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Commentaire livre III des "Confessions" de Jean Jacques Rousseau

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Par   •  15 Novembre 2021  •  Commentaire de texte  •  2 624 Mots (11 Pages)  •  466 Vues

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Le XVIIIème est appelé Le siècle des Lumières. « Les lumières », arborées par cette appellation devenue classique pour parler du XVIIIème siècle, sont les lumières de la raison. Les hommes de lettres de ce siècle ont employé leur verve littéraire afin de lutter contre l’obscurantisme et faire triompher les valeurs qui sont aujourd’hui celles de la République.

Jean-Jacques Rousseau occupe une place à part dans la production littéraire et philosophique du siècle des Lumières. Son œuvre philosophique est aujourd’hui considérée comme une des plus féconde du XVIIIème siècle, même si elle est contestée à l’époque par certains philosophes. Rousseau est également connu pour sa production littéraire qui annonce l’exaltation du « moi » et des sentiments qui feront le succès des romantiques au XIXème siècle. Les polémiques autour de Rousseau vont être vives à la fin de sa vie, et c’est une des raisons pour lesquelles l’auteur se lance dans le projet d’écriture des Confessions.

Dans Les Confessions, Rousseau entend « se peindre exactement d’après nature et dans toute sa vérité ». L’auteur veut se justifier sur certains éléments biographiques qui nourrissent la polémique autour de sa personne. Mais ce sera également l’occasion de fonder un nouveau genre littéraire : l’autobiographie. Cette œuvre est en effet, considérée comme la première autobiographie moderne, bien que cette entreprise s’inspire des Confessions de St Augustin et des Essais de Montaigne. Dans une autobiographie, l’auteur, le narrateur et le personnage principal sont une seule et même personne, et à l’inverse des mémoires, ce sont les éléments intimes qui sont racontés et non un rôle historique. Cet acte fondateur de l’autobiographie prépare l’avènement du « moi » dans la littérature romantique, mais il est également à relier à l’entreprise savante de Rousseau, puisque cet « ouvrage unique et utile peut servir de première pièce de comparaison à l’étude des hommes ».

Ce passage se situe au début du livre III, Le jeune Rousseau est arrivé à Turin où il devient le laquais de la maison de Solar. La petite fille du comte de Gouvon, Mademoiselle de Breil, fait forte impression sur Rousseau, et celui-ci cherche à attirer son attention malgré son statut de domestique. Il y parviendra en se mettant en scène lors d’un diner de cour. Cette scène questionne le rapport que Rousseau entretien avec les femmes, en proposant un pastiche théâtral du roman courtois. Mais c’est aussi pour Rousseau l’occasion de dresser, de façon littéraire, une critique de l’ordre social de l’ancien régime, tout en mettant en valeur sa propre personne. La première partie étudiera la façon dont Rousseau brosse le portrait d’une aristocrate depuis son statut de laquais. Le pastiche du roman courtois et la théâtralité présents dans cette scène seront étudiés dans une seconde partie. Enfin, la troisième partie se penchera sur la triple leçon présente dans ce passage.

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Ce passage s’ouvre avec un portait de Mademoiselle de Breil, et la forte impression que celle-ci exerce sur Rousseau se décèle par la présence nombreuse d’adjectifs mélioratifs : « bien faite », « belle » (ligne 1), « blanche » (ligne 2), « favorable » (ligne 3), « jolie », « éblouissant » (ligne 4). Certains de ces adjectifs mélioratifs sont même accompagnés par des adverbes d’intensités : « très blanche », « des cheveux très noirs » (ligne 2), « plus éblouissant » (ligne 4). Ces adjectifs mélioratifs décrivent le physique de Mademoiselle de Breil, et correspondent bien à l’image de l’aristocratie. Le mot aristo-cratie est construit autour de la racine grecque aristoi (άριστοι) qui marque le superlatif et se traduit par « le meilleur ». Une aristocrate doit donc être décrite par des adjectifs mélioratifs, renforcés de surcroit par des adverbes d’intensités. Les qualités physiques sont celles décrites avec le plus d’intensité, mais Rousseau vante également les qualités d’âmes de mademoiselle de Breil, ses « mots qui marquaient de l’esprit, du sens, de l’honnêteté » (ligne 10) sont apprécié de l’auteur. Pour achever le portait de cette aristocrate, l’auteur met en avant l’attitude dédaigneuse de cette femme de haut rang : « Cette personne si dédaigneuse » (ligne 30). C’est comme si la hauteur du rang social de Mademoiselle de Breil se mesurait par le dédain qu’elle porte pour son domestique. Ce dédain initial est le nœud du passage puisque c’est contre celui-ci que Rousseau entend lutter. Ce dédain pousse mademoiselle de Breil à ne pas regarder le jeune laquais : « Elle ne s’apercevais même pas que j’étais là » (ligne 15), et Rousseau de cherché désespérément à se faire remarquer : « Que n’aurais-je point fait pour qu’elle daignât m’ordonner quelque chose, me regarder, me dire un seul mot » (ligne 14)

Avant de réaliser son exploit, et de se mettre en valeur, l’auteur se décrit comme un laquais zélé, ravi de servir l’aristocrate dont il vient de brosser le portrait. Il accepte son statut de laquais, respectueux de l’ordre hiérarchique : « je me tenais à ma place » (ligne 9). Cette « place » lui confère certains droits qu’il ne semble pas vouloir excéder dans un premier temps : « n’allait point au-delà de mes droits » (ligne 11). Ce rôle de subalterne est même accepté par Rousseau avec plaisir : « plaisir de la servir » (ligne 11). Ce plaisir de servir peut tout de même être renvoyer au rapport particulier que Rousseau entretien avec les femmes, dès le livre I des Confessions, on peut lire : « Être aux genoux d’une maîtresse impérieuse, obéir à ses ordres, avoir des pardons à lui demander, étaient pour moi de très douces jouissances. » Son statut de laquais n’est donc pas accepté par Rousseau en tant que telle, mais cette acceptation est nourrie d’un fantasme masochiste qui parcours l’ensemble de l’œuvre. Ce fantasme est donc, dans cet extrait, la première manière pour Rousseau de s’extraire de de son statut de laquais, où plutôt d’accepté ce statut, non pour des raisons hiérarchiques, mais pour l’exaltation de ses sentiments personnels.

Les sentiments, et l’impression que lui causent mademoiselle de Breil, sont en effet déjà l’occasion pour Rousseau de brouiller un ordre hiérarchique qui semblait pourtant si bien établi. On peut lire dans la suite du portait élogieux que dresse Rousseau de l’aristocrate : « On dira que ce n’est pas à un domestique de s’apercevoir de ces choses-là » (ligne 5). La finesse d’esprit et du regard de Rousseau ne correspondent pas à ce qu’on attend d’un domestique. Il est d’ailleurs intéressant de commenter

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