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Commentaire sur Micromégas - Voltaire

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Par   •  26 Juin 2016  •  Commentaire de texte  •  1 460 Mots (6 Pages)  •  4 406 Vues

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COMMENTAIRE LITTERAIRE

Incipit de Micromégas de Voltaire

Le siècle des Lumières représente le mouvement des philosophes et des intellectuels du XVIIIe siècle qui combattent l'obscurantisme afin de libérer le savoir et faire émerger les nouvelles connaissances.  Voltaire qui s’inscrit dans ce mouvement dénonce les abus des pouvoirs religieux et politiques, la censure et l’intolérance. Avec Micromégas, il choisit de nous livrer un conte philosophique pour mieux transmettre ses idées. Avec l’étude de l’incipit, nous verrons comment Voltaire utilise la forme du conte tout en gardant du réalisme et comment il introduit un personnage étonnant pour dresser sa critique.

L’incipit dans Micromégas présente des éléments du conte. Avec le titre qui traite d’un voyage extraterrestre effectué par un « habitant du monde » de « l’étoile de Sirius », le lecteur est immédiatement plongé dans l’univers du merveilleux et du fantastique, caractéristique du conte. L’histoire débute avec l’expression « Dans une de ces planètes […] il y avait un jeune homme » (l.1-2) qui résonne comme « il était une fois », la formule propre au conte. On retrouve la présence des temps du passé et des temps de la narration comme dans les contes. Micromégas est présenté comme un personnage indéterminé : « un jeune homme » (l.2) qui fait penser aux géants des contes par sa taille démesurée de «huit lieux de haut» (l.5). Pour plus de fantastique, les échelles de temps dépassent celles des hommes, ainsi pour l’âge de Micromégas, Voltaire donne les indications suivantes : « Il n’avait pas deux cent cinquante ans » (l.26) et « vers les quatre cent cinquante ans, au sortir de l’enfance » (l.33). Enfin, on peut rapprocher le personnage du muphti à l’exotisme, comme on peut trouver dans le conte des Mille et Une Nuits.

Cependant, si quelques caractéristiques du conte sont présentes dans le récit de Voltaire, on se rend compte assez vite que certains éléments n’appartiennent pas au conte traditionnel : de nombreuses mentions montrent la volonté de réalisme de l’auteur qui se réfère à la société du XVIIIème siècle. Ainsi, la présence du présent de l’indicatif à valeur de vérité générale : «qui tournent» (l.1), «qui convient» (l.4) présente une volonté de réalisme de l’auteur qui est renforcée par la précision démesurée des chiffres : « huit lieues, vingt-quatre milles pas géométriques de cinq pieds chacun » (l.5-6). La présence d’un narrateur omniscient, qui intervient aussi dans l’action notamment avec l’emploi de modalisateurs comme « dis-je » (l.13) ou encore « il faut » (l. 13) ajoute au réalisme. L’auteur s’implique d’ailleurs dans l’histoire avec par exemple « j’ai eu l’honneur de connaître» (l.3). Le lieu de l’action est réel (étoile Sirius, planète Saturne) quoique lointain. L’histoire ne donne pas de dates précises, cependant les références historiques notamment avec Blaise Pascal (l.30), nous indiquent qu’elle se situe après le 17ème siècle. Voltaire fait le lien entre sa fiction et la réalité de la société du XVIIIème siècle à laquelle il appartient, en évoquant notamment « nos sculpteurs » et « nos peintres » (l.22) ou encore en citant une liste des pays de la Terre comme l’Allemagne, l’Italie, la Turquie ou la Chine (l.23). Il compare des mesures : celles du globe terrestre et de Saturne et celles des états entre eux. Il s’intéresse aux proportions et introduit l’idée de relativisme. Avec une volonté de réalisme dans son histoire, Voltaire établit ainsi clairement un ancrage dans son propre univers terrestre.

L’histoire est portée par le personnage central de Micromégas qui constitue un protagoniste étonnant. Son nom est un oxymore : il incarne l’opposition des deux éléments d’origine grecque «micro» (petit) et «mégas» (grand). On retrouve cette opposition à propos de la «petite» fourmilière avec l’expression «qui convient fort bien à tous les grands» à propos des qualités de Micromégas avec une double signification sur la taille et sur les qualités morales ou remarquables que présentent les « grands » de ce monde. La démesure caractérise le personnage par sa taille, par son âge (de plusieurs centaines d’années) et par ses qualités intellectuelles. Le superlatif «un des plus cultivés que nous ayons» est une hyperbole qui le satirise. Enfin, l’adverbe «beaucoup» répété trois fois renforce cette démesure. Il est certainement nettement plus intelligent que les dirigeants de la terre, ainsi que le suggère Voltaire lorsqu’il parle des souverains d’Allemagne ou d’Italie. La subordonnée relative « dont on peut faire le tour en une demi-heure » (l.17) se rapporte autant aux Etats qu’à ses souverains. Cette comparaison est renforcée par l’expression « Son Excellence » qui désigne Micromégas (l.21).

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