Commentaire sur Cannibales de Montaigne

Paragraphe argumenté

🡪En quoi ce texte constitue une critique de la société européenne et un éloge des peuples du nouveau monde ?

        Ce texte est d’abord un éloge à la simplicité et la pureté des barbares et de la nature. En effet, on retrouve facilement un registre épidictique (mélioratif) de la nature: « vives et vigoureuses » (l.132), « grande et puissante » (l.139), « merveilleuse » (l.142). Cette nation apparaît donc supérieure puisqu’elle a su rester simple et sans artifices (les « cannibales » n’ont pas de vêtements par exemple) : elle est proche de la « beauté et richesse »«  de la « mère nature » (l. 140 et 139). Ici, le sauvage ou barbare ou cannibale est donc proche de son état primitif, de sa « naïveté originelle » (l. 155), sans avoir reçu « façon de l’esprit humain » (l.154). C’est-à-dire, sans être corrompu par les européens. Cette proximité à la nature les rend supérieurs puisque, selon Montaigne (qui s’exprime avec l’utilisation du je), les humains sont incapables de reproduire la nature, et sont seulement capables de façonner des « vaines et frivoles entreprises » (l.143). La nature , qui est ici personnifiée, est « pure » ; son essai d’imitation est donc dégradante.

        Par contrepartie, en idéalisant le mode de vie des cannibales, Montaigne critique la société européenne et son évolution. Il oppose l’état originel à l’artificiel, la nature à la civilisation occidentale. En faisant ce progrès, l’homme s’est imposé à lui-même des vices et un « gout corrompu » (l.135). Puisque tout ce qui est manipulé par l’homme est « détourné de l’ordre commun » (l.130,131), ça n’a plus la perfection du naturel. L’auteur remet donc en question la culture européenne et prône un retour aux « vertus et « propriétés » (l.133) de la nature. La sophistication et le progrès ne font qu’éloigner les humains de l’état de la nature, et donc selon Montaigne ils ne pourront jamais atteindre un âge d’or où l’humain et la nature sont en interaction constante, puisque l’âge d’or correspond selon le mythe à une époque où l’Homme n’était pas civilisé.

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