Commentaire de Médée de Corneille

   La passion et la vengeance sont des thèmes souvent abordés dans les tragédies classiques du XVII eme siècle. On retrouve ces thèmes dans Médée de Corneille, un célèbre dramaturge français.  Cette tragédie raconte l'histoire d'une magicienne Médée qui est répudiée par Jason, son mari et condamnée à l'exil par Créon, le roi de Corinthe. Ce dernier, père de Créuse désire que sa fille épouse Jason. Folle de rage, Médée accomplit sa vengeance en brûlant Créuse à l'aide d'une robe empoisonnée et en tuant ses enfants qu'elle a eu avec Jason. L'extrait que nous allons étudier est un monologue de Jason et se situe à la dernière scène de la pièce juste avant son suicide. En quoi ce monologue de Jason montre-t-il son passage par plusieurs émotions ? Dans une première partie, nous verrons comment Jason exprime sa révolte. Puis dans un second temps, nous nous pencherons sur son désespoir.

  Intéressons nous tout d'abord sur les éléments qui nous montrent la révolte de Jason.

  Premièrement, on note que ce personnage est très en colère après Médée à cause des meurtres qu'elle a commis. En effet, cette dernière a accomplit des crimes terribles comme le souligne le champ lexical de la guerre avec les mots «châtiments» (v.1588), «assassinats» (v.1588), «guerre» (v.1590), «char» (v.1590), «sanglants» (v.1591), «forfaits» (v.1592). La fureur de Jason est également exprimée au vers 1585 avec l'antithèse «amour, haine» qui décrit le sentiment qu'il éprouvait pour Médée avant et celui qu'il éprouve après que cette femme ait tué ses enfants. L' antithèse «sorcière (…) princesse» au vers 1602 illustre son dégoût pour Médée et son amour pour Créuse. Au vers 1587, il compare Médée à un monstre avec le terme très péjoratif «l'inhumaine». De plus au vers 1589, nous remarquons une hyperbole avec le mot «furie» ce qui permet d'insister sur la colère extrême de Jason.

  Ensuite, nous pouvons constater que Jason a un fort désir de vengeance. Tout d'abord l'expression «Ainsi le veut Créuse, ainsi le veut ma haine» (v.1614) qui comporte un parallélisme de construction met en valeur le fait que Jason a les mêmes désirs que Créuse. Il l'exprime aussi  au vers 1585 avec l'énumération «Créuse, enfants, Médée, amour, haine, vengeance». En effet, dans cette phrase qui comporte un parallélisme de construction, il relie Médée au mot «vengeance». Jason prévient qu'il va tuer Médée par vengeance avec l'expression «Tigresse,tu mourras» (v.1611). Il prévoit également de la faire souffrir comme elle l'a fait pour Créuse avec l'antithèse «mes yeux se repaîtrons des horreurs de ta peine» (v.1613).        

  Dans son monologue, Jason nous exprime sa rage et son désir de vengeance inassouvi.  

  Étudions maintenant comment Jason exprime son désespoir, 2eme sentiment dominant du monologue.

  En premier lieu, c'est un homme qui souffre suite à la perte de ceux qu'il aime. On le remarque tout d'abord aux vers 1586 à1588 avec des phrases interrogatives «Où dois-je désormais, chercher quelque allégeance?» et «Où suivre l'inhumaine, et dessous quels climats porter les châtiments de tant d'assassinats?» qui mettent en valeur sa douleur. Cette souffrance est accentuée par les sentiments amoureux que Jason éprouvait  pour Créuse. La métaphore hyperbolique «mes feux» (v.1627) confirme sa passion amoureuse pour la princesse de Corinthe. Le terme «ma reine»(v.1623) avec le pronom possessif «ma» exprime une appartenance et un sentiment amoureux. La souffrance de Jason est renforcée avec l'antithèse «impuissantes chaleurs» (v.1615). En effet, celui-ci aimerait venger ses enfants et Créuse mais il sait que Médée est trop puissante pour lui, ce qui accentue sa tristesse.

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