utilisant pour la première fois le terme « amour ». De plus, au v. 655, la phrase emphatique, « c’est moi, prince, c’est moi », met au grand jour cet amour. L’anaphore « c’est moi », encadre « prince » : Hippolyte s’y trouve donc enlacé par Phèdre. Cet amour peut s’exprimer, s’avouer puisque la rencontre des deux « amants » se fait dans le labyrinthe qui fantasmatiquement devient le lieu clos de cet amour. Le lieu secret où peut se vivre cette passion : cet amour inconcevable et dangereux. Ainsi grâce à ce fantasme, qu’elle construit, Phèdre peut enfin

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